Après avoir hésité, la confédération syndicale a maintenu l’organisation de sa marche noire ce mardi à Libreville pour exiger l’annulation des mesures « d’austérité » mais aussi le respect de l’article 13 de la constitution. Son principal objectif sera toutefois d’éviter une faible mobilisation, comme lors des mouvements sociaux qu’elle a initié de la semaine dernière.
« Nous maintenons notre marche », a indiqué le secrétaire général de Dynamique unitaire, Louis Patrick Mombo, à nos confrères de Gabonactu.com. Celle-ci partira du Rond-point de la démocratie à 9 heures pour rejoindre le boulevard Triomphal sans que le point de chute n’ait été révélé. A noter qu’il ne s’agit pas d’un précédent. Déjà le 28 août dernier, la confédération syndicale réunissant les fonctionnaires avait appelé à une « marche noire » qui avait fait long feu…
Dynamique unitaire (DU) revendiquera à cette occasion l’annulation des mesures « d’austérité » prises lors du conseil des ministres le 21 juin dernier, à l’instar de la réduction des salaires des fonctionnaires payés à plus de 650 000 FCFA, le gel des recrutements, des avancements et des reclassements dans la fonction publique, le gel des concours, l’augmentation de certaines taxes pour renflouer les caisses de l’Etat, mais aussi la suppression de plusieurs dépenses de luxe pour l’Etat comme l’achat de véhicules de grand luxe, la réduction des effectifs dans les cabinets ministériels, la suppression des voyages en classe affaire, etc. Des mesures soutenues par les institutions financières internationales et plutôt bien accueillies par les Gabonais.
Mais pour ce spécialiste des mouvements sociaux au Gabon, ces revendications sont une posture. « Dynamique Unitaire cherchera avant tout à montrer ses muscles dans la rue. Après l’échec de la mobilisation de la semaine dernière, DU va tenter de redorer son blason, quelque peu terni. Le mouvement en a besoin pour porter sa revendication principale, qui est moins syndicale que politique, ce qui n’est pas sans crisper sa base ».
En effet, Dynamique Unitaire appelle également ses militants à marcher pour défendre la Constitution, modifiée selon elle le 14 novembre dernier par la Cour constitutionnelle. Suite à une saisine du premier ministre, Emmanuel Issoze Ngondet, celle-ci avait estimé que l’article 13 de la Constitution contenait une « lacune » et avait autorisé le vice-président, en l’absence temporaire du président, a convoqué un conseil des ministres.
« A l’évidence, la politisation de Dynamique Unitaire pénalise le mouvement »
Mais ce faisant, les dirigeants de Dynamique Unitaire, dont son président Jean-Rémy Yama, s’attirent les critiques de plus en plus nombreuses de la base des militants qui déplore la tendance de la confédération à se concentrer sur les revendications politiques au détriment des revendications sociales de défense des intérêts des travailleurs.
« A l’évidence, la politisation de Dynamique Unitaire, qui s’explique par les relations interpersonnelles entre certains de ses dirigeants et quelques leaders politiques, pénalise le mouvement et explique que ses mots d’ordre sont de moins en moins suivis », explique ce spécialiste des mouvements sociaux au Gabon. Jean-Rémy Yama est en effet réputé très proche de l’opposant Jean Ping qui, samedi dernier, a appelé les Gabonais à se révolter dans la rue contre le régime actuel.