Dans une lettre adressée au secrétaire général du Parti démocratique gabonais (PDG), avec diffusion générale aux médias, Mamadou Ntsoumou, militant de longue date au sein du parti au pouvoir, a annoncé sa démission. L’adresse apparaît comme un contrepied au moment où ce parti prône les 2R.
«L’heure est au changement d’arme d’épaule. C’est la devise du vaillant combattant», a soutenu Mamadou Nstoumou dans une lettre adressée au secrétaire général du Parti démocratique gabonais (PDG), Éric Dodo Bounguendza. Cet ancien gouverneur du Haut-Ogooué, «fervent militant» de ce parti au pouvoir depuis un demi-siècle, a décidé de claquer la porte.
Dans sa lettre de démission avec diffusion générale aux médias, Mamadou Ntsoumou assure que son temps de militantisme a été vécu avec «foi, ferveur et détermination politique réelle», avec ses ancêtres et toute «la communauté Téké», à laquelle il appartient. «Nous avons sans ambages constitué les grandes forces pour que le socle de votre établissement s’installe durablement», s’est-il remémoré avec un peu d’amertume.
En effet, il considère que malgré son travail et celui des siens, le PDG n’a pas pu répondre aux aspirations du peuple. «Le peuple Téké avec toute la Nation ne vivent que des misères, souffrance sévère, pauvreté et paupérisation persistantes», a-t-il estimé. Selon lui, «les modestes serviteurs sont exposés aux affres d’intimidation, de l’ingratitude pour finir dans les prisons d’ici et d’ailleurs sous des fallacieux motifs».
Si l’allusion est à priori faite à ceux qu’une partie de la société civile et de l’opposition nomment «prisonniers politiques», d’aucuns se souviennent qu’en 2008, Mamadou Ntsoumou a lui-même croupit entre les murs de Sans-Famille. Taxé, à tord ou à raison d’en avoir après le système PDG, il avait été accusé de grand banditisme. Ce qui lui avait valu une incarcération de laquelle n’avait cependant pas découlée une démission du PDG. Mais certains assurent qu’un malaise s’était déjà installé entre lui et le système PDG qui, disent-ils, l’avait lâché depuis lors.
«Il n’est pas trop tard de quitter une cause que vous avez servit, qui en retour au lieu de vous servir, la voilà en train de vous desservir publiquement, vous jeter dans l’opprobre, emprunte d’humiliation et dans l’indifférence totale, le tout pour vous conduire au suicide», a exprimé Mamadou Ntsoumou. «Il va sans dire qu’en ce qui me concerne après tout ce vécu, point n’est raison d’y rester», a-t-il conclu sans annoncer un éventuel ralliement à un autre groupement politique.
Pour beaucoup, la démission de Mamadou Ntsoumou apparaît comme le contrepied parfait à l’heure où «le clan Téké est accusé de vouloir confisquer le pouvoir» d’une part, et à l’heure où, le PDG prône les valeurs de régénération et de revitalisation (2R).