Que se passe– t-il au sein de L’agence nationale de l’urbanisme des travaux topographiques et du cadastre (ANUTTC) ?C’est la question qu’on pourrait se poser au vu des difficultés que traversent les agents de cette administration en charge de la régularisation foncière, attribution de terrains à bâtir et du rebornage, mais aussi de l’attitude peu orthodoxe de son directeur général qui aurait mis en place une véritable mafia au sein de ladite agence.
Pour comprendre le flou artistique entretenu par les responsables de cet organisme, il suffit de se rendre compte non seulement de la précarité dans laquelle vivent ses agents, mais surtout le mauvais fonctionnement de cette entité. Pour preuve, fin juin 2018, l’agence cumulait plus de 25.000 demandes non instruites de titres fonciers et de régularisation foncière, alors qu’elle devait délivrer des titres fonciers en moins de 6 mois.
Mais selon nos investigations, cette situation chaotique ne serait pas due à une quelconque crise conjoncturelle, mais plutôt au management désastreux de sa direction générale, où règne en maître absolu Olivier Abel Nang Ekomye. Selon une source interne, ce dernier aurait modifié la procédure de régularisation foncière en concentrant toutes les décisions et signature autour de son conseiller et directeur des Travaux Topographiques, Pépin Ovono Mve. D’ailleurs c’est ce dernier qui signerait l’ensemble des documents produits par cet établissement notamment les plans de situation, les plans d’état des lieux, les plans de bornage ou encore les procès-verbaux de bornage.
Une situation pour le moins troublante qui laisse penser à une manoeuvre bien orchestrée qui n’aurait d’autre but que de faire main basse sans ménagement sur les fonds issues de la mise à disposition aux usagers de ces documents. « Le seul but pour eux est de monnayer chaque signature, pour les requérants qui auront de quoi payer et pour les autres démunis de moyens la procédure s’arrête et ils attendront juste que leurs parcelles soient un jour comme par hasard attribuées à d’autres personnes à qui le conseiller du directeur général auraient revendu les papiers à une somme faramineuse », nous a confié sous cape un proche de la direction générale.
Autre élément incompréhensible et à la limite illégal, le même Pépin Ovono Mve ne serait autre que le directeur général du cabinet privé Équatoriales etudes, constructions et services Gabon (EECSG). C’est dans cette entreprise privée qu’il renverrait tout les requérants pour effectuer tous les travaux de terrain et plans, en délivrant par la même occasion des documents signés avec les cachets de l’ANUTTC et les logos du Ministère de l’Habitat. Une machine bien huilée aurait déjà bénéficié de sommes faramineuses notamment dans le cadre d’un projet à Okolassi près de la commune de Ntoum.
Une concurrence déloyale qui aurait dès lors vidé de son jus l’agence nationale de l’urbanisme des travaux topographiques et du cadastre, dont les agents totalisent 8 mois d’impayés de salaire. En effet, « toutes les factures des travaux sont payées à ce cabinet soit 90% pour EECSG contre 10% à l’ANUTTC, puisque les deux entités exercent dans le même domaine, tout cela avec la complicité du directeur général », affirme notre source. D’ailleurs pour contraindre les plus téméraires à l’omerta, Olivier Abel Nang Ekomye aurait licencié une vingtaine d’agents au mois d’octobre dernier.
Cette situation très complexe qui démontre la mafia qui semble s’être établie au sein de cette administration dont les missions sont entre autres l’établissement des actes de cession, la remise aux acquéreurs des titres de propriété établis par la Conservation de la Propriété foncière et des Hypothèques, et la gestion des terrains et propriétés bâties de l’Etat, devrait interpeller les plus hautes autorités afin de mettre de l’ordre le plus rapidement possible.