L’organisation des élections couplées législatives et locales d’octobre dernier a révélé une chose, selon certains leadeurs de l’opposition : le Centre gabonais des élections (CGE) est pire que ne l’a été la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap) en son temps.
Anges Kevin Nzigou, Pierre-Claver Maganga Moussavou et Me Séraphin Ndaot Rembogo, respectivement président de PLC, du PSD et du PDS, s’accordent tous sur l’incompétence du CGE. En termes d’organisation, le CGE est pire que ne l’a été la Cenap contre laquelle les critiques n’en finissaient plus jusqu’à sa dissolution, à la suite du dialogue politique d’Angondjé, en 2017. Les élections couplées des législatives et locales d’octobre dernier l’ont clairement montré. Si plusieurs fraudes ont été dénoncées, y compris par certains candidats du pouvoir, la passivité et la nonchalance de la structure présidée par Moïse Bibalou Koumba ont fini d’entacher la réputation de celle-ci, seulement 6 mois après la mise en place de son premier bureau.
«La Cenap était terrible et nulle, le CGE c’est encore pire», avait, le premier, conclu le président du jeune parti Pour le changement (PLC), peu après les scrutins du 6 octobre 2018. Anges Kevin Nzigou dénonçait alors plusieurs manquements, parmi lesquels : l’absence de représentants de l’opposition ou de la majorité et le déficit des listes d’émergement dans certains bureaux de vote de sa circonscription électorale (6e arrondissement de Libreville).
Dans une interview au quotidien L’Union, le 8 novembre, Pierre-Claver Maganga Moussavou a affirmé quant à lui qu’«à l’issue de ces élections on peut blâmer à raison le CGE». Si le leadeur du Parti social-démocrate (PSD) n’a pas cité de nom, il n’a pas moins estimé que «toutes les structures politiques, même avec les meilleures intentions, ne valent que ce que valent les hommes en charge de les animer». Difficile de ne pas y voir une pique lancée au président du CGE et ses collaborateurs, alors que l’opposant rappelle que «la probité, le sens de l’équité, l’humilité sont des valeurs qui doivent les habiter». Il doute que ce soit «toujours évident» pour les structures politiques du Gabon, en l’occurrence pour le CGE.
Ce lundi 12 novembre, dans le même quotidien, Me Séraphin Ndaot Rembogo, lui aussi, dénonce «la défaillance partielle de l’organisation» des derniers scrutins. Le président du Parti pour le développement et la solidarité sociale (PDS) relève, entre autres, «les photos en noir et blancs illisibles des candidats, l’absence d’encre, de lumière». Ces manquements, estime le président du Conseil national de la démocratie (CND), «ne permettent pas d’évaluer sereinement que cette compétition était juste, régulière et équitable».
«Les perspectives électorales me semblent bien sombres, si rien n’est fait pour crédibiliser davantage les compétitions électorales dans notre pays», s’inquiète-t-il, tout en dénonçant des «circonstances déplorables».