Absent de longues semaines du pays pour cause de maladie et en convalescence au Maroc, le président gabonais Ali Bongo Ondimba est rentré, il y a quelques matins, assister personnellement comme l’exige la règle à la cérémonie de prestation de serment des membres du nouveau gouvernement dirigé par Julien Nkoghe Békalé. S’il a été présenté à la télévision nationale, les Gabonais à qui il a été annoncé que la presse nationale et internationale, contrairement aux habitudes, a été interdite d’accès à la salle où se tenait l’évènement tant attendu, ne se satisfont pas de n’avoir pas vu le premier d’entre eux de plus près. Ce qui suscite chez certains une certaine insatisfaction.
Dans son traditionnel message à la nation à la veille du nouvel an, Ali Bongo Ondimba qui intervenait de manière laconique depuis le royaume chérifien, ne cachait pas à ses compatriotes pour certainement préparer leur esprit qu’il était convalescent, mais bel et bien en vie, ce qui n’aurait pas été une surprise pour eux de le voir arriver au pays, y compris sur chaise roulante. D’autres avant lui ont déjà bien été obligés de diriger les affaires publiques diminués, tel fut le cas aux États-Unis de Franklin Delannoy Roosevelt et plus proche de nous, en Algérie d’Abdelaziz Bouteflika.
Si les Américains et Algériens s’en sont pourtant accommodés, d’autres peuples dont le Gabonais n’auraient-ils pas adopté la même attitude quand ils savent leur président convalescent et surtout lorsqu’ils veulent être convaincus de la véracité des propos tenus par les tenants du pouvoir et mettre une fois pour toute fin aux supputations et autres allégations persistant au sujet de l’incapacité d’Ali Bongo Ondimba de continuer à remplir entièrement ses devoirs régaliens.
C’est que, comme appris de l’École californienne de Palo-Alto, « tout étant communication », il ne fallait pas tenir éloigné le chef de son peuple, mais plutôt le rapprocher de lui quelque soit son état afin de faire oublier pour de bon, l’argument tenu sur Radio Gabon le jour de la tentative de putsch du lundi 7 janvier 2019, par le lieutenant Kelly Ondo Obiang selon lequel des politiques instrumentalisaient et chosifiaient le chef de l’État. Ceci aurait été une occasion pour la classe dirigeante de communiquer en mode analogique voulons- nous avancer. Ce qui aurait eu le mérite de taire les informations distillés par les réseaux sociaux et autres médias en quête de sensationnel et de rassurer davantage des populations qui se sentent sevrées de leur chef auquel elles souhaitent prompte guérison pour non seulement revenir tenir les manettes, forçant l’application de son projet de société « l’Avenir en confiance », mais aussi leur apporter le soutien qu’elles sont en droit d’attendre de lui alors que certaines d’entre elles sont traversées par le doute.
C’est ici le lieu de rappeler que la communication politique à laquelle nous faisons allusion implique au cas où certains feignaient de l’ignorer les trois acteurs que sont le politique, les médias et le(s) public(s) et qu’elle ne concerne pas que la seule classe politique. Faire fi de l’un d’entre eux est synonyme de fausser la donne. Or, cela semble avoir été le cas dernièrement lors de la prestation de serment au président de la République des membres du nouveau gouvernement, prestation de serment qui devait être mise, à notre humble avis, à profit par ces derniers pour réparer la cacophonie qui s’était installée lorsqu’il s’était agi d’épiloguer sur le malaise d’Ali Bongo Ondimba et son état de santé.