Le 19e concours d’agrégation du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (Cames) s’est ouvert le 5 novembre Libreville. Professeur en biologie et physiologie végétale à l’Université des sciences et techniques de Masuku (USTM) et 6e secrétaire général du Cames, Bertrand Mbatchi revient avec Gabonreview sur les contours de ce concours.
Gabonreview : Pouvez-vous décliner les contours de ce 19e concours Cames ?
Bertrand Mbatchi : Le Cames a comme mission d’harmoniser les politiques d’enseignement supérieur et de recherche au sein des Etats membres, au nombre de 19 actuellement. Et cette harmonisation passe par la mise en place de programmes parmi lesquels, le concours d’agrégation en médecine humaine, pharmacie, odontostomatologie, médecine vétérinaire et production animale. Selon un planning établi par le conseil des ministres du Cames en 2007, il se trouve que c’est le tour du Gabon d’abriter la 19e session de ce prestigieux concours. Il faut tout de même souligner que ce n’est pas la première fois que cet événement se tient dans le pays : le Cames a déjà été ici en 1992, en 2004, en 2012 et maintenant en 2018. Nous nous sentons honorer de nous retrouver une nouvelle fois ici, pour achever la promotion des cadres. Car, l’harmonisation se fait aussi par la promotion des hommes et des femmes de qualité, capables de promouvoir et développer l’Afrique. Nous allons nous retrouver au Gabon pendant une dizaine de jours avec plusieurs membres d’un jury international, qui vont évaluer un nombre important de candidats.
Comment se passe cette évaluation concrètement ? Cette évaluation se déroule autour de trois épreuves. La première consiste à la présentation des travaux par les candidats. A l’issue de cette épreuve, ceux qui auront une moyenne supérieure ou égale à 12/20 seront retenus pour l’épreuve suivante : la leçon. Celle-ci consiste en un tirage au sort d’un ensemble de thématiques arrêtées par le jury. Une fois le thème tiré au sort, le candidat se retire dans une loge, sous surveillance, pour plancher sur son sujet cinq heures durant. Puis, le candidat montrera sa capacité à présenter la leçon devant les membres du jury. Et là, le candidat qui aura une moyenne supérieure ou égale à 12/20 sera retenu pour l’ultime épreuve. Celle-ci se passe soit en laboratoire pour les candidats fondamentalistes ou les pharmaciens ; soit dans les hôpitaux, devant un malade inconnu du candidat. Ce dernier est suivi tout au long de cette épreuve qui se déroule en direct. Le candidat doit donc prouver son professionnalisme, montrer sa capacité à réagir face à certains cas. Voilà en quoi consiste ce concours d’agrégation à l’issue duquel les candidats qui auront réussi l’ensemble des épreuves, seront déclarés maitres de conférence agrégés du Cames.
Combien de candidats et membres du jury ?
En termes de statistiques il y aura à peu près 261 candidats, dont 64 femmes, issus de 14 des 19 pays membres du Cames. Ce qui traduit la forte attractivité de ce concours. Pour mémoire, il y a deux ans, le taux de réussite tournait autour de 86%. S’agissant du jury, il y aura à peu près 165 membres qui vont venir évaluer leurs collègues, pour les amener à un niveau de compétence plus élevé. Pour ce qui est des Gabonais, il y a cinq candidats en rhumatologie, gynécologie et pédiatrie.
A quel niveau intervient le secrétariat dans l’organisation de ce concours ?
Notre partition en termes d’organisation est souvent silencieuse. Nous nous chargeons de faire venir au Gabon les 165 professeurs membres du jury. Nous devons les convaincre de faire le déplacement, puis apprêter leurs titres de transport, répartir et ventiler les dossiers des candidats… il y a tout un travail qui se fait en amont de manière silencieuse, et qui aboutit à ce rassemblement. C’est une véritable synergie de savoir-faire de part et d’autre. Nous prenons également en charge tous les perdiems, non pas pour payer l’expertise des membres du jury, s’élevant à plusieurs millions de francs CFA par heure, mais pour encourager leur bonne volonté. En gros, notre travail se résume à l’organisation administrative en amont, la prise en charge du transport, le désintéressement des experts et bien évidemment l’établissement des règles du jeu.
Quelle est la finalité de cette promotion ?
Je dirai simplement que lorsque l’on connaît le rôle que le savoir joue désormais dans la promotion des économies, l’on ne peut que se satisfaire que le Gabon abrite ce 19e concours d’agrégation du Cames. C’est le concours, on peut le dire, du cinquantenaire du Cames. En effet, le Cames vient de fêter ses 50 ans à Ouagadougou (en avril 2018, ndlr). A cette occasion, nous avons décidé de tourner la page, écrire une autre histoire en capitalisant le passé. Le concours de médecine du cinquantenaire va être aussi celui de la transition vers un nouveau concours. Ce qui va inscrire le Gabon dans une dynamique historique. Car, nous allons poser les bases du prochain concours du Cames en médecine, qui sera plus innovant en termes d’organisation.