C’est ce qui ressort de la restitution, de l’étude commanditée par la Banque Africaine de développement (BAD) sur la faisabilité de l’industrialisation durable de la filière bois dans les pays Bassin du Congo d’ici à 2030, dont les travaux ont été clos, le jeudi 13 Septembre à Libreville, par le ministre gabonais délégué aux Eaux et Forêts, Léa Mikala en présence de plusieurs de ministres chargés de la forêt des pays d’Afrique centrale, des communautés économiques régionales et de plusieurs autres invités.
Les résultats de cette étude dévoilés par Nicolas Bayol, au nom de l’entité réalisatrice de ladite étude (FRM Ingénierie), indiquent qu’en termes d’injection de capitaux, le financement durable de la filière bois en Afrique centrale est conditionné par la mobilisation de ce montant.
«2,4 milliards d’€ sont requis pour l’objectif de l’augmentation de la production fixée à 15 millions de grumes/an d’ici à 2030. Soit 300 millions d’€ par millions de m3. En ajoutant les besoins des entreprises actuelles pour la modernisation de leur équipement on arrive à un montant total de 3,3 milliards d’€ d’ici à 2030 qui doivent être injectés dans le secteur forestier. Soit 2,75 millions par an à mobiliser sous forme de prêt, capitaux privés, APD», a-t-il dit.
Aussi la vision 2030 de la filière industrielle du bois dans le Bassin du Congo envisage intégrer les engagements pris par les différents pays en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
Le rapport fournit 10 axes et objectifs stratégiques qui vont permettre la mise en œuvre du processus d’industrialisation de la filière bois dans le bassin du Congo. Ces axes ont deux volets. Le 1er volet s’intéresse directement à la structuration industrielle de la chaine de valeur qui part de la grume à la 3e transformation. Le second volet s’intéresse à l’environnement (juridique, fiscal, logistique, financier et énergétique) dans lequel cette transformation doit s’opérer.
Il s’agit de l’interdiction d’export de grume comme premier axe stratégique permet de sécuriser l’approvisionnement et de développer l’industrie locale. Le deuxième axe stratégique propose une augmentation des surfaces forestières. Le troisième axe stratégique prévoit un accroissement du taux de prélèvement de grumes en forêt. Il passera de 0 .15ha / m3 / an à 0.30 ha / m3 /an à l’horizon 2030. Le quatrième axe repose sur le changement de paradigme industriel.
Les six autres axes s’articulent respectivement sur renforcer le statut juridique et des règles de concessions forestières, la réduction des distorsions fiscales entre les pays, le renforcement des institutions et les législations, l’investissement dans les infrastructures logistiques et énergétiques, l’instauration d’un nouveau climat de confiance entre le secteur bancaire et les investisseurs forestiers et industriels du bois.
Des éléments pouvant préalablement conduire à la concrétisation de la vision d’ici à 2030 de l’industrie du bois du bassin du Congo relevés par ladite étude prévoient notamment une augmentation de près de 50% de la surface affectée à la production forestière et durable, un doublement des taux de prélèvements bois en forêt qui couplé à l’objectif d’accroissement des surfaces forestières, Une transformation industrielle locale de 100% de la production de grumes, Une plus grande part de marché dans le secteur des bois tropicaux, Une évolution des revenus fiscaux, évolution en terme d’emploi, un passage de la contribution du secteur forestier dans le PIB d’un taux actuel comprise entre 1% et 13% à un taux compris entre 3% et 20%.
Aussi la vision 2030 de la filière industrielle du bois dans le Bassin du Congo envisage intégrer les engagements pris par les différents pays en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
Dans son intervention, le vice-président de la BAD en charge du Développement régional, de l’Intégration et de la prestation des services, Dr. Khaled Shérif a salué le modèle gabonais qui a stimulé la réalisation de cette étude à travers l’interdiction d’exportation des grumes décidée par le président Ali Bongo en 2010 et la création de la Zone économique spécial de Nkok à près d’une trentaine de kilomètre de Libreville.
Tout en exprimant sa volonté d’accompagner les pays d’Afrique centrale, il a lancé à l’assistance que «si nous continuons à importer les bois, nous donnons du travail chez les autres(…) Nous devons amener cette valeur ajouté chez nous».
Un message partagé par le président de la commission de la CEMAC, le professeur Daniel Ona Ondo et le secrétaire exécutif de la COMIFAC (Commission des forêts d’Afrique centrale), Romain Ndomba Ngoye. Ces derniers ont promis respectivement accueillir favorablement les résultats de l’étude et de ne ménager aucun effort pour accompagner les pays membres de la sous-région dans le processus d’industrialisation durable de la filière bois.
L’étude, commanditée par la BAD, s’inscrit dans le cadre du Document de stratégie d’intégration régionale (DSIR Afrique centrale 2018-2025,). Il vise globalement à améliorer le commerce intra-régional pour soutenir la croissance économique inclusive, durable et la transformation structurelle en Afrique centrale.