Libreville – Une jeune fille de 19 ans a échappé à la mort dans la nuit du 10 au 11 Mai 2014 dans la forêt du Cap Esterias, au nord de Libreville.
Il s’agit d’une élève de 3ème au CES de Mikolongo et habitant le quartier Derrière la prison, qui aurait été victime d’un rapt au quartier Awendjé et conduite au Cap Esterias, dans la commune d’Akanda, en banlieue nord de Libreville.
« Le samedi soir, aux environs de 19 heures, j’ai quitté la maison de ma grande sœur à Awendjé pour derrière la prison où je vis avec mes parents. Le taxi que j’ai emprunté avait à son bord deux hommes et non loin, ils ont embarqué un troisième. L’un d’entre eux m’a étranglé, l’autre m’a mis un bandeau sur les yeux et j’ai été par la suite endormie avec une substance inconnue qu’on m’a fait inhaler. Je me suis réveillée quelques heures plus tard dans les bois. Lorsque j’ai repris connaissance, je me suis réveillée avec les yeux bandés et pris de fatigue. L’un des bourreaux m’a enlevé le tissu qui me couvrait la vue. En ce moment, j’ai pu constater qu’il y avait des gens en combinaison noir avec plusieurs autres filles et enfants au même endroit. Dieu merci je n’étais pas attaché comme les autres », a déclaré la jeune fille M.P.M
La jeune fille a confirmé avoir vu ces hommes pincer la langue d’un des enfants et la retirer avec une pince à crochet. Et au moment où l’attention des ravisseurs était attirée par les cris d’une autre fille, elle a profité pour se soustraire.
« Je me suis dit comme tous sont attirés par la fille, n’est ce pas une occasion pour moi de m’enfuir ? J’ai fait tout ce qui était possible pour ne pas faire du bruit. J’ai pris la fuite sans toutefois regarder derrière moi. Prenant la forêt, j’ai entendu derrière moi le bruit d’une tronçonneuse, qui démarrait. Prise de peur j’ai jeté un regard pressant où j’ai vu l’un d’eux à ma poursuite. J’ai couru sans m’arrêter. J’étais épuisée par la course. Une fois de plus, j’ai regardé derrière moi et là je me suis rendu compte qu’ils étaient deux à ma poursuite. L’un a pris une autre piste pour me couper les devants, j’ai réagi comme on nous a toujours dit à l’école, +qu’il ne faut jamais courir tout droit lorsque vous êtes poursuivi+ chose que j’ai respectée à l’instant, je courais en faisant des zig-zag. J’ai eu à les échapper de cette manière et par la grâce de Dieu », a ajouté la jeune fille.
Ce récit très émouvant et poignant amène à deux enseignements au moins, forts utiles pour le Parquet de Libreville.
D’abord cette jeune fille de 19 ans certainement assistée de ses parents, a fait une déposition relative à une scène de rapt sur sa personne, doublée d’un témoignage oculaire de rapt et séquestrations d’autres filles et enfants, des sévices corporels graves consistant à retirer la langue d’un enfant, et d’association de malfaiteurs, autant de crimes et délits punis par le code pénal gabonais.
Ensuite, la déposition de cette jeune fille peut aussi être perçue comme une dénonciation de ces crimes et délits dont devrait se saisir le Procureur de la république pour enclencher les poursuites et recherches qui s’imposent dans la zone dite du Cap Esterias.
Mais en outre, sa sécurité pourrait être menacée sachant que son établissement scolaire a été dévoilé dans la presse, alors qu’elle vient de dénoncer un réseau de dangereux malfaiteurs qui pourraient bien la rechercher parce qu’elle a divulgué l’emplacement de leur site et qu’elle pourrait reconnaitre leurs visages.
De plus, il y a lieu d’investiguer sur tous signalements d’enlèvement de filles et d’enfants, dans le cadre de cette affaire des plus effroyable et qui viendrait nourrir de plus belle la psychose entourant les crimes dits rituels au Gabon et la problématique de l’insécurité qu’elle pose.
Par ailleurs, les examens médicaux de la jeune fille qui ne rapportent que « des dermabrasions cutanées, lésions superficielles du périnée et pas de saignement extériorisé », démontrerait qu’elle n’a pas été violée pendant son sommeil.