Mercredi en début de soirée, la Fédération gabonaise de football (Fégafoot), par la voix de son président, Pierre-Alain Mounguengui, nommait Pierre Aubame dit Yaya et Daniel Cousin au poste de sélectionneurs nationaux. Ces deux anciens capitaines ont pour mission de qualifier le Gabon à la prochaine Coupe d’Afrique des Nations (Can) de football, qui aura lieu au Cameroun en 2019. Quelques joueurs après cette annonce qui passionne et qui, alimente des débats au sein des observateurs du sport roi gabonais, l’Agence gabonaise de presse (AGP) a recueilli les points de vue de certains nombre de personnes.
Berleck Leckobat (Analyste du football) : «Je me demande déjà si ces ceux-là ont des diplômes requis pour entraîner une sélection nationale. Le passage de Pierre Aubame à la tête des Panthères A' n'avait pas laissé un souvenir positif pour lui. Je ne sais donc pas sur quelle base il a été choisi pour diriger les A. Et depuis cette expérience douloureuse, je ne sais pas si Pierre Aubame père a encore été à la tête d'une équipe de façon directe en qualité d'entraîneur (Il tenait à distance l'Académie PEA qui évolue en D3 à la Ligue de Football de l'Estuaire). Pire, certains joueurs de la sélection risquent de vouloir lui rendre ce que son fils a fait vivre à la sélection et aux autres sélectionneurs depuis un moment avec des arrivées et des départs liés à sa propre volonté (véhicule familial à l'arrivée à l'aéroport, chambre individuelle à l'hôtel, non présence aux matches amicaux, etc.). En parlant du fils, qui va certainement vouloir montrer l'exemple maintenant que papa est à la tête, quel discours tiendra-t-il pour mobiliser le groupe sachant qu'il a été d'une désinvolture rageante depuis longtemps ?
Daniel Cousin était nommé Manager des Panthères, le 30 août 2014 en remplacement d’Alain Claude Grandet qui avait inauguré ce poste en 2011. Le manager général est un technicien chargé de la gestion d'une association qu'il doit développer. Cousin devait donc s'occuper de la gestion des Panthères au quotidien: soucis et préoccupations des joueurs et encadrement médical. Cousin était donc l'interface entre les Panthères, la fédération et le gouvernement. A-t-on l'impression que Daniel Cousin a réussi sa mission ? Pour moi non. En plus, Cousin a participé au fiasco des Panthères avec Jorge Costa; et il vient de rebeloter avec Antonio Camacho. On ne peut pas attendre grand chose de lui. Il devait être viré en même temps que Camacho et son groupe. L'heure est au renouvellement global du staff technique et des joueurs».
Raïssa Laure Medza Me Ndong (Journaliste sportive à Gabon Première) : «Il a déjà été nommé alors que pour la Fégafoot et le ministère, il peut faire l'affaire malgré son passage raté à la tête de la sélection B en 2011 (il avait été éliminé au premier tour du Chan en 2011 : ndlr). Regardons s'il trouvera la formule pour gérer les egos surdimensionnés des footballeurs dont son fils en premier qui choisit ses matchs et son degré d'investissement dans la sélection.
Papa Coach, fils capitaine, est-ce le cocktail qui nous conduira au Cameroun et nous fera dépasser les 1/4 de final si l'on n'en croit l'adage du ‘’ honte à celui qui ne fait pas mieux que son père’’. En dehors d'une palpitante et brillantissime carrière à l'international, Pierre-Emerick Aubameyang peut-il faire mieux pour la maison que son père?
Face au dictat de l'urgence et des résultats écrasants, il aurait fallu confier cette lourde charge et ce défi herculéen à quelqu'un qui a au moins brillé sur le chemin et eu une CAN. Un staff de rompu à la tache dont le mur monté parlerait pour eux. Mais bon, la fumée blanche est sortie de la maison Alexandre Samba avec ce nom. Preuve que tout est possible au Gabon et que notre football reste un véritable jeu de carte avec ses règles non maitrisées. Pour ma part, la qualification ne peut pas être le seul objectif mais bon. C’est ainsi que le jeu est fait. Permettez-moi de rester observateur froid du football gabonais en attendant la réconciliation entre notre sélection et son 12ème homme. On peut au moins se délecter en applaudissant les autres Panthères méritantes, des disciplines sportives lésées au profit du football».
