Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment
Accueil
News
Société
Article
Société

Fraude et exactions dans le secteur bois : Talibois pris la main dans le sac
Publié le mercredi 19 septembre 2018  |  Agence Gabonaise de Presse
Gabon
© Autre presse par DR
Gabon : trafic de bois précieux
Comment


Talibois du célèbre exploitant Gao Jingzhu se trouve une nouvelle fois au cœur de scandales et de critiques. Selon certaines informations, une mission rondement menée récemment par les ONG Conservation Justice et Muyissi Environnement, dans une forêt environnante de la localité de Yombi, dans la Ngounié (Sud), a été organisée. Plusieurs cas d’exploitation forestière illégale ont été observés.

Les événements se sont déroulés le 4 septembre dernier. Dans la perspective de faire procéder à une vérification des propos tenus par les populations de Yombi et alentours, les ONG ont informé la Direction provinciale des Eaux et forêts de la Ngounié pour une mission des Officiers de police judiciaire (OPJ) sur les sites indiqués.

À cet effet, deux agents des Eaux et Forêts ont été désignés pour procéder à la vérification. C’est ensuite le Procureur de la République près le Tribunal de Première Instance de Mouila qui a été informé avant que la Police Judiciaire ne confie cinq de ses éléments à la mission.

C’est donc une équipe de 7 OPJ et de 2 éléments des ONG Muyissi Environnement et Conservation Justice qui s’est rendue sur les sites qui défrayaient la chronique dans le département de Tsamba Magotsi. Le constat a été celui de plusieurs parcs à bois disséminés un peu partout dans la forêt.

Selon les résultats obtenus, il a pu être dénombré 9 parcs à bois pour un total d’environ 146 billes au sol, abattues en totale illégalité. Sans compter plusieurs autres bois coupés et non débardés, dont les souches sont également non marquées. La quasi-totalité des bois ne respecte pas le diamètre minimum d’exploitabilité et, surtout, il ne s’agit visiblement pas du permis de Talibois.

En outre, une exploitation sauvage a été notée, sans aucun respect des normes d’aménagement. En effet, des cours d’eau ont été obstrués, chose qui engendrera sans doute des conséquences pour les populations. Deux bulldozers ont été retrouvés dissimulés dans les feuillages.

Ainsi, fort de ce constat, la ténacité des agents de la Police Judiciaire a permis de mettre la main sur deux individus qui ont confirmé les informations reçues auparavant. Il s’agit des sieurs Dominique Allogo, conducteur d’un des deux bulldozers découverts dans la forêt, et de Guioula André Claude, qui avait tenté de fuir, tous deux travaillant pour le compte d’un responsable Chinois de Talibois, Gao Jingzhu, dit «Jimmy».

Les deux «suspects» ont indiqué que le Chinois Jimmy a mené cette activité illégale en complicité avec un villageois Moukakou Didier alias «Careca» qui serait à l’origine de la coupe de 32 pieds. Les deux personnes interpellées ont avoué également que l’autre exploitation découverte était menée par un autre responsable de Talibois appelé Eyamane Jean Parfait et que celui-ci également a pour complice un autre villageois.

A la suite de ces arrestations et constats, l’équipe s’est rendue à Talibois où le sieur Petio Sosthène, responsable du personnel de TBNI (qui a acheté l’usine Talibois et collabore manifestement avec Talibois), a été interpellé, car les informations reçues faisaient également référence à sa personne qui était chargée de transporter les abatteurs illégaux. Sans nier les faits, il a affirmé ne pas savoir qu’il s’agissait d’une exploitation illégale. Il aurait rendu service aux deux responsables de Talibois (version confirmée par ces derniers).

En outre, sur place à Yombi, le sieur Moukakou Didier alias Careca a été interpellé. Il a confirmé par ailleurs les faits qui lui sont reprochés et a déclaré avoir abattu 32 pieds et s’est entendu ensuite avec le Chinois «Jimmy» (total de plus de 146 pieds identifiés, probablement plus de 200).

C’est plus tard à Fougamou que les responsables de Talibois Gao Jingzhu «Jimmy» et Eyamane Jean Parfait ont été appréhendés. Tous deux ont reconnu les faits et ont déclaré avoir mis les moyens d’exploitation en vue d’acheter le bois illégal pour aider les villageois, quand bien même ils n’avaient aucune autorisation du ministère des Eaux et Forêts. Les 5 concernés ont passé la garde à vue à la Brigade de gendarmerie de Fougamou.

Une fois rentrés à Mouila, le dimanche 9 septembre dernier, alors que les agents voulaient placer tous les mis en cause en garde à vue à la PJ, la démarche a été remise en question par le Directeur provincial des Eaux et Forêts de la Ngounié qui estimait que les deux responsables de Talibois ne devraient pas être placés en garde à vue, car n’ayant pas été interpellés sur les lieux d’exploitation.

Le Procureur de la République a également estimé que les suspects avaient suffisamment de garantie de représentation pour ne pas être placés en garde à vue, et que des convocations suffisaient. Il a donc donné instruction aux agents de la PJ de donner des convocations aux mis en cause afin qu’ils puissent passer au poste, le lundi 10 septembre, pour la suite de la procédure. Ils ont été entendus sur procès-verbal, en attendant la suite de la procédure.

Cette affaire dont le dénouement est attendu est atypique. Depuis plusieurs années, les ONG dénoncent les complicités par lesquelles se protègent certains exploitants forestiers et le manque de sanctions dissuasives qui pourraient freiner leurs activités illégales. Des complicités relevées d’ailleurs par le projet Contrôle de l’Aménagement Forestier lors de ses missions. Ce projet avait démontré que l’État perd des dizaines de milliards de F CFA annuellement en raison du blanchiment de bois et de l’exploitation forestière illégale. Il est à regretter que ce projet, qui avait rapidement fait ses preuves, ait été suspendu, du moins en ce qui concerne ses activités de terrain.

Toujours dans la province de la Ngounié, les ONG avaient déjà porté plainte en 2017 contre la société BGS (Boussougou Guy Serge) Exploitation et CHAN-JIN CHAO qui avaient exploité illégalement des centaines d’arbres sans être véritablement inquiétés. Toujours en 2017, elles avaient porté plainte, pour une exploitation illégale à proximité du village Lambaréné-Kili. Ces affaires sont restées sans suite au niveau de la justice jusqu’à présent.

Chancelle Biket Onanga
Commentaires

Sondage
Nous suivre
Nos réseaux sociaux


Comment

Comment