Libreville, – Le président d’Ensemble pour la république (EPR, centriste), Dieudonné Minlama Mintogo, a dressé mardi dans une sorte de tribune libre dont Gabonactu.com copie, un tableau sombre de la corruption qui plombe le développement du Gabon, petit pays pour riche en ressources naturelles. Voici l’intégralité de son analyse.
La corruption ou le mal Gabonais
Dans son discours testamentaire, prononcé le 02 décembre 2007 à l’occasion de festivités de ses quarante (40) ans au pouvoir, le Président OMAR BONGO ONDIMBA avait résumé son action à la tête de notre pays par ce constat amer « Le sentiment qui s’exprime en chacun de nous est que notre pays le Gabon, et nous-mêmes, méritons mieux. »
Et de poursuivre « Arrêtons de nous comporter comme si nous étions juste de passage au Gabon comme si nous avions une patrie de rechange ailleurs (…) Je ne crois pas que faire main basse sur l’argent destiné à construire les routes ou le rendre indisponible soit profitable au Gabon ou aux Gabonais. Je refuse de croire que le manque de médicaments dans nos structures sanitaires, malgré les budgets importants qui sont alloués tous les ans n’est pas dû aux détournements. Je reste persuadé que si chaque franc que l’Etat a consacré à la construction, à l’équipement et à l’entretien des établissements scolaires n’avait pas servi à faire la fortune de certains, notre pays se classerait au tout premier plan dans le domaine de l’éducation, je continue de croire que le Gabon peut disposer d’un meilleur réseau de transports en commun, à condition que l’argent qui y est consacré soit disponible à cette fin (…) ».
Quelques mois plus tard lors de la cérémonie traditionnelle de présentation de vœux , le Président Omar BONGO est allé un peu loin dans sa désolation en des termes encore plus durs « Dieu ne nous a pas donné le droit de faire du Gabon ce que nous sommes en train d’en faire » évoquant même la possibilité de la Punition Divine « un jour, il va nous sanctionner » !
Depuis cette déclaration, avons-nous assisté à une évolution de la situation de façon positive ? La réponse est bien sûr NON ! Non au regard du dernier rapport de la Cour des Comptes , pour la période de 2011 à 2018. Une fois de plus, la Cour des Comptes vient de mettre à nu les errements et les insuffisances de ceux qui ont la charge de gérer nos deniers publics. Ce rapport révèle :
L’absence des pièces justificatives à l’appui des restes à recouvrer, des annulations, des dégrèvements et d’admissions en non-valeurs ; la non justification des régies d’avance ; l’absence des pièces justificatives adéquates suffisantes à l’appui des avances au budget ;
La constitution irrégulière des Fonds Politiques ; La gestion occulte des recettes minières et des produits pétroliers ; La non mise à jour du fichier de la solde; le cas des immatriculations multiples au niveau du fichier de la solde ; la gestion fantaisiste des collectivités locales ; les détournements des fonds alloués au fonctionnement des internats ; les dysfonctionnements dans la gestions des budgets des établissements publics ; Les insuffisances et irrégularités liées à l’exécution du budget de l’Etat en mode BOP ; Etc.
Autant d’irrégularités qui ont fait perdre à l’Etat plusieurs centaines de milliards de Fcfa, retarder et voire compromettre la mise en oeuvre d’importants projets de développement.
Et que fait la Commission Nationale de Lutte Contre l’Enrichissement Illicite , créée en 2002 pour traquer les grands criminels financiers ?
Très peu de choses ou presque que Rien ! En mars 2017, en guise de bilan , 15 ans après sa création , la Commission dit avoir enquêté, en tout et pour tout , sur sept (7) cas : un (1) a été abandonné , deux (2) restent en instruction et quatre dossiers bien ficelés ont été transmis au Procureur pour action publique. Rien que ça !
Avec si peu de résultats, n’est-il pas arrivé le temps de dissoudre cette Commission une institution budgétivore et inutile de plus et passer à autre chose ?
À la place de cette commission, j’avais proposé la création de la Commission Nationale de l’Ethique. À la différence de la Commission actuelle dont les règles de fonctionnement et de saisine restent inconnues du grand public, la Commission Nationale d’Ethique, dans les pays où elle existe, est accessible à tous les citoyens du pays. En effet, tout citoyen peut saisir cette commission et dénoncer les cas de corruption dont il est témoin.
En attendant, le Gabon reste classé à la 101 e/176 des pays les plus corrompus. Entre temps, Mamba est passé par là, mais le reptile semble déjà essoufflé et le développement continue à se faire attendre !
En clair : mettre un terme, de façon définitive, à la culture de l’impunité, qui semble devenir banale dans la gestion de la chose publique, constitue, à mes yeux, un impératif patriotique et républicain.
La Cour des Comptes a fait son travail. Les responsables de ces détournements sont identifiés et connus; au gouvernement et aux institutions judiciaires habilitées de prendre aussi leur part de responsabilité.