Devant le silence radio de l’opposition, devant les objurgations d’Ali Bongo qui les qualifie de "minorité" contestataire, et la position de leurs camarades des autres organisations syndicales qui ont pris fait et cause pour le gouvernement, Dynamique unitaire et les syndicats affiliés tentent désormais de marquer le coup dans un combat qui semble leur échapper. Et la marche de protestation qu’ils prévoient d’organiser demain 28 août sur tout le territoire national devrait, une fois pour toutes, lever les équivoques quant à leur capacité à faire reculer le gouvernement sur ses restrictions budgétaires.
C’est un peu le combat d’un seul contre tous, disons, de David contre Goliath. Abandonnée presque par tous, Dynamique unitaire, la plus grande centrale syndicale des agents de l’Etat et quelques syndicats affiliés a décidé de braver le gouvernement sur son plan d’austérité, qui a pour entre autres effets, la réduction des salaires des fonctionnaires. Une bravade intervenant dans un contexte où toutes les forces de pression ou presque s’illustrent par leur silence approbateur, ouvrant ainsi un grand boulevard au gouvernement qui agit à sa guise. Car que ce soit l’opposition politique ou les associations, peu de voix se sont levées jusque-là pour fustiger la réduction des salaires des agents publics dans un pays classé comme l’un des plus chers du continent. Pire, le gouvernement, qui, comme à son habitude procède par l’achat des consciences, veille au grain en créant illico presto des syndicats dits ‘’fantoches’’, avec pour vocation de lui témoigner leur soutien, l’objectif étant de faire étalage d’une popularité des mesures qui, au contraire ne suscitent que grincement des dents dans les ménages.
Ali Bongo Ondimba lui-même en les qualifiant d’une "minorité" spécialiste de la contestation systématique, lors de son discours du 17 août dernier, a voulu les faire passer, aux yeux de la population comme des mauvais citoyens retardant le développement de leur pays, car accros de la contestation. Mais cette critique soit elle d’un président de la république, visiblement ne semble pas avoir entamé d’un iota la détermination de Dynamique unitaire, qui fait feu de tout bois pour contraindre le pouvoir à renoncer à sa démarche jugée illégale. Après la saisine de la Cour constitutionnelle dont le verdict se fait toujours attendre, et malgré l’interdiction par le ministre de l’Intérieur, Lambert Noël Matha, de leur marche début août, les syndicalistes sont prêts à marcher contre les mesures gouvernementales. Et ce, quel que soit la décision de Matha qu’ils accusent de fouler au pied le droit constitutionnel des manifestations pacifiques.
L’indifférence et les doutes
Mais si Dynamique unitaire est décidée à braver une éventuelle interdiction du patron de l’intérieur pour faire entendre son mécontentement en toute "légalité", les doutes ne manquent pas quant à sa capacité à mobiliser les fonctionnaires lors de cette marche. Et cela d’autant plus que les rassemblements de ces derniers temps à leur lieu habituel d’Awendje, même s’ils ont drainé du monde, restent quand même assez limités pour une centrale syndicale de cette envergure. Ajouté à cela, la peur d’être gazé par des forces de l’ordre dont le zèle et la brutalité ne sont plus à démontrer lorsque leur intervention est sollicitée. Surtout pour une marche qui n’a pas reçu l’autorisation de Matha.
Autant dire qu’en organisant cette marche, Dynamique unitaire et ses alliés jouent là leur carte décisive pour la suite des événements, du moins à l’échelle de la mobilisation. Vont-ils démontrer leur force de rassemblement au pouvoir et le pousser ainsi à les prendre au sérieux ? Ou bien seront-ils minoritaires comme le pense Ali Bongo et le conforter dans sa logique ? Réponse demain.