Deux pasteurs d’une église dite de réveil ont été condamnés à la prison à vie par la Cour d’appel judiciaire d’Oyem, le 18 janvier dernier, pour avoir assassiné une jeune fidèle, au mois de décembre 2015 dans le chef-lieu de la province du Woleu-Ntem.
La victime, Maroundou Maganga Hoirs Laureska, jeune gabonaise âgée de 19 ans et élève en classe de Terminale dans un établissement secondaire de la place, était une choriste très appréciée de cette église de réveil en construction, sise précisément derrière l’ancien hôpital d’Oyem, dans le 1er Arrondissement. Ce qu’on ne savait pas, c’est que les 3 pasteurs de la sinistre église, notamment le Nigérian Chukwu Emeka Arugu Georges et les Camerounais Mundie Basile et Sah Jude, avaient déjà planifié, un soir du mois de décembre 2015 pendant les répétitions, un plan machiavélique assorti d’un guet-apens pour assassiner la jeune fille.
Ayant constaté l’absence prolongée de cette dernière ce soir-là, ses parents entreprennent des recherches, en vain. Et comme pour détourner l’attention de ces derniers, les 3 pasteurs se sont arrangés pour leur faire croire que leur fille serait dans les mains d’un groupe d’amis et qu’à son retour, il faut tout simplement lui servir à manger.
Quelques jours plus tard, le corps sans vie de la jeune fille sera retrouvé ligoté dans la broussaille non loin de la construction de cette église. Et à proximité, Chukwu Emeka Arugu Georges se serait retiré pour une soi-disant retraite spirituelle.
Interrogé par les éléments de la Police judiciaire (PJ), l’un d’eux reconnaitra les faits qui les conduiront sous mandat de dépôt. Mais à la barre, les trois présumés meurtriers vont nier en bloc. C’est avec la perspicacité du Procureur général, Eddy Minang, et du 1er président près ladite cour, Alain Roch Ndanga, que les questions qui leur ont été posées donneront lieu à des révélations insoutenables. C’est ainsi que l’on apprendra, entre autres, qu’il y avait eu un premier meurtre : celui d’un jeune gardien camerounais, survenu dans les mêmes circonstances et sur les mêmes lieux.
Au terme du réquisitoire du ministère public et des délibérations des jurés et des assesseurs ayant siégé, les trois accusés ont été reconnus coupables des faits qui leur étaient reprochés.
Sur la culpabilité, attendu qu’il résulte de l’information et des débats, des preuves suffisantes contre les nommés Chukwu Emeka Arugu Georges, Mundie Basile et Sah Jude, d’avoir commis, au quartier Eyenassi, situé dans le 1er arrondissement d’Oyem, un meurtre avec préméditation et guet-apens sur la personne de Maroundou Maganga Hoirs Laureska. Il y a également des preuves suffisantes contre Mundie Basile, pour complicité d’assassinat par aide et assistance. En outre, pour Mundie Basile et Sah Jude, dans les mêmes circonstances de temps et de lieu, il leur a été reproché de vivre sur le territoire gabonais sans justifier de titres de séjour requis à cet effet.
Que ces faits prévus et punis par les articles 48, 49 alinéa 3 et 224 du Code pénal ; et l’article 57 nouveau de la Loi 16/88 du 30 décembre 1988 fixant le régime d’entrée et de séjour des étrangers en République gabonaise, emportent application des peines criminelles et correctionnelles.
Attendu qu’il n’existe pas en la cause des circonstances atténuantes en faveur des accusés Chukwu Emeka Arugu Georges et Sah Jude, qu’il en existe en revanche en faveur de Mundie Basile.
Sur les intérêts civils, attendu que Me Mburu Yi Djako, conseil de la partie civile, réclame la somme de 5 f symbolique à titre de dommages-intérêts, qu’il convient de recevoir et d’y faire droit.
Par ces motifs, la Cour d’appel judiciaire a déclaré Chukwu Emeka Arugu Georges et Sah Jude, coupables du crime d’assassinat, en ne leur reconnaissant aucune circonstance atténuante ; et Mundie Basile déclaré coupable de complicité d’assassinat, tout en bénéficiant en revanche des circonstances atténuantes. Par ailleurs, Sah Jude et Mundie Basile ont été reconnus coupables de défaut de carte de séjour.
En répression, Chukwu Emeka Arugu Georges et Sah Jude ont été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité ; et l’accusé Mundie Basile a écopé de 20 ans de réclusion criminelle.
Cette affaire macabre remet le sempiternel problème des églises dites de réveil au Gabon, et qui est l’apanage des ressortissants étrangers, dont les pratiques – aux antipodes de la vraie foi chrétienne - sont à l’origine des dérives aussi nombreuses que persistantes enregistrées çà et là dans le pays. Les pouvoirs publics sont plus qu’interpellés en vue de se pencher urgemment et de manière déterminante sur la question.