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Putsch manqué : L’expression d’un déficit de confiance
Publié le samedi 12 janvier 2019  |  Gabon Review
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© AFP par Steve JORDAN
Coup d`Etat avorté au Gabon: retour sur le fil des évènements de la journée
Des gendarmes gabonais patrouillent dans le quartier aux abords de la Radio Télévision Gabonaise, dont des militaires se sont emparés, le 7 janvier 2018.
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Malgré les incantations du gouvernement, en dépit des tentatives de mystification menées par la Cour constitutionnelle, le lieutenant Kelly B. Ondo Obiang a dit ne plus croire au fonctionnement régulier des institutions. Ses doutes découlent du contexte politico-institutionnel actuel.

Notre pays se donne en spectacle. À la face du monde, il se présente comme une curiosité. Après une élection présidentielle d’anthologie (lire «Les doutes de la MOE-UE sur le résultat»), des événements tout aussi excentriques se sont multipliés : modifications unilatérales de la Constitution, renvoi du gouvernement puis dissolution de l’Assemblée nationale par une autorité non habilitée, érection du Sénat en parlement monocaméral (lire «Vide institutionnel») et, last but not least, gestion hasardeuse de la situation née des ennuis de santé du président de la République (Lire «Des institutions hors-jeu»). Implicitement, les auteurs de la tentative de putsch du 7 janvier courant l’ont dit : leur initiative traduit à la fois une certaine désespérance et un refus de s’accommoder du flottement institutionnel. En exprimant leurs «doutes» sur les réelles capacités physiques, mentales et intellectuelles d’Ali Bongo, en mettant à l’index les manigances politiciennes d’arrière-cour, en évoquant les émeutes de septembre 2016, ils ont porté un discours politique.

Un jeu politico-institutionnel cadenassé par des liaisons incestueuses

Malgré les incantations du gouvernement, en dépit des tentatives de mystification menées par la Cour constitutionnelle, le lieutenant Kelly B. Ondo Obiang a dit ne plus croire au fonctionnement régulier des institutions. D’essence politique, son message se fonde sur une conception classique de la république. En république, les détenteurs de l’autorité publique agissent dans la transparence et la responsabilité. Censés défendre la chose publique, ils exercent leur autorité par la loi. Réputés attachés au bien commun, ils respectent la liberté d’autrui. Présumés favorables à l’intérêt général, ils agissent avec équité. Pour ne pas susciter la défiance populaire, ils se gardent d’œuvrer à la protection d’intérêts privés ou partisans. Or, les putschistes ont justement prétendu avoir agi dans le but de parvenir à la «restauration». (Lire «Déclaration militaire sur Radio Gabon»).

Passée la condamnation du mode opératoire, leur propos mérite une analyse circonstanciée. A en croire leurs dires, leur objectif était clair : mettre un terme au «blocage du fonctionnement régulier des pouvoirs publics» et, «sauver la démocratie en péril «. Maintes fois exprimées (lire «Barro-Chambrier souhaite la libération du pays»), ces préoccupations découlent du contexte politico-institutionnel (lire «Ike Ngouoni et Noureddine Bongo veulent-ils damer le pion à Frédéric Bongo ?»). Ayant choisi de sortir de leur réserve, le lieutenant Kelly B. Ondo Obiang et ses acolytes s’en sont saisis. Surfant sur leur statut, ils ont cru devoir aller au-delà de la simple protestation verbale. Ont-ils été confortés dans leur analyse par la surdité des institutions aux exigences des forces sociales opposées au Parti démocratique gabonais (PDG) ? En tout cas, ils ont dit vouloir faire échec aux «manœuvres en cours». Naïvement, ils ont estimé devoir déverrouiller un jeu politico-institutionnel cadenassé par des liaisons incestueuses. Quelque part, leur acte est l’expression d’un déficit de confiance dans les institutions.

Faire la lumière sur l’état de santé d’Ali Bongo

Depuis 2009 et davantage depuis le déclenchement des ennuis de santé d’Ali Bongo, nos institutions ont achevé de convaincre de leur incapacité à fonctionner avec efficacité, dans la transparence et la responsabilité. Malgré une diversité politique de façade, la logique patrimoniale l’emporte encore. Ni la libre confrontation dans le débat public ni la notion de bien commun n’ont été intégrées dans le logiciel des gouvernants. Bien au contraire. Entre les oukases répétées de la Haute autorité de l’audiovisuel (Hac) (lire «Dialogue de sourds»), les imprécisions du gouvernement (lire «Pas de vacance du pouvoir») et, les bricolages de la Cour constitutionnelle (lire «Mborantsuo aux commandes»), les institutions s’éloignent toujours un peu plus du reste de la communauté nationale. Plus grave, le rôle de la famille nucléaire d’Ali Bongo en rajoute à cette impression de «confiscation du pouvoir» par des personnes sans mandat politique ou responsabilités publiques (lire «Le gouvernement emboîte le pas à Sylvia Bongo»). Tout ceci rompt avec la conception classique de l’Etat et de la république.

Comme bien des Gabonais, les putschistes du 7 janvier ont dû observer la situation présente avec étonnement. Comme de nombreux compatriotes, ils ont certainement rêvé d’une clarification rapide. Seulement, les zigzags des institutions ont fini par leur faire craindre le pire. Du coup, ils ont décidé de «prendre (leurs) responsabilités», se lançant dans une équipée anticonstitutionnelle. Néanmoins, au-delà de leur sort personnel, ils ont mis les détenteurs de l’autorité publique face à un défi : faire la lumière sur l’état de santé d’Ali Bongo et ses répercussions sur le fonctionnement de l’Etat.
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