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Législative 2018 : Norbert Ngoua Mezui veut l’application de l’austérité aux nantis
Publié le lundi 17 septembre 2018  |  Gabon Review
Norbert
© Autre presse par DR
Norbert Ngoua Mezui, candidat à la députation de Démocratie nouvelle au 1er siège du 2e arrondissement de la commune de Libreville.
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Législatives, austérité, train de vie de l’Etat, Dialogue d’Angondjé, crise posté électorale…tels sont les thématiques abordées par Norbert Ngoua Mezui, le candidat de Démocratie nouvelle (DN) au 1er siège du 2e arrondissement de Libreville aux élections législatives du 6 octobre prochain.

Gabonreview : Candidat pour le compte de Démocratie nouvelle (DN), qui est Norbert Ngoua Mezui ?

Norbert Ngoua Mezui : Je m’appelle Norbert Ngoua Mezui. Je suis né le 1er août 1955 à Bitam dans le nord du Gabon, plus précisément dans un village appelé Oyan-Mve, du clan Meba. J’ai été admis au concours d’entrée en sixième pour le Lycée Léon Mba en 1969. J’ai passé sept années avant d’obtenir mon baccalauréat série «D» et j’ai été orienté dans les filières scientifiques à l’université nationale du Gabon. C’est comme cela que l’université s’appelait à l’époque. Après mon diplôme d’étude scientifique (DESS), je me suis embarqué pour la France, plus précisément à Poitiers où j’ai effectué mes études universitaires à la faculté des sciences et particulièrement en Géologie. Après mon diplôme des études approfondies (DEA) en Géomorphologie, j’ai passé encore une année en France pour préparer un DESS en Aménagement du territoire et développement local, toujours à la faculté des sciences économiques de Poitiers. De retour au Gabon, j’ai été embauché par le ministère de l’Education nationale comme enseignant des lycées. J’ai enseigné dans plusieurs lycées du Gabon, à Lambaréné, Makokou, Koula-Moutou, Oyem et à Libreville, notamment aux lycées Léon Mba et Indjendjet Gondjout. J’ai pris ma retraite en 2015. C’est ce que je suis dans ma vie privée et professionnelle.

Mon engagement politique date des années 1990, à l’issue de la restauration de la démocratie. De retour de la France, je suis happé par l’effervescence sociale et politique qui régnait à cette époque. J’ai été parmi certains acteurs, sur le plan politique ou syndical, qui ont poussé pour des réformes intervenues dans le cadre de la Conférence nationale de 1990. Je me suis investi également dans le Syndicat de l’éducation nationale (Sena), auprès de Ngoua Ngou, Christiane Bitouga et bien d’autres. Politiquement, comme vous le savez, je suis membre de Démocratie Nouvelle (DN), un parti politique crée le 28 avril 2016 à Libreville.

Vous êtes né à Bitam, mais vous vous présentez à Libreville, notamment au 1er siège du 2e arrondissement de Libreville. Qu’est-ce-qui justifie le choix de cette circonscription électorale ?

La première des choses que je dis souvent lorsqu’on me pose cette question, c’est que le Gabon est un et indivisible. La deuxième des choses, et je partage cette conviction avec bien d’autres, je pense que les conditions de vie des populations d’Oyan-Mve ou des autres cantons dont je suis originaire, ou de manière générale, les conditions de vie des populations de Bitam ou du Woleu-Ntem ne sont pas différentes de celles des populations de Cocotiers, Pleine-Orety, etc.

Cela veut donc dire qu’autant j’aurai pu me présenter à Bitam pour défendre les mêmes intérêts, autant je peux le faire à Libreville pour défendre les mêmes intérêts, ceux des populations qui habitent le 1er siège du 2e arrondissement de Libreville. Et j’ajoute qu’il faut qu’on se départisse de cette conception géopoliticienne de la vie politique du pays où on ne peut se présenter à une élection législative que là où on est né.

Dans ma vie antérieure, en tant qu’universitaire, je suivais l’actualité politique française. J’ai vu des partis politiques comme le Parti socialiste faire élire des députés dans les circonscriptions dont ils n’étaient pas forcement originaire. Cela ne me pose aucun problème de pouvoir défendre, à l’Assemblée nationale, si je suis élu, les intérêts des populations de Cocotiers, du Boulevard triomphal, de Nkembo, de Sociga, etc. Comme je vous l’ai dit, ce sont, à quelques différences près, les mêmes conditions de vie.

De syndicaliste vous êtes aujourd’hui politicien dans le sens propre du terme. Qu’est-ce qui motive votre entrée en politique et surtout cette candidature aux législatives ?

Ce sont d’abord mes convictions. Parce que, vous parlez de syndicalisme, mon premier contact avec ce qui pourrait être assimilé à un syndicat, c’était l’Association générale des étudiants gabonais de France. Cette structure était une entité territoriale de la Fédération des étudiants d’Afrique noire francophone. A l’époque, nous faisions aussi bien du syndicalisme, avec un parfum de politique. Parce que nous estimions à l’époque que, tout en revendiquant nos conditions d’apprenants, nous ne pouvions restés indifférents de ce qu’il se passait dans nos pays respectifs. C’est ce qui m’a donné le goût de la lutte syndicale et politique, parce que les contradictions sont toujours les mêmes.

