Politique«Le Chef de l’Etat a relevé un certain nombre d’aspects qui valent instructions pour ses collaborateurs que nous sommes» (Noël Nelson Messone)
Publié le jeudi 6 septembre 2018 | Agence Gabonaise de Presse
C’est ce qui ressort de l’interview que le ministre gabonais des Relations avec les Institutions constitutionnelles, Noël Nelson Messone, a accordé, mardi à Libreville, à la rédaction de l’Agence gabonaise de presse (AGP), dans le cadre du décryptage du passage du président de la République, Ali Bongo Ondimba, le 30 août dernier à l’émission «Face à la Nation». Au cours d’un entretien téléphonique, le membre du gouvernement a tenu à donner ses différents points de vue sur les réponses apportées par le responsable de l’Exécutif, notamment sur les sujets à caractère social.
Agence Gabonaise de Presse : Le président de la République était face aux gabonais le 30 août dernier dans le cadre de l’émission «Face à la Nation». D’entrée de jeu, quelle est votre réaction ?
Noël Nelson Messone : «Il s’est agi d’un exercice qui montre la proximité que le Chef de l’Etat souhaite avoir avec ses compatriotes et dialoguer avec eux sans tabou, en toute simplicité et aborder toutes les questions qui sont d’intérêt et qui préoccupent l’ensemble de nos compatriotes. C’est un exercice qui a donc permis à la population de s’adresser directement au Chef de l’Etat et de recueillir auprès de lui, certains éléments de sa vision pour l’avenir du pays et de savoir comment il entend répondre aux préoccupations de nos compatriotes. Encore une fois, c’était un exercice très intéressant, très utile et qui montre la volonté du président de la République de continuer à cultiver une nouvelle relation, une relation différente avec l’ensemble de ses compatriotes».
Au sortir justement de cette émission, nombreux sont ceux qui sont restés sur leur faim. Que répondez-vous ?
«Je pense que sur une conversation d’à peu près une heure de temps, il est très difficile de tout aborder, de donner toutes les réponses, d’approfondir toutes les questions. D’autant plus que l’occasion ayant été donnée à nos compatriotes, chacun voulait exprimer ses préoccupations. C’était un premier exercice inédit dans notre pays. En conséquence, je pense que le président de la République veut surtout, dans un premier temps, répondre à toutes ces questions sachant que dans un exercice d’une heure, il est très difficile d’aller au fond de toutes les questions et de donner tous les détails. Je pense qu’il y aura d’autres occasions et la possibilité pour les membres du gouvernement que nous sommes, de revenir là-dessus à différentes circonstances pour davantage étayer ou expliciter les réponses que le Chef de l’Etat a données à ses compatriotes».
Au cours de son intervention, le président de la République a rassuré les gabonais que les mesures de redressement des finances publiques vont permettre un nouveau départ du pays où tout ira pour le mieux. Quelles sont les garanties de cette affirmation ?
«Le président de la République a été clair dans un certain nombre d’éléments qui ont trait aux mesures qui ont été prises. D’abord, il assuré à l’ensemble des compatriotes que les mesures sociales et le cap sur la politique sociale seront maintenus. C’est un élément important. Il faut aussi signaler que certaines mesures de la réduction du train de vie de l’Etat ne vont pas toucher les populations qui sont au bas de l’échelle dont les salaires ne sont pas plus élevés. Il s’agit là des éléments importants à retenir également. Ensuite, l’effort qui est fait sur les filets sociaux sera maintenu. De même, dans les secteurs qui sont fondamentaux pour un pays, notamment la Santé et l’Education, les efforts qui ont été décidés sont maintenus avec la plus grande vigueur. Je pense que sur ces aspects précités, le président n’a fait que rassurer ses compatriotes. Maintenant, tout cela va avec le redressement des finances publiques parce qu’il faut de l’argent pour financer le social, entre autres, l’Education et la Santé. Contrairement à ce que beaucoup de gabonais pensent, nous ne sommes pas imposés par le FMI et la Banque Mondiale. Ces mesures ont été prises après une analyse froide, responsable de la situation du pays pour qu’il soit maintenu sur des bons rails et que l’on dégage des ressources qui commencent à s’éparpiller afin de les focaliser sur l’essentiel».
S’agissant de la bonne gouvernance, le président Ali Bongo Ondimba a déclaré que ceux des responsables qui vont s’illustrer par la mauvaise gestion vont en répondre. Le gouvernement auquel vous appartenez pourra-t-il y arriver en mettant les mauvais gestionnaires hors d’état de nuire ?
«Je crois qu’il y a un effort qui est requis de tous. L’ensemble des agents de l’Etat doit prendre ses responsabilités dans ce sens. Il va falloir que nous nous mettions tous au travail. Aussi, les ministres et hauts responsables que nous sommes, devrions tout faire pour veiller à ce que les mesures prises par le chef de l’Etat soient appliquées. C’est déjà ce qui est déjà entrain de se faire. De telles mesures prennent bien sûr du temps pour être exécutées avec la plus grande sérénité et le plus grand sérieux. Nous, collaborateurs du président de la République que nous sommes, n’avons pas d’autre choix que de les appliquer pour le bien des populations et du pays tout entier».
