Ayant échoué à obtenir l’adhésion des populations lors des locales et des législatives en cours, l’opposition gabonaise s’interroge sur la meilleure stratégie à adopter pour ravir le pouvoir au PDG. Certains, y compris dans l’opposition dite radicale, appellent désormais à la concertation en vue d’une réunification comme en août 2016.
Leur déroute aux locales et aux législatives en cours, les différents partis de l’opposition gabonaise l’apprécient comme une leçon donnée par le peuple. Si certains au sein de l’opposition dite modérée, à l’instar de Démocratie nouvelle (DN), le Parti pour le développement et la solidarité (PDS) et le Parti social-démocrate (PSD), croient avoir payé pour leur alliance avec Ali Bongo ; d’autres au sein de l’opposition dite radicale, proche de Jean Ping, ne doutent pas que leur participation à ces deux scrutins a été considérée par les militants et sympathisants du président de la Coalition pour la nouvelle République (CNR) comme une forme de trahison.
Il n’empêche, les deux camps éprouvent des regrets depuis le 6 octobre. Certains en appellent désormais à une union de l’opposition pour tenter de contrer la prégnance de la «nouvelle hégémonie» du Parti démocratique gabonais (PDG).
Pour Jean Christophe Owono Nguema, cadre de l’Union nationale (UN), «la solution se trouve toujours autour d’une table», et non dans l’attente d’une hypothétique intervention de la communauté internationale invoquée par certains leaders de l’opposition depuis la dernière présidentielle au Gabon. Or, ayant récemment pris part à la 51e session de l’Assemblée parlementaire ACP à Bruxelles (Belgique), le 6e vice-président du Sénat l’assure sur sa page Facebook, «la présidentielle d’août 2016 est bien terminée». «Il est temps que nous tenions les états généraux de l’opposition afin de trouver une stratégie à même de nous permettre de neutraliser le système Bongo/PDG, qui est en train de renaître de ses cendres, grâce à nos propres turpitudes», propose-t-il.
La victoire presque sans partage du parti d’Ali Bongo à l’occasion des élections en cours est aussi un motif de crainte pour les opposants, en dépit de leur alliance scellée lors du dialogue politique de 2017. Cadre de DN, Jonathan Ndoutoume Ngome appelle lui aussi à l’union des différents partis de l’opposition.
«Il nous faut faire un effort d’implantation et surtout un effort de regroupement au niveau des partis d’opposition, dont la dispersion explique en partie la débâcle électorale actuelle. Les partis d’opposition doivent comprendre que la règle élémentaire en politique n’admet pas les divisions mais plutôt une mutualisation de moyens humains pour espérer avoir des résultats probants. Autrement dit, les divisions actuelles de l’opposition, la non implantation actuelle de ces partis, et l’égo des leaders constituent les points faibles de cette opposition. Il est plus que temps qu’on arrive à la création des grands regroupements pour les partis d’opposition qui partagent la même vision de la société», a déclaré récemment le ministre délégué à la Protection sociale et à la Solidarité nationale, dans une interview accordée à Gabonreview.
Le sénateur sortant, le ministre délégué, ainsi que nombre de ceux qui dans l’opposition partagent cet horizon seront-ils entendus par leurs formations politiques? Rien ne permet de l’assurer. Les deux camps de l’opposition se regardent en chiens de faïence depuis le dialogue politique de 2017, à la suite duquel certains soutiens de Jean Ping ont répondu favorablement à la main tendue d’Ali Bongo, dont la réélection était alors fortement contestée. L’union de l’opposition n’est donc pas prévue pour demain. Les tensions restent vives.