S’étant prononcée contre toute participation aux élections organisées par Ali Bongo pour ne pas risquer de le légitimer en tant que président de la République, l’Alliance démocratique et républicaine (Adere) ne soutient pas moins ouvertement quelques candidats aux législatives, en plus d’avoir un candidat à Mouila.
Récemment à Mouila, certains n’ont pas caché leur étonnement, en découvrant à certains endroits du chef-lieu de la province de la Ngounié des banderoles estampillées du logo de l’Adere. L’une d’elles évoque clairement le soutien du parti de Didjob Divungi Di Ndinge au candidat du Rassemblement héritage et modernité (RHM), Serge Maurice Mabiala, au 1er arrondissement de la commune. Mieux, au 2e arrondissement de la même commune, le parti est représenté par Martin Moussavou, en croire la liste définitive du Centre gabonais des élections (CGE), diffusée en septembre dernier.
Pourtant, beaucoup ne s’attendaient pas à voir l’Adere prendre part, ni aux législatives ni aux locales actuelles, puisqu’organisées par Ali Bongo, dont elle nie la légitimité en tant que président de la République. C’est, en tout cas, la principale conclusion du 3e conseil national de cette formation politique, tenu en octobre 2017 à Libreville.
Si au terme de cette rencontre l’Adere n’avait pas explicitement dit «non» aux législatives prévues initialement en décembre de la même année, elle ne s’était pas moins montrée hésitante quant à sa participation à ces élections. A l’époque, le président du parti avait estimé que «le peuple est convié (aux élections), pour simplement donner une caution et un vernis “démocratique” aux ambitions solidairement croisées, d’une nébuleuse oligarchique et d’un clan dynastique». Aussi, l’ensemble des militants avait-il souhaité attendre la position officielle de la Coalition pour la nouvelle République (CNR) à laquelle elle avait promis de se plier.
Or, depuis, la coalition formée autour de Jean Ping a ouvertement refusé de prendre part à une quelconque élection organisée par Ali Bongo. Sans que «la réforme en profondeur du cadre objectif de nos institutions, en rupture avec le système Bongo-PDG et ses mécanismes d’oppression et d’asservissement» qu’il avait exigée n’ait aboutie. Le parti aurait-il décidé de prendre part aux élections actuelles en douce ? A-t-il simplement eu peur de se déjuger ouvertement ? En tout cas, son «alliance» avec Serge Maurice Mabiala à Mouila n’est pas passée inaperçue.