Les Forces de police nationale ont interpellées près d’une quinzaine de fonctionnaires qui ont tenté, ce mardi matin, de faire la «marche noire», malgré le véto du ministère de l'Intérieur l'interdisant, pour protester contre l’application par le gouvernement, des mesures dites d’austérité, a constaté un reporter de l’AGP.
L’ambiance était électrique ce mardi matin au Rond-point de la Démocratie, à Libreville. Le site était au centre d’un jeu d’intérêts entre les syndicalistes de Dynamique unitaire (DU), qui souhaitaient en faire le point de départ de leur marche contre «les mesures d’austérité», et les policiers qui ont visiblement reçu la consigne d’interdire ladite marche.
Et à ce jeu, ce sont bien les flics qui en sont sortis gagnants. Ils ont étouffé dans l’œuf les velléités de manifestation des quelques dizaines de travailleurs présents sur le site. De par leur présence massive sur le site. Mais surtout, de par l’interpellation de toutes les personnes qui refusaient d’obéir à leur ordre de libérer les lieux.
Dans ce lot, quelques syndicalistes seront interpellés, puis conduits à l’ancien commissariat central de Libreville, tout comme des badauds, et même un journaliste qui était pourtant en plein exercice de sa profession. Il s’agit du confrère Morel Mondjot, de Gabon Média Time, et dont la libération est intervenue quelques deux heures plus tard.
Pour rappel, un communiqué daté du 27 août, et émanant du ministère de l’Intérieur, faisait état de la «non autorisation» de la marche de DU de ce mardi 28 août. C’est la deuxième marche annoncée de DU qui subit ce sort, après une première tentative, le 13 août dernier.
Toute chose qui n’a pas manqué de susciter l’indignation du leader de DU, Jean Rémy Yama, présent sur le site. Ce dernier estime que l’article 3 de la loi 1/2017, garantissant les réunions publiques en République Gabonaise est ainsi violée. Non sans regretter que même dans le cas où une marche devait être interdite par le gouvernement, parce que jugée à risque pour l’ordre public, «l’interdiction doit être formellement notifiée aux manifestants 48h heures avant la date». Ce qui n’a pas été leur cas.
«Je suis écœuré». La loi n’est pas respectée. (…). Et on nous informe que certains de nos membres du service d’ordre ont été arrêtés. C’est inadmissible. C’est la loi qui doit mettre tout le monde d’accord. Alors si même ceux qui sont chargés de respecter la loi, à un niveau de responsabilité aussi élevé, ignore cette loi, y a un problème (…) Vous comprenez que nous ne sommes pas dans un pays démocratique. Parce que la marche, c’est l’expression de la démocratie», a déclaré Jean Rémy Yama.
DU est un regroupement de syndicats issus de tous les secteurs publics ou presque. Ses adhérents souhaitent manifester pour dire non aux mesures dites «d’austérité» mises en place par le gouvernement en juin dernier. Lesquelles mesures vont du dégraissage des cabinets ministériels et institutionnels, à la suppression des concours professionnels, avancements et reclassements pour une période de trois ans, en passant par l’instauration d’une décote sur des salaires de plus de 650 mille F CFA. Le gouvernement estime quant à lui ces mesures vitales pour la relance de l’économie gabonaise.