Rendue publique lundi dernier, la liste des 143 candidats du parti démocratique gabonais (PDG) aux législatives prochaines n’a pas fait que des heureux parmi les retenus. Certains candidats investis dans les sièges où ils ne sont ni originaires ni inscrits sur la liste électorale devront d’abord batailler dur pour s’y faire accepter. Toute chose contraire à la loi électorale, qui prévoit que le candidat investit doit être inscrit sur la liste électorale de la circonscription convoitée.
La stratégie est défendue par le dernier niveau décisionnel du Parti démocratique gabonais, PDG, apparaît comme une volonté de briser définitivement les équilibres sociologiques et géo-identitaires qui pourtant, ont toujours sous-tendu le fonctionnement des circonscriptions électorales jusque-là. Y compris même dans les vieilles démocraties occidentales. Seulement, la donne a complètement été renversée. Puisque la liste des 143 candidats dévoilée lundi dernier