La part des projets d'investissements étrangers directs (IED) a atteint son plus haut niveau depuis une décennie, d'après l'étude sur la croissance d'EY consacrée à l'attractivité de l'Afrique en 2014. Ce rapport combine une analyse des investissements internationaux en Afrique depuis 2003 avec une enquête menée en 2014 auprès de plus de 500 chefs d'entreprise du monde entier, qui concerne leur vision du potentiel offert par le marché africain. Les dernières statistiques font état d'un déclin du nombre de projets d'investissements étrangers directs, qui passent de 774 en 2012 à 750 en 2013, en raison notamment des incertitudes actuelles concernant l'Afrique du Nord, mais ce chiffre reste nettement supérieur aux 390 projets par an recensés en moyenne avant la crise.
Des différences notables se font jour entre les tendances des IED en Afrique du Nord et celles de l'Afrique subsaharienne. Alors que les IED ont diminué de près de 30 % dans la partie septentrionale, les projets lancés en Afrique subsaharienne sont en progression de 4,7 %, inversant ainsi la tendance négative constatée en 2012. En franchissant pour la première fois le seuil des 80 %, la proportion de projets d'IED en Afrique subsaharienne creuse encore davantage l'écart entre ces deux sous-régions.
Si le Royaume-Uni demeure le principal investisseur sur le continent, les apports de capitaux intra-africains n'en poursuivent pas moins leur progression constante. Les investisseurs cherchent en outre à étendre leurs activités au-delà des marchés bien établis que sont l'Afrique du Sud, le Nigeria ou le Kenya, en visant également les secteurs orientés davantage vers les biens de consommation à mesure que la classe moyenne africaine se développe.
Ajen Sita, président-directeur général d'EY Afrique, a déclaré : « La part de l'Afrique dans les projets IED mondiaux n'a cessé de croître ces dix dernières années, ce qui est un signe annonciateur du fait que les investisseurs prennent désormais en compte l'ensemble du continent et de nouveaux secteurs. La poursuite de l'intégration régionale et du développement des infrastructures devrait continuer à attirer l'attention des investisseurs sur les excellentes opportunités d'investissement offertes par l'Afrique ».
Émergence de nouveaux pôles d'attractivité pour les projets d'IED
Des mouvements notables ont été constatés parmi les 10 premiers pays bénéficiaires de projets d'investissements étrangers directs en 2013. Seuls l'Afrique du Sud et le Nigeria ont conservé leurs positions de premier et troisième du classement par rapport à 2012, avec respectivement 142 et 58 projets. Le nombre d'IED est toutefois en léger recul dans ces deux pays. D'autres nations telles que le Kenya (68 projets), le Ghana (58 projets) ou le Mozambique (33 projets) sont toutes en progression dans le classement.
La Zambie et l'Ouganda ont fait leur entrée parmi les 10 premières positions en 2013 avec respectivement 25 et 21 projets, soit une augmentation de plus de 20 %. À l'inverse, certains pays du Maghreb tels que le Maroc, la Tunisie (classée 8ème en 2012), ainsi que l'Égypte, reculent dans le classement.
En 2013, les régions ouest et est de l'Afrique sont pour la première fois passées devant l'Afrique du Nord, devenant les deuxième et troisième sous-régions les plus attractives après la partie méridionale.
Le Royaume-Uni devient le leader des investissements sur le continent
Avec 104 projets en 2013, le Royaume-Uni a clairement détrôné les États-Unis, qui chutent de la première à la deuxième place avec 78 projets seulement, soit une baisse de 20 % par rapport à l'an passé. L'Afrique du Sud, troisième plus important investisseur, a réalisé 63 projets sur le reste du continent, soit une régression de 16 % par rapport à l'an dernier, mais un regain significatif par rapport à la période pré-crise, durant laquelle ce pays n'avait enregistré que 12 projets en moyenne. On note une reprise vigoureuse des projets d'investissements étrangers directs par les entreprises espagnoles et japonaises, respectivement en hausse de 52 et 77 %.
Les investissements intra-africains gagnent eux aussi du terrain. Les investisseurs africains ont ainsi presque triplé leur part dans les projets d'IED au cours des dix dernières années, passant de 8 % en 2003 à 22,8 % en 2013. Cette croissance est alimentée par la nécessité d'améliorer les chaînes de valeur et de renforcer l'intégration au niveau régional. Un autre facteur de croissance est la bonne connaissance du marché par les investisseurs africains, qui en perçoivent les opportunités et les défis.
Michael Lalor, responsable du centre de partenariat pour les affaires africaines d'EY, a déclaré : « Les investisseurs externes apportent des capitaux, des compétences et des technologies à long terme, tandis que les investissements intra-africains créent un cercle vertueux qui encourage l'arrivée d'investissements étrangers plus importants ».
