L’organisation non gouvernement Reporters sans frontière (RSF) a lancé, le 11 novembre, à l’occasion du forum de Paris sur la paix, l’engagement des Etats à la «Déclaration internationale sur l’information et la démocratie». L’objectif ultime de l’initiative est d’obtenir un engagement international pour préserver un espace public libre et pluraliste, condition de la démocratie.
Dans un contexte où la crise de confiance dans les démocraties et la montée en puissance de régimes despotiques représentent un risque pour les libertés, la concorde civile et la paix ; et face à la pluralité des sources d’informations, où rumeurs et désinformation, affaiblissent la qualité et la crédibilité du journalisme, l’ONG Reporter sans frontière décide de renverser la tendance en définissant de nouvelles règles de déontologie et de protection des journalistes dans le monde. Celle-ci vient de voir le jour avec la rédaction de la «Déclaration internationale sur l’information et la démocratie».
«Reporters sans frontières a initié cette démarche sur l’information et la démocratie au moment même où la démocratie connaît une crise profonde qui est aussi une crise systémique de l’espace public. Au-delà de cette situation, il est de notre responsabilité de considérer les causes structurelles et de prendre les mesures appropriées (…) car les démocraties, ouvertes, subissent de plein fouet ces bouleversements, tandis que les régimes despotiques en tirent profit», affirme le co-président de la Commission, par ailleurs secrétaire général de RSF, Christophe Deloire.
Intervenant 70 ans après l’adoption à Paris de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, par l’Assemblée générale des Nations unies, cet instrument a pour objet d’énoncer des principes, de définir des objectifs et de proposer des modalités de gouvernance. «Elle devra constituer une référence qui permette de mobiliser tous ceux qui sont attachés à préserver un espace public libre et pluraliste, condition de la démocratie», indique le secrétaire général de RSF.
Rédigé par une commission indépendante de 25 membres de 18 nationalités, dont les lauréats du Prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz et Amartya Sen, l’écrivain et homme politique péruvien Mario Vargas Llosa (Prix Nobel de littérature), l’avocate nigériane Hauwa Ibrahim (Prix Sakharov), cet instrument vient d’être avalisé par 12 pays (le Burkina Faso, le Costa Rica, le Danemark, la Lettonie, le Liban, la Lituanie, la Norvège, le Sénégal, la Suisse, la Tunisie, la France et le Canada). Reste à mobiliser l’ensemble des dirigeants autour de cette déclaration, qui devra se muer en un «Pacte international pour l’information et la démocratie».
«C’est un combat mondial, pour protéger la démocratie et pour se dresser face à ces dirigeants autoritaires, de plus en plus nombreux, qui profitent des réseaux sociaux. Il faut empêcher que cela arrive, encore et encore. On doit définir qui on est», assure la journaliste philippine, Maria Ressa, membre de la commission de rédaction de la Déclaration, par ailleurs, responsable du site d’information Rappler.com. Pour contrôler l’application de ce pacte, RSF souhaite la création d’un groupe international d’experts, à l’instar du GIEC pour le réchauffement climatique.