Au Gabon, les animateurs de la scène syndicale ont un certain appétit pour l’argent. Et ce n’est pas le secrétaire national chargé des finances et de l’entreprise au sein du Syndicat de l’éducation nationale (SENA) qui le démentira. L’homme dénonce depuis quelques temps «une situation d’imposture et d’escroquerie» dans les comptes du syndicat.
Les syndicalistes gabonais sont-ils si avides d’argent ? Pour de nombreux individus, proches ou éloignés du fonctionnement de ces organisations qui flirtent souvent dangereusement avec certaines sphères du pouvoir, il n’y a désormais plus de doute, au regard du style de vie pour le moins fastueux de certains responsables syndicaux. Et les doutes qui planent ces derniers temps au sein du Syndicat national de l’éducation (SENA) ne peuvent que confirmer cette triste «vérité».
En effet, au sein de cette organisation faisant partie de la plus puissante des coalitions syndicales du pays (la Conasysed), il règne une atmosphère insoutenable qui a très vite pris à la gorge du secrétaire national chargé des finances et de l’entreprise syndicale. Pour François Angounou Meye, en effet, s’en est trop. L’homme qui s’est aperçu que certains de ses collaborateurs n’hésitaient pas à se servir dans les caisses du Sena, a tout bonnement décidé de couper les vannes. En témoigne une correspondance adressée au directeur de la Bicig, le mercredi 12 mars 2014, en vue d’exiger de la structure bancaire le «blocage du compte SENA/OAJ».
A en croire François Angounou Meye, des individus mal intentionnés puiseraient dans le compte Bicig du SENA sans autorisation et sans y être habilités. En effet, indique-t-il, «conformément aux dispositions de l’article 36 du règlement intérieur du SENA : «Tout document engageant les fonds du syndicat doit être signé du secrétaire général et du secrétaire national chargé des finances et de l’entreprise syndicale». Or, le responsable syndical porté à ses fonctions à l’issue du congrès des 2 et 3 avril 2011 constate des mouvements d’argent qui ne lui sont pas signifiés à l’avance. Le SG, Fridolin Mvé Mess, y serait-il pour quelque chose ? Qu’à cela ne tienne, il nécessite de réagir. Et le responsable des finances du SENA y est allé de la manière forte.
«Je viens solliciter le blocage jusqu’à nouvel ordre du compte SENA/OAJ étant entendu que la cosignataire actuelle, Georgina Eyeng Mefane, occupe plutôt le poste de secrétaire national chargé des relations extérieures et de l’organisation. Elle n’en a donc pas qualité» écrit-il à l’adresse du directeur de l’agence centrale Bicig (Libreville). Et d’ajouter dans la lettre relayée par le journal L’Aube (n°26) : «Nous sommes bien là en pleine situation d’imposture et d’escroquerie par la violation des dispositions des statut du SENA, de l’esprit et de la lettre du congrès.»
Ainsi, est-on désormais en droit de considérer le syndicat de Mvé Messa comme une organisation où chaque membre, pour le moindre pouvoir dont il jouit, est amené à faire comme bon lui semble. L’on comprendrait presque les nombreuses critiques faites les uns contre les autres au sein de ce syndicat… et dans bien d’autres d’ailleurs.