Estimant que les documents diffusés par les médias publics sur Ali Bongo suscitent plus d’interrogations que des réponses sur sa capacité à diriger le pays, l’Union nationale (UN) a dénoncé, dans la déclaration ci-dessous, le 5 décembre 2018, la présence de Marie Madeleine Mbourantsuo à Rabat. Ce parti d’opposition met également en garde les puissances étrangères face à des risques d’ingérence dans les affaires intérieures du Gabon.
Communiqué de l’Union Nationale
L’Union Nationale suit avec attention les activités et l’énergie particulière que déploient, ces derniers jours, le Premier ministre, son gouvernement et même le Royaume du Maroc, pour enfin présenter des documents visuels et vidéos sur le séjour du président de la République à Rabat. Aussi nombreux et divers soient-ils, ces documents suscitent plus d’interrogations que de réponses à la question essentielle que se posent les Gabonais : le président de la République est-il encore en possession des moyens physiques et intellectuels qui lui permettent d’assumer les lourdes charges liées à sa fonction ?
L’Union Nationale s’étonne, pour le dénoncer, de la présence de la présidente de la Cour Constitutionnelle dans la délégation du pouvoir exécutif qui s’est rendue au chevet du président de la République à Rabat. C’est, pour ainsi dire, la preuve évidente de l’existence de collusions institutionnelles et d’un manquement grave au principe de séparation des pouvoirs.
L’Union Nationale réaffirme que son combat est républicain, démocratique et rappelle que Libreville demeure la capitale politique et administrative du Gabon. Qu’à ce titre, les décisions engageant l’avenir du Gabon doivent se prendre à Libreville.
L’Union Nationale tient au respect de la souveraineté du Gabon et refuse toute ingérence étrangère inopportune.
L’Union Nationale tient à rappeler que le Gabon a une seule capitale politique et administrative : Libreville. C’est à Libreville, en effet, que le président de la République promulgue les lois, signe les décrets, nomme aux différentes fonctions de l’État, notamment le Premier ministre et les membres du gouvernement.
L’Union Nationale met en garde contre toute tentative visant à poser des actes politiques qui engagent le pays en dehors du territoire national. Ce serait une violation flagrante de la souveraineté nationale, une haute trahison.
Par conséquent, tous les actes signés du président de la République en dehors du Gabon pourraient être frappés de nullité s’ils ne respectent pas les dispositions constitutionnelles et légales.
Face aux risques d’ingérence de puissances étrangères dans les affaires intérieures du Gabon, l’Union Nationale invite l’ensemble de l’opposition et les populations au rassemblement et à la mobilisation. Elle appelle tout un chacun à la vigilance. Elle exhorte les institutions au sursaut républicain et leur demande de faire montre de patriotisme en ces moments déterminants pour la souveraineté de notre pays.
Concrètement, l’Union Nationale demande :
au Premier ministre de de demander aux autorités saoudiennes, dans le respect des convenances diplomatiques de faire toute la lumière sur la maladie du président de la République, qui séjournait à Ryad comme hôte officiel ;
à la Cour Constitutionnelle d’ordonner une expertise médicale sur les réelles capacités physiques et intellectuelles d’Ali Bongo, conformément à l’article 92 de sa loi organique ;
au Sénat d’exiger du gouvernement des explications sur les implications de cette situation, notamment s’agissant des relations avec les royaumes d’Arabie saoudite et du Maroc.
L’Union Nationale, sans remettre en cause les liens séculaires qui unissent le Gabon au reste du monde, ainsi que les engagements internationaux de notre pays, demande aux pays amis de faire montre de retenue et de plus d’égards pour le peuple gabonais.
Fait à Libreville, le 05 décembre 2018
Pour le Bureau National, le Vice-président – Porte-parole de l’Union Nationale, François Ondo Edou