En recevant, mardi au cours d’une réunion à Libreville, les responsables des mouvements sportifs gabonais, le ministre d’Etat en charge du Sport, Alain-Claude Bilié-By-Nzé a demandé aux fédérations sportives de déplafonner leurs dépenses car, le modèle de financement du sport instauré par l'Etat, est à bout de souffle, a-t-on constaté sur place.
Ce n'est pas un secret, les comptes de l'Etat gabonais sont en grande souffrance en raison de la crise économique qui les frappe. Du coup, cette difficulté se fait logiquement ressentir dans divers domaines, notamment dans le sport où l'Etat, est désormais à bout de souffle après avoir injecté durant des années des sommes astronomiques avec des résultats quasi-nuls.
Et depuis cette année 2018, qui tire à sa fin, l'Etat éprouve d'énormes difficultés pour accompagner financièrement le mouvement sportif gabonais. Le cas le plus patent : les peines que l'Etat endure pour lancer le championnat d'élite.
Face à cette situation, le ministre d'Etat, en charge du Sport a convoqué, le mardi 18 décembre (hier), tous les responsables des fédérations sportives ainsi que le Comité national olympique gabonais. On note aussi, la présence du département en charge des finances de la tutelle notamment, le Fonds national pour le développement du sport (FNDS).
Pour Alain-Claude Bilié-By-Nzé, cette rencontre a permis d'édifier ses hôtes sur le retard accusé au niveau du trésor quant à la mise à disposition de leurs subventions après qu'elles aient été distribuées en fonction de leurs charges. Selon le membre du gouvernement, seule la Fédération du sport scolaire et universitaire dispose d'une instance au niveau du trésor. Quant aux autres, elles sont à l'attente d'un aboutissement ''heureux'', à en croire le ministre. «Cela explique aujourd'hui les raisons pour lesquelles les autres fédérations n'aient toujours pas commencé leurs activités, c'est le cas de la fédération de football à travers la Linafp. C'est un grand soucis», a-t-il indiqué.
Même le FNDS, l'outil mis en place par l'Etat pour le financement du sport, est à bout de souffle en raison du plafonnement des dépenses. De ce fait, le ministre des Sports a demandé à ses fédérations de déplafonner leurs dépenses. «Nous devons réduire les charges financières du fonds, dont le plafond est à 5 milliards et plus. Il faut, qu'à nouveau, les ressources prévues pour le financement du sport, aillent véritablement au sport. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui», a lâché le ministre gabonais aux Sports.
Le déplafonnement évoqué oblige aussi, un rééquilibrage des financements car, selon le ministre, 80% des ressources du FNDS ne sont consacrés qu'au football. «Voilà pourquoi il faut arriver à rééquilibrer de sorte que les autres disciplines sportives bénéficient d'un soutien de l'Etat aussi modique soit-il», a confié l'ancien ministre de la Communication. Lorsque l'Etat l'aura fait, estime Bilié-By-Nzé, le secteur privé pourra être sollicité pour un accompagnement.
Au cours de cette rencontre, la transparence était de mise, histoire d'éviter des suspicions comme c'est souvent le cas lorsqu'on parle du nerf de la guerre. Ce qui a permis d'édifier toutes les fédérations sur les fonds que l'Etat devrait les allouer.
Au regard de ces difficultés, Alain-Claude Bilié-By-Nzé, confronté au manque de finances pour la mise en place de sa politique sportive, a été direct et franc avec les responsables des mouvements sportifs : «Encore une fois, le tout état dans le sport n'est plus possible. Le modèle a montré ses limites il ne peut pas continuer», a-t-il fait savoir sous un ton ferme.
S'il n'exclut pas une année blanche notamment en ce qui concerne le championnat national de football, pour le patron des sports, «l'année blanche n'est jamais quelque chose à souhaiter, mais j'ai indiqué que si nous ne réunissons pas les ressources suffisantes et le bon modèle, il n'est pas effectivement exclu une année blanche», souligne-t-il.
D'après le ministre d'Etat, le but du jeu n'est simplement pas d'organiser des matches. Au contraire, le but est de faire en sorte qu'il y ait une véritable politique sportive. Avant de reconnaître que cela nécessite indéniablement des financements partiels de l'Etat ou un financement total des entreprises. M. Bilié-By-Nzé signe et persiste : «On ne peut pas financer le sport uniquement sur le budget public de l'Etat, ce n'est pas possible», a-t-il martelé.