Quels arguments pour conquérir l’électorat?

La première idée est politique. Le Gabon a besoin de réformes politiques pour assoir une démocratie véritable dans le pays. Un certain nombre de réformes a été préconisé par le Dialogue politique d’Angondjé, mais ce n’est pas suffisant. Il faut les poursuivre pour que, plus que jamais, les Gabonais se reconnaissent en leurs gouvernants. C’est le premier volet.

Le second est d’ordre économique. La nature rentière de notre économie a paupérisé une très large partie de la population gabonaise. Vous avez des chômeurs, des filles-mères, vous avez des familles qui n’ont pas de revenus conséquents pour vivre. Il y a des problèmes de santé, d’éducation et de formation. Tous ces problèmes doivent être portés par les députés à l’Assemblée nationale. Ils doivent les faire connaitre à d’autres élus. Puisque le nombre de candidats investis par Démocratie nouvelle ne pourrait pas lui permettre, même s’ils sont tous élus, de disposer d’une majorité à l’Assemblée nationale, nous comptons, du moins pour ceux qui seront élus sur la bannière de notre parti, faire entendre la voix de ces chômeurs, de ces filles-mères sans revenu, de ces handicapés, de ces familles complètement démunies qui n’arrivent pas à envoyer leurs enfants à l’école, de ces malades qui n’arrivent pas à se faire soigner. Nous porterons leurs voix et si nous sommes entendus, nous espérons que ceux qui gouverneront le Gabon à l’issue des élections qui s’annoncent pourront apporter des solutions à tous ces problèmes.


© Gabonreview

Le contexte politique et social actuel est-il favorable pour la tenue des élections équitables, transparentes et crédibles ?

Je fais partie de ceux qui ont négocié les réformes électorales lors du Dialogue d’Angondjé. Je peux vous donner quelques lignes : nous avions à l’époque une Commission nationale électorale autonome et permanente (Cenap). Cette commission avait à sa tête un président désigné par la Cour constitutionnelle. Ce qui posait un problème de vases communicants, entre la personnalité placée à la tête de cette instance pour gérer les élections du Gabon et la Cour constitutionnelle. Dieu seul sait ce que les Gabonais en pensent. Mais nous avons coupé ce cordon ombilical. Aujourd’hui, le président du Centre gabonais des élections (CGE) est élu par un collège spécial composé en partie, des représentants de la majorité et de l’opposition, après appel à candidature. C’est déjà une avancée par rapport à ce qu’il se passait avant.

Deuxièmement, le Bureau du CGE, tel qu’il est élu, est composé, à parité, des membres de l’opposition et des membres de la majorité. Troisièmement, et cela est fondamental, vous savez que ce qui a toujours jeté les Gabonais dans la rue, c’est l’annonce intempestive des résultats par le ministre de l’Intérieur. Cependant, la majorité des Gabonais pensait que ces résultats n’étaient pas conformes à la réalité des urnes. Aujourd’hui, avec des réformes qui ont été mises en place à l’issue du Dialogue d’Angondjé, les sous-préfets, préfets, gouverneurs, le ministre de l’Intérieur n’interviendront plus que dans les opérations pré-électorales, c’est-à-dire la liste électorale, le travail administratif, le convoyage des bureaux de vote, etc.

Lorsqu’arrivent les opérations électorales proprement dites, cela est du ressort du CGE. Ce qui veut dire que l’annonce des résultats qui était de la compétence du ministre de l’Intérieur, revient au CGE. C’est désormais cet organe qui annoncera les résultats des élections. Nous pensons que c’est une avancée très significative par rapport à ce qu’il se passait avant.

A vous entendre, Démocratie Nouvelle a obtenu gain de cause au Dialogue d’Angondjé.

Il faut d’abord souligner que le Dialogue d’Angondjé est une instance qui a permis à des entités ou partis différents de se rencontrer, d’échanger afin de parvenir à des compromis. Cela veut dire qu’on ne peut pas forcement obtenir tout ce que l’on veut à l’issue de ce Dialogue. Parce le terme compromis est là. Vous faites des concessions et l’autre partie fait des concessions. C’est cela l’essence et l’esprit du dialogue. Nous avons obtenu beaucoup de choses.

Démocratie Nouvelle est dans l’opposition ou à la majorité ?

Démocratie Nouvelle est née, je vous l’ai dit, le 28 avril 2016. Nous avions organisé le Congrès constitutif qui a abouti au vote d’une motion de soutien au candidat de l’opposition, Jean Ping. Ça veut donc dire que nous faisons partie des forces politiques gabonaises qui militent pour l’alternance et le changement. Malgré notre présence au Dialogue d’Angondjé, nous n’avons jusqu’à maintenant, en dehors du protocole d’accord qui en est suivi, signé aucune charte, aucun pacte qui fait de nous une composante de la majorité républicaine et sociale pour l’émergence.