Recentrage significatif des industries extractives au profit des secteurs liés aux biens de consommation
Les trois premiers secteurs d'activité, à savoir les technologies, médias et télécommunications avec 150 projets, la vente au détail et les biens de consommation (RCP) avec 131 projets, ainsi que les services financiers avec 112 projets, comptent pour plus de 50 % du nombre total de projets recensés en 2013. Au cours de l'année, le secteur RCP a pris le pas sur les services financiers pour devenir la deuxième activité la plus attrayante en Afrique.
Les projets IED dans l'immobilier, le tourisme et la construction ont réalisé un bond de 63 %, faisant de ce secteur le cinquième plus attractif, soit trois places de mieux qu'en 2012. En revanche, pour la toute première fois, le secteur des mines et métaux est sorti du classement des dix premières industries en 2013 en nombre de projets d'investissements étrangers directs.
Interrogés au sujet des trois secteurs offrant le plus fort potentiel de croissance en Afrique au cours des deux prochaines années, les investisseurs mettent aujourd'hui en avant l'importance croissante de l'agriculture, qui ne se classait jusqu'à présent que marginalement derrière l'industrie des mines et métaux. De plus en plus, l'économie agricole est elle aussi perçue comme une industrie de croissance vitale, au même titre que les secteurs en contact avec les consommateurs, telles que les services financiers, les télécommunications et les biens de consommation.
Pour Michael Lalor, « bien que les perceptions indiquent que les secteurs reposant sur les ressources naturelles devraient continuer à montrer le potentiel le plus élevé au cours des deux prochaines années, la réalité des chiffres montre que les infrastructures et les secteurs en contact avec les consommateurs devraient gagner en importance à mesure que la classe moyenne se développe et augmente ses dépenses en biens discrétionnaires ».
Amélioration spectaculaire de la perception de l'Afrique
L'attractivité de l'Afrique par rapport aux autres régions du globe s'est considérablement renforcée au cours des dernières années. Le résultat global de l'étude montre que l'Afrique a progressé de l'avant-dernière position qu'elle occupait en 2011 pour devenir la deuxième destination la plus intéressante au monde pour les investissements, derrière l'Amérique du Nord.
60 % des personnes interrogées font état d'une amélioration de l'attractivité des investissements en l'Afrique l'an dernier, soit quatre points de pourcentage en plus par rapport à l'année précédente.
D'après Ajen Sita, « la bonne nouvelle du sondage de cette année, c'est que la perception du continent est en train d'évoluer. Pour la première fois, l'Afrique est considérée comme la deuxième destination la plus attrayante pour les investissements au monde. Elle possède des fondements solides pour stimuler l'investissement : une progression démocratique et macroéconomique stable ; une conjoncture plus favorable aux affaires ; une classe de consommateurs en pleine expansion ; des ressources naturelles en abondance et un développement constant des infrastructures ».
Il subsiste toutefois un écart de perception tenace entre ceux qui opèrent déjà sur le continent et ceux qui n'y sont pas encore présents. Pour la première fois, l'enquête de cette année montre que les entreprises disposant d'une présence continentale perçoivent l'Afrique comme la destination d'investissement la plus attrayante du monde. Par contraste, les nations qui n'ont aucune présence commerciale en Afrique considèrent encore ce continent comme la destination d'investissement mondiale la moins sûre.
73 % des sondés déjà établis dans la région estiment que l'attractivité de l'Afrique s'est renforcée au cours de l'année passée, contre 39 % parmi ceux qui n'y sont pas implantés.
Importance des centres urbains
Certaines villes africaines acquièrent aujourd'hui le rang de centres névralgiques pour l'économie et l'activité d'investissement sur le continent. Près de 70 % des personnes interrogées soulignent l'importance des villes et des centres urbains dans leur stratégie d'investissement en Afrique.
En termes de perception, l'attractivité des villes correspond étroitement à celle des pays concernés. En Afrique subsaharienne, la moitié des sondés citent Johannesburg comme la ville la plus favorable à la conduite d'affaires, devant le Cap. Nairobi et Lagos se classent respectivement troisième et quatrième villes les plus attrayantes. En Afrique du Nord, ce sont Casablanca, le Caire et Tunis qui sont perçues comme les trois villes les plus favorables à la réalisation d'opérations commerciales.
Les investisseurs soulignent par ailleurs que pour attirer un maximum de capitaux, les villes doivent miser sur les facteurs essentiels suivants : les infrastructures (77 %), la population de consommateurs (73 %), le coût et la productivité de la main d'œuvre locale (73 %), ainsi que la présence d'une main-d'œuvre qualifiée (73 %).
Perspectives futures
« La plus forte attractivité de l'Afrique pour les investissements s'explique a fortiori par ses taux de croissance soutenus dans un contexte de ralentissement de la croissance mondiale », conclut Ajen Sita. « Les perspectives de croissance de l'Afrique sont susceptibles de demeurer solides à mesure qu'une classe moyenne urbanisée et montante stimule la demande en produits de consommation et en services de haut niveau ».