Le président de la République a également abordé les entraves à la mise en œuvre de la politique du logement social au Gabon. Le gouvernement arrivera-t-il à résoudre ce problème qui constitue une véritable préoccupation des gabonais ?
«Ce que le président de la République dit, vaut instructions à tous ses collaborateurs afin que les choses se fassent avec le plus grand sérieux et la plus grande célérité. Je peux vous assurer que notre collègue en charge de ce pan de l’action gouvernementale, est déterminé et engagé pour que les choses aillent dans le sens souhaité par le président de la République et l’ensemble de nos compatriotes. Le président a toujours rappelé dans ses précédentes interventions qu’il y a des choses qui n’ont pas forcément été faites comme il le fallait notamment dans le secteur du logement. Pour lui, il est temps aujourd’hui de redémarrer les choses, les redresser et les mettre sur des bons rails. Je pense que c’est ce à quoi tout le monde s’attèle que ce soit au niveau de l’assainissement de la politique foncière ou encore sur les projets de logements sociaux. C’est dans ce sens que les choses doivent aller».
Autre sujet évoqué par le Chef de l’Etat a été l’obtention de la bourse d’étude. Celle-ci sera conditionnée dorénavant par le critère social et le mérite. Quel commentaire faites-vous ?
«Je ne pense pas que nous ne pouvons pas faire autrement que cela. Cette façon de faire est de mise dans tous les pays du monde. On essaie de donner de la chance à des jeunes qui sont défavorisés, mais qui ont un réel potentiel pouvant leur permettre d’aller plus loin dans leurs études. C’est cela la base. Maintenant, il faut que tout ce mécanisme se mette en place et soit appliqué avec méthode, célérité, sans qu’il y ait des passe-droits. En somme, avec le souci d’égalité de chances».
Qu’avez-vous à dire par rapport à la situation de l’insécurité et ses causes relevées par le président de la République ?
«Il faut d’abord souligner nos Forces de Défense et de Sécurité qui font un travail qui n’est pas toujours facile et simple pour assurer la sécurité des citoyens. Il faut le reconnaître et les en féliciter. Toutefois, la question de la sécurité comme partout dans le monde est une priorité pour tous les Etats et tous les gouvernements. Ce n’est pas différent pour notre pays. Il y a toujours des efforts à faire pour assurer la sécurité des populations. Je pense là encore que le Chef de l’Etat a relevé un certain nombre d’aspects qui valent instruction pour ses collaborateurs que nous sommes. Nous devons travailler sur tous ces axes pour renforcer la sécurité de nos concitoyens et faire en sorte que le Gabon, qui est un pays où l’insécurité, comparativement à d’autres pays, n’a pas atteint des niveaux que l’on retrouve ailleurs. Nous ne devons donc pas nous arrêter là. Nous devons continuer à travailler davantage en faisant en sorte que les dispositifs soient renforcés de manière légale, tout en respectant l’Etat de droit. Pour cela, des comportements qui sont répréhensibles au niveau des agents, doivent être sanctionnés. Je pense que le ministre en charge de la Sécurité y veille. Car beaucoup sont sanctionnés même si cela ne fait pas la une des journaux. Nos collègues en charge de la Défense et de la Sécurité s’attèlent chaque fois à rechercher des moyens d’actions, de déploiement sur le terrain, de travail de proximité. C’est une préoccupation de tous les instants de ces dirigeants. La lutte contre l’insécurité nécessite que les agents qui ont la charge de cette action puissent se déployer et être présents partout et pas seulement dans les grandes agglomérations, mais dans l’arrière pays sur tous les axes routiers, communal et départemental. Nous qui pratiquons ces tronçons, nous constatons leur présence. Tout cela est fait pour réduire l’insécurité sur les populations».
Le sujet relatif aux quotas des 30% des femmes et des jeunes n’a pas été en reste au cours de cette émission. Quel est votre avis par rapport à la détermination affichée par le président de la République sur son application ?
«Ce type de mesures se met en place progressivement dans le temps. Mais les efforts sont considérables. Je ne voudrais pas seulement parler de mon cas où je suis investi pour être candidat aux législatives dans le deuxième siège du département de la Mvoung, dans province de l’Ogooué Ivindo. Mon suppléant est jeune. Et nous avons la responsabilité de pratiquer cette volonté du Chef de l’Etat en assurant une participation des jeunes et des femmes. Je pense que cela se poursuit et de se faire au niveau de chaque responsable».
Votre mot de fin ?
«Le président de la République, Chef de l’Etat à travers cet échange, a voulu d’abord être à l’écoute des préoccupations des gabonais. En même temps, il a voulu donner les éléments sur sa vision, sur les priorités qu’il s’est fixé pour l’action gouvernementale. Mais cela interpelle à la fois les responsables que nous sommes, l’ensemble de la population, parce que notre pays a besoin que tout le monde se mette au travail, que tout le monde soit rassemblé autour de la priorité qu’est le développement durable de notre pays».