Un mois après avoir sanctionné l’Union nationale d’une interdiction de parution dans les médias publics, la Haute autorité de communication a invité le parti de Zacharie Myboto pour une sensibilisation quant à ses déclarations jugées haineuses. Un appel rejeté par l’UN affirmant ne trouver aucun lien hiérarchique entre la Hac et une formation politique.
La Haute autorité de la communication (Hac) et l’Union Nationale sont loin d’arrêter le bras de fer qui les oppose après l’interdiction de parution dans les médias publiques dont a été victime ce parti politique. L’organe de régulation des médias et le parti de feu André Mba Obame ont eu un nouvel accrochage le 11 décembre. Motif : le communiqué publié par l’UN, le 5 décembre, sur la santé d’Ali Bongo.
«Lien d’autorité, entre un organe de régulation des médias et une formation politique»
Dans cette déclaration, l’UN avait fustigé «la présence de la présidente de la Cour Constitutionnelle, Marie madeleine Mbourantsuo dans la délégation du pouvoir exécutif qui s’est rendue au chevet du président de la République à Rabat». Le parti, entre autres, de Paulette Missambo avait également «invité l’ensemble de l’opposition et les populations au rassemblement et à la mobilisation. Face aux risques d’ingérence de puissances étrangères dans les affaires intérieures du Gabon». Craignant des dérives aux conséquences imprévisibles suite à cet appel, la Hac a invité les hiérarques de la formation politique pour une sensibilisation. Une invitation rejetée par la structure politique.
D’autant plus que selon l’un des responsables du parti joint au téléphone, «il n’existe aucun lien d’autorité, aussi bien horizontal que vertical, entre un organe de régulation des médias et une formation politique pour que l’UN soit convoquée». À la Hac, également jointe au téléphone, on s’interroge : «Qui gère l’accès équitable aux médias, surtout lors des élections ? Pourquoi se plient-ils aux calendriers et dispositions que la Hac met en place pour les élections ? Comment peut-on dire qu’il n’y a aucun lien entre la Hac et les partis politiques ?». Et un responsable de l’institution de préciser, au sujet de l’UN, qu’«il n’a jamais été question d’une convocation mais plutôt d’une invitation pour une sensibilisation face aux éventuelles dérives», a relevé l’un des responsables de l’institution.
Et vint le Maroc
Un peu plus tard dans la soirée, la Hac est montée au créneau pour expliciter les choses à une plus large échelle. Dans un communiqué à ce sujet parvenu à Gabonreview et lu à la télévision, le régulateur de l’espace médiatique souligne qu’elle souhaitait inviter l’UN à «prendre toute la mesure du contenu de ses communiqués». Ces communiqués, précise la Hac, «peuvent entrainer des dérapages aux conséquences imprévisibles». Pour le régulateur, le communiqué de l’UN «laisse entrevoir en filigrane une stigmatisation et un appel à la haine pour ce peuple frère du Maroc, dont le Souverain aurait eu pour seul tort, d’accorder à son excellence, le président de la République, Ali Bongo Ondimba, l’hospitalité l’attention et la bienfaisance que nécessite sa convalescence.»
La Hac établi un lien entre l’appel de l’UN et les manifestations de la diaspora gabonaise devant l’ambassade du Maroc en France les 6 et 7 décembre. Appelés «résistants au régime Bongo», des jeunes gabonais, vêtus pour certains aux couleurs du drapeau gabonais et munis de mégaphones, ont en effet manifesté ce jour-là en scandant des chants devant l’ambassade du Maroc en France. Pour ces manifestants, «en acceptant de recevoir le chef de l’Etat gabonais, le Maroc s’ingère dans les affaires internes du Gabon». La Hac voit donc une relation de cause à effet entre l’UN et cette manifestation, puisque l’institution soutient que l’appel de l’UN «a eu comme écho l’opération menée par les activistes de la diaspora contre les locaux de l’ambassade du Royaume du Maroc à Paris. L’Union nationale est-elle consciente que le Maroc héberge une forte communauté estudiantine gabonaise ? L’Union nationale mesure-t-elle les conséquences éventuelles de l’application du principe de réciprocité ce pays frère ?»
Les hiérarques de l’Union nationale restent coi, la sanction récemment écopée par leur formation politique n’ayant pas eu d’incidence sur sa communication.