Les leaders des organisations de la société civile gabonaise ont exigé, le 17 novembre 2018, la démission de la présidente de Cour constitutionnelle, Marie Madeleine Mborantsuo. Motif : «abolition de la Constitution et installation de fait d’un Etat anarchique».
Les arguments émis par la présidente de la Cour constitution pour justifier sa décision d’ajouter un alinéa à l’article 13 de la Constitution à la place du législateur, suffiront-ils pour clore le débat sur ce que la société civile gabonaise considère déjà comme «coup d’Etat constitutionnelle» ? Pas si sûr.
Dépités par ce qu’ils qualifient de «manipulations intempestives de la Constitution», en moins d’une année par la Cour constitutionnelle, les leaders des organisations de la société civile gabonaise ont appelé le peuple, le 17 novembre, à la plus grande mobilisation «pour dire non aux manipulations de la Constitution et à la préservation de l’unité nationale».
Selon ces derniers, les agissements du régulateur du fonctionnement des institutions mènent le pays droit au mur. Le 28 avril dernier, à la surprise générale, cette instance avait prononcé la dissolution de l’Assemblée nationale et le transfert de ses pouvoirs au Sénat. Fait inédit, elle a accordé, via sa décision n° 219/GCC du 14 novembre 2018, l’autorisation au Vice-président de la République à convoquer et à présider un Conseil des ministres.
Cette démarche cavalière de la «toute puissante Cour», soulignent les leaders de la société civile, risque d’entrainer le pays dans le Chaos si rien n’est fait. «Considérant que Mme Marie Madeleine Mborantsuo est sous le coup d’une enquête en France pour des mouvements de fonds suspects», et qu’à travers plusieurs de ses décisions «elle a fait preuve d’une partialité manifeste et que sa probité s’en trouve entachée, la société civile exige sa démission(…) de la présidence de la Cour constitutionnelle», a déclaré le porte-parole de la société civile, Noël Bertrand Boudzanga.
Les leaders de la société civile exigent également le retrait immédiat de l’alinéa ajouté à l’article 13 de la Constitution. S’ils appellent les partenaires du Gabon à peser de leur poids pour obliger la Cour constitutionnelle à respecter la volonté du peuple et à renoncer aux manœuvres susceptibles d’endommager la paix civile ; ils demandent surtout à «(…) toutes les forces vives de la Nation, dans un engagement républicain, à défendre la République et sa Constitution dans l’unité».