Disparu des écrans de télévisions depuis le 24 octobre dernier pour cause de maladie, Ali Bongo Ondimba qui poursuit sa convalescence à Rabat au Maroc suite à son opération pour accident vasculaire cérébral en Arabie Saoudite, est enfin apparu à la télévision nationale lundi 31 octobre dernier à l’occasion de sa traditionnelle allocution des vœux à la nation.
Jamais une adresse des vœux à la nation n’a été aussi attendue dans les ménages que celle d’Ali Bongo Ondimba le 31 décembre dernier. Il faut dire que l’enjeu était de taille. Surtout que le Chef de l’Etat gabonais était largement attendu pour ce discours par tous les Gabonais ou presque. Car pour l’opposition, si Ali Bongo n’était pas apparu sur l’écran de la télévision pour ce discours, cela aurait renforcé les rumeurs tenaces de sa mort supposée ou encore de son incapacité à diriger le Gabon pour les cinq prochaines années de son mandat. Ce qui aurait renforcé la position de ceux qui appellent la Cour constitutionnelle à la constatation de la vacance du pouvoir, avec la mise en place d’une transition, en attendant l’organisation d’une nouvelle élection présidentielle.
Du côté du pouvoir, anxieux, les gens du palais ont tout fait pour que le président de la république fasse, ne serait-ce qu’une brève apparition, afin de couper l’herbe sous les pieds d’une opposition qui semble, elle aussi divisée sur le mode de prise de pouvoir devant les ennuis de santé de son adversaire commun. Et même si aucune disposition constitutionnelle ne l’y oblige, le Chef de l’Etat gabonais a tenu malgré tout à se montrer, non pas nécessairement pour lire un message qui n’aura duré que 4 petites minutes, mais plus pour faire taire ses détracteurs qui propagent des rumeurs de mort à son sujet. Quatre petites minutes où Ali Bongo Ondimba apparaît encore marqué par la maladie.
La voix semble avoir perdu de son tonus et de son accent habituel, avec la prononciation des mots qui ne sont plus bien accentués, le regard dans le vide cherchant parfois l’objectif du téléprompteur, alors que le bras droit, comme dans les deux précédentes vidéos, reste comme inerte. Autant de détails peut-être anodins, pourrait-on penser du côté du palais du bord de mer, mais des détails qui montrent que le numéro 1 gabonais en est encore pour quelques mois de convalescence et de rééducation au Maroc, loin de son pays, alors que le fonctionnement de l’Etat à Libreville, malgré les apparences de sérénité affichées, semble bloqué depuis plus de deux mois.
Au fond, le discours à la nation du Président de la République était plus guidé par le souci de montrer la preuve évidente qu’il est bel bien en vie, et non pour un discours en tant que tel. Reste à savoir si cette apparition calmera les ardeurs contestataires de l’opposition, surtout de Jean Ping qui, sachant son rival diminué, est sorti de sa léthargie pour réclamer à nouveau un pouvoir qu’il avait déjà rangé dans le placard des oubliettes.