Deux indépendants, un candidat de l’Alliance pour le changement et la restauration (ACR), ainsi qu’un directeur de campagne, aux dernières législatives et locales, ont été jugés mercredi 14 novembre, au tribunal de Franceville, pour séquestration et voie de fait à l’égard des membres de la Commission électorale départementale de la Djouori Agnili à Bongoville, dans la province du Haut-Ogooué (Sud-Est du Gabon), a constaté sur place l’AGP.
La salle du tribunal de Franceville a refusé du monde, lors de cette affaire opposant le ministère public et la commission provinciale électorale du Haut-Ogooué, contre les nommés Brigitte Marthe Ossiba, Saturnin Odouma Kamboulou et son directeur de campagne Hervé Ndzoho Yami, tous deux candidats indépendants, ainsi que Loïc Makouka Mouoyi de l’Alliance pour le changement et la restauration (ACR).
Les 4 prévenus, incarcérés pendant la période électorale, ont fait face aux juges pour répondre des griefs de séquestration et voie de fait retenus contre eux. Des infractions condamnées par les articles 250 et 230 du code pénal en République Gabonaise, valant des peines de 5 ans d’emprisonnement et d’1 millions de F CFA d’amende.
Les faits se sont déroulés le jeudi 4 octobre 2018, deux jours avant le scrutin. Au cours de cette journée, les membres du bureau de la commission tenaient une réunion avec les scrutateurs, lorsqu’ils recevaient une visite surprise des candidats susmentionnés, pour exiger le dépôt de la liste de leurs représentants dans les différents bureaux de vote. Ces derniers se sont heurtés à une fin de non-recevoir de la part de la commission, arguant le non-respect du délai, qui selon la loi électorale, est fixé à 5 jours avant le vote.
Des échanges virulents ont éclaté entre les deux parties. D’après les témoignages de la présidente de ladite commission, Laurette Kalanga et d’un représentant de la majorité, Sausthène Eyghi Oba, sieur Hervé Ndzoho Yami aurait fermé la porte du bureau, avant de remettre la clé à son candidat, Saturnin Odouma Kamboulou.
Ce dernier, poursuit la partie requérante, aurait défié un agent de sécurité qui essayait de récupérer la clé, ‘’s’il était un homme’’, avant de la remettre finalement lorsqu’il sera informé qu’il s’agissait du commandant de brigade de la Gendarmerie de Bongoville, habillé en civile ce jour-là. Cet inspecteur de douane dit faire confiance à la justice de son pays, le Gabon, et remet sa vie entre elle.
A en croire les plaignants, Hervé Ndzoho Yami, agent à la BEAC de Franceville, aurait même menacé d’incendier le bureau, à l’aide d’un bidon d’essence qu’il tenait dans ses mains. Une accusation que ce dernier a balayée du revers de la main, reconnaissant seulement avoir fermé la porte à clé, afin de retenir les membres de la commission, dans le but de mieux échanger.
Pour sa part, dame Brigitte Marthe Ossiba, fonctionnaire du ministère de l’Agriculture, reconnait avoir apporté un matelas pour camper au bureau de la commission. Tandis que M. Loïc Makouka Mouoyi, enseignant de formation, traitait les membres de la commission de corrompus et d’œuvrer au service du parti au pouvoir.
Le procureur de la République, Gilbert Mbarangolo, qui était également président de la commission départementale de la Mpassa pendant les élections, a recadré le procès autour des griefs cités plus haut, indiquant que les autres accusations signalées par les plaignants ne sont nullement mentionnées dans le procès-verbal.
Le représentant du ministère public a donc requis 6 mois d’emprisonnement dont 3 avec sursis, à l’encontre des accusés, en attendant le verdict final prévu pour le mercredi 21 novembre prochain.