Claude Vincent Ndong Mba (Entraîneur licence B) : «Je pense pour ma part que cette décision est à 70% économique, 15% pour ramener les cadres à jouer avec le cœur et 15% sportif. Économiquement, car, vue la situation financière du Gabon, (s’expliquent par les impayés du coach), il fallait diminuer la masse salariale du staff.
Pierre Aubame a une influence sur son fils. Avec lui on est sûr de le voir à tous les matchs des panthères et aussi les autres métisses. Rien à voir avec ses états d’entraineur.
En ce qui concerne Daniel Cousin, il incarne le respect, la crainte, le sérieux et sincérité. Il a du charisme. Il représente les 15% sportif que j’ai cités plus haut. Pour la situation actuelle de notre poule, ces deux choix pour moi, sont les meilleurs car, on a besoin de Pierre-Emerick Aubameyang sans doute et en toute puissance et aussi de celui là qui va faire la symbiose».
Freddy Koula (Journaliste Consultant Rfi et Canal +) : «C'est une excellente solution provisoire. Et la décision est à mon avis opportune. Pierre Aubame est peut être le moins capé parmi les entraîneurs de football gabonais, mais il a ce que personne d'autre n'a dans ce métier : Du Caractère et de la personnalité. Dans le football moderne, ça compte double. Il a une bonne culture tactique, une rigueur disciplinaire... tout ce qu'il faut à ces Panthères un peu en manque de repères ces derniers temps.
Il ne faudra pas s'attendre à une révolution dans le jeu de notre équipe nationale, mais je suis certain qu'il peut apporter ce fameux choc psychologique et cette grinta tant réclamée par le public. Son échec avec l'équipe locale il y a quelques années lui colle au CV, mais je pense que ça été une bonne chose pour lui».
Marc Arthur Mintsa (Macro économiste) : «Pierre Aubame a toujours convoité ce poste maintenant qu'il y est prions qu'il s'attèle à redresser la machine vétuste et trancher d'embuche qu'est l'équipe nationale de football de notre pays. Personnellement je ne m’attends à pas grand chose au vu de son inexpérience en matière de coaching à un tel niveau. Pour mémoire en 2011, il a été sélectionneur de l'équipe A' et nous avions été éliminés au premier tour du Chan mais également à la Coupe de la CEMAC à domicile. Même pas un au but compteur puis au Chan. En raison de ces minables résultats il a été logiquement débarqué à ce poste. Comme agent de joueur de son fils fiston protégé PEA, on connait son savoir faire avec une expérience dans ce domaine et le fait d’avoir évolué plusieurs années à l'étranger et du nombre de sélection honorées nous saluons l'homme.
Pierre Aubame a été un "bon" joueur, je le concède par contre, le petit 1/4 de finale de 96 là on l'a connu en 2012 donc...A mon humble avis il aurait dû étoffer d'avantage en dirigeant d’abor au Gabon ou ailleurs comme on le voit chez les autres. Sinon bon vent à lui et à son staff pour notre vert jaune bleu… ».
Ladji Nze Diakité (Journaliste à Gabon Media Time) : «Bien qu’aucun des deux n’ait une véritable expérience d’entraîneur à leur actif, à mon avis leur nomination pourra remettre un peu d’ordre au sein de la sélection et surtout, redonner une IDENTITÉ et une ÂME à l’équipe. Contrairement aux précédents entraîneurs, ils connaissent le football local pour y avoir évolué, ils connaissent la mentalité gabonaise, le public gabonais (qu’on néglige mais qui a un véritable impact sur cette équipe), ils jouissent d’une certaine popularité et surtout ils sont respectés. Leur seul souci est le manque d’expérience, mais Zidane n’en avait pas non plus en arrivant au Real et pourtant il repart avec 3 C1».