S’il s’est félicité de la décision de la Cour pénale internationale (CPI) de ne pas ouvrir d’enquêtes sur les violences postélectorales de 2016 au Gabon, le gouvernement pourrait bien déchanter.
Rendue le 22 septembre, la décision de la Cour pénale internationale (CPI) de ne pas ouvrir d’enquêtes sur les violences postélectorales de 2016 au Gabon, a fait réagir le gouvernement qui s’est empressé de saluer une «décision juste». Est-ce pour autant que le régime est lavé de tout soupçon ? Non, à en croire certains proches de Jean Ping. C’est le cas de Fabien Méré, membre de la Coalition pour la nouvelle République autour de Jean Ping. «En ce qui concerne la décision de la CPI pour éclairer les Gabonais : ne vous décourager pas. Je vous explique ce que cela signifie et je suis convaincu de la justesse de mon explication», a-t-il affirmé, lors d’une manifestation des Gabonais de la résistance, le 22 septembre à Paris.
«Pour saisir la CPI il y a trois entités : l’Etat, le Conseil de sécurité des Nations unies et le procureur de la CPI lui-même. Le cas du Gabon a été introduit devant la CPI par le régime autoritaire gabonais, c’est le pseudo gouvernement gabonais qui a saisi la CPI. La CPI ne s’est prononcé que sur la plainte du gouvernement gabonais. Il est important que vous le compreniez», a expliqué Fabien Méré.
Selon lui, «dans le dossier de la CPI, le président Jean Ping et tous ceux qui ont été frappés par ce drame ont déposé des éléments dans le dossier de la CPI. Mais ils ne sont pas initiateurs de la plainte parce qu’ils n’ont pas qualité pour le faire. Donc, ce que la CPI a dit hier (le 21 septembre, ndlr), au-delà de toute interprétation politique, répond essentiellement à une question d’ordre juridique à savoir : «le dossier que vous m’avez déposé ne contient aucun élément juridique qui permet aujourd’hui d’engager des poursuites contre Jean Ping et autres». Voilà ce que cela signifie !», a-t-il déclaré.
Le membre de la Coalition pour la nouvelle République croit savoir qu’après sa décision, la CPI pense ceci : «Le dossier que je tiens entre mes mains, vos adversaires ont déposé un certain nombre d’éléments, de documents, qui me font penser et qui me confirment qu’effectivement au Gabon, il y a eu des tueries, des assassinats, des faits très graves, qui relèvent du caractère criminel. Et que cette affaire doit faire l’objet en principe d’une enquête ouverte devant vos tribunaux, vos juridictions. Et je note qu’à ce jour rien n’a été fait, je vous tiens à l’œil. S’il y a de nouveaux éléments, de nouvelles approches, je rouvrirai le dossier s’il le faut. Voilà ce que signifie la décision de la CPI !».
Des explications qui cadrent avec la sortie de l’avocat de Jean Ping, Me Emmanuel Altit. Selon ce dernier, «le procureur ne discute pas de l’importance des crimes commis au Gabon par les autorités, il pose simplement la question de leur qualification juridique. Les autorités gabonaises auraient donc tort de se réjouir, car d’une manière ou d’une autre, la justice passera et la souffrance des victimes sera reconnue, que ce soit devant la CPI ou que ce soit devant d’autres juridictions», a-t-il confié à l’AFP.
En d’autres termes, les problèmes de crimes commis durant la présidentielle de 2016 ne sont nullement remis en cause. «Retenez que la résolution du 14 septembre 2017 issue du parlement européen reste en vigueur. Et cette résolution demandait justement une enquête. Cette enquête qui n’a pas pu être initiée par la CPI, devrait l’être par l’Onu qui a été saisie en bonne et due forme dans cette résolution», a conclu Fabien Méré. Des éléments qui pourraient bien refroidir les ardeurs du camp d’Ali Bongo.