Nous nous positionnons, toujours et résolument, dans l’opposition politique. Toutefois, je dois ajouter que notre conception de l’opposition est peut-être différente de celle des autres. Nous pensons que nous avons, dans le cadre de Démocratie Nouvelle, à mener des luttes démocratiques pour parvenir au pouvoir. Ce qui veut dire que nous n’entendons pas parvenir au pouvoir en usant de la violence ou en usant des armes. Nous voulons parvenir au pouvoir quel que soit le temps que cela va nous prendre, par les urnes et des élections.

C’est comme cela que nous considérons que nous sommes un parti qui milite toujours pour l’alternance et le changement. Nous n’avons jamais renié cela. Et nous allons y parvenir par des élections. C’est l’une des raisons qui nous a amené à participer au Dialogue d’Angondjé. Parce que nous pensions que, et cela est vrai, tel que fonctionnaient les institutions de la République gabonaise, tel que le système électoral était fait, nous ne pouvions pas avoir des élections crédibles et transparentes. Et au cours de ce Dialogue, nous avons arraché un certain nombre de réformes qui permettent de penser aujourd’hui que les élections peuvent être organisées dans notre pays, sans envisager une autre crise postélectorale.

Il y a des personnalités qui sont jusqu’à présent emprisonnées. Si vous siégez à l’hémicycle au terme des législatives 2018, qu’allez-vous faire pour leur cas ?

Nous sommes des défenseurs des libertés fondamentales dont la liberté de manifester pacifiquement, la liberté d’association, la liberté d’expression. Et nous pensons que toutes les personnes qui peuvent être emprisonnées ou qui le sont, parce qu’elles auraient exprimé leurs opinions, parce qu’elles auraient manifesté pacifiquement, doivent être libérées.

Et c’est la même voix que je porterai à l’Assemblée nationale pour redire la même chose : tout Gabonais emprisonné en raison de ses opinions, expressions, en raison d’un acte posé pacifiquement pour revendiquer telle ou telle chose, doit être libéré et doit bénéficier de sa liberté, et cela sans condition.

Vous pourrez donc plaider pour Bertrand Zibi et d’autres compatriotes qui sont encore détenus à la prison centrale ?

Je pourrais plaider le cas de tous ceux qui sont emprisonnés pour avoir émis des opinions, manifesté pacifiquement, posé des actes pacifiques sans que cela ne suscite des heurts et des violences dans la rue. Que cette personne s’appelle Bertrand Zibi ou autre, je m’investirais à faire en sorte que cette personne soit libérée.

Vous avez certainement suivi l’émission «Face à la Nation» du Chef de l’Etat le 30 août dernier. Pour lui, les Gabonais devraient encore tenir dans les difficultés actuelles pendant au moins trois ans. Quel commentaire faites-vous en ce moment où vous faites campagne pour siéger à l’Assemblée nationale?

Le commentaire que j’en fais est le suivant. Depuis son accession à la souveraineté internationale, le Gabon vit tel un Etat rentier. C’est à dire que fondamentalement le pays ne produit pas de richesses, son économie est extravertie. Ce qui veut dire que nous dépendons exclusivement de l’extérieur. Parallèlement, le train de vie de l’Etat gabonais est exorbitant. Ce que dépense l’Etat gabonais mensuellement est exorbitant par rapport aux richesses générées dans le pays. Cela veut dire que des mesures économiques qui tendront à réduire ce train de vie de l’Etat s’imposent.

Cependant, malgré cette situation d’Etat rentier, malgré un appareil productif qui ne répond pas forcément aux besoins des populations, il y a quand même eu au Gabon, une minorité de personnes, une minorité opulente, de familles qui a largement bénéficié des richesses du pays. Cette minorité et ces familles, on les retrouve aussi bien dans ce qu’on appelle aujourd’hui l’opposition que du côté de ceux qui exercent encore le pouvoir. Mon point de vue est que, puisque votre question est relative à l’austérité, l’on applique cette austérité aux nantis, aux gens qui sont riches et que cela s’accompagne de la prospérité de ceux qui sont ou qui ont toujours été jusqu’à maintenant pauvres.

La Cour constitutionnelle a récemment fixé les tarifs des contentieux électoraux? Quelle est votre appréciation sur cette décision ?

J’avoue mon ignorance sur cette question. Parce que jusqu’à maintenant, les recours étaient gratuits. C’est-à-dire que lorsque vous avez déposé votre dossier de candidature auprès de la Cenap, aujourd’hui auprès du CGE, si elle était rejetée, vous saisissez la Cour constitutionnelle avec des arguments juridiques à l’appui et on peut vous réhabiliter. Mais je suis fort surpris de voir que depuis que les candidatures ont été rejetées en ce qui concerne les prochaines élections locales et législatives, la Cour exige une certaine somme à ceux qui font des recours. Je ne sais pas si cela est légal ou conforme à la loi, mais j’avoue mon ignorance en ce qui concerne ce dossier.
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