L’incident survenu sur l’Airbus A340 de la compagnie Air Belgium, qui assurait le vol AF926, le 12 juin 2018, pour le compte d’Air France est loin d’avoir trouvé son épilogue. Malgré le démenti de la compagnie aérienne française, des éléments issus du rapport du Bureau d’enquêtes incidents et accidents d’aviation (BEIAA) démontrent qu’elle aurait fait preuve d’imprudence en confiant ce vol à une compagnie qui effectuait un «vol technique», quelques jours seulement avant ce qui aurait pu finit en catastrophe.
Selon les explications d’un expert de l’aviation, ce vol dit technique qui a été effectué le 3 juin en partance pour Hong Kong devait permettre de contrôler toutes les procédures et de peaufiner les derniers détails. Sauf que l’appareil incriminé s’est retrouvé deux jours plus tôt, alors qu’il n’avait pas encore reçu l’autorisation des autorités aéronautiques, de transporter 109 passagers sur la ligne Paris-Libreville pour le compte d’Air France. Au moment du décollage, un incident a contraint les membres d’équipage à évacuer subitement l’appareil.
Alors que le premier incident était encore en mémoire et que les passagers s’étaient plaints du manque de communication et de considération de la part de la compagnie française, cette dernière s’était une fois de plus attaché les services d’Air Belgium lors du vol AF926 du mardi 12 juin 2018. Effectuant le vol Libreville-Paris-Charles de Gaulle sur le A340-300 de la compagnie belge. « C’est aux environs de 19 heures 35 minutes que l’aéronef de type AirBus 340 immatriculé 00-ABB de la compagnie Air Belgium affrété par la Compagnie Air France (…) a eu un incident en vol. Une fuite hydraulique s’est déclenchée au niveau du moteur », peut-on lire dans le rapport confidentiel de la Gendarmerie nationale présente sur les lieux lors de l’incident.
Selon l’enquêteur technique assermenté Serge Olivier Nzikoue qui était en charge de l’enquête et dont le rapport a été validé après analyse approfondie par le directeur général du BEIAA Dieudonné Mfoubou Mouddhouma, les incidents du 2 et du 12 juin auraient eu pour conséquence « un dysfonctionnement du système de freinage avant l’atterrissage ». Cette situation a contraint le pilote à solliciter un grand dispositif de sécurité à l’atterrissage avec présence de sapeurs pompiers.
Au demeurant, l’affrètement du A340-300 (la compagnie ne disposant que de deux appareils jusqu’en août) d’Air Belgium dans la nuit du 2 et 3 juin n’était pas autorisé à transporter un nombre aussi important de passagers, car n’ayant pas obtenu à ce moment– là l’ordonnance prescrite par l’autorité aéronautique. Pis, pour l’incident du 12 juin, selon le rapport de l’Unité d’investigation des accidents aériens consulté par Gabon Media Time, le mécanicien instructeur n’était pas qualifié puisqu’il ne disposait que d’une licence Airbus 320 et 321 seulement et non d’une licence 340.
Malgré les élements concordants mettant à mal la compagnie française, corroborés par la députée de la République en marche Amal-Amélia Lakrafi qui attirait l’attention de la ministre française des Transports, sur « les difficultés rencontrées de manière récurrente » par les passagers de la compagnie, elle n’a jamais daigné reconnaître sa culpabilité. Elle avait d’ailleurs démenti avoir fait l’objet d’une « amende forfaitaire de 5 milliards de Fcfa pour ces manquements graves et pour le préjudice moral à l’Etat Gabonais».
Des sources proches du dossier soupçonneraient certains officiels gabonais de deal avec Air France pour enterrer l’affaire. « Il n’est un secret pour personne qu’autour de cette affaire qui est loin d’être terminée, des commissions et autres enveloppes auraient circulé notamment du côté du Bureau d’enquête ou des autorités du ministère des Transports qui n’a jamais communiqué dessus », a confié une source proche de ce département.
Dans un souci d’équilibre de l’information, nous avons joint Air France qui comme dans son communiqué, a une fois de plus nié avoir reçu les conclusions du rapport d’enquête encore moins avoir été condamnée à payer une quelconque amende. Toute chose qui devrait interpeller les plus hautes autorités afin que ce rapport soit rendu public pour que les passagers et les Gabonais soient informés de ce qui s’est réellement passé les 2 et 12 juin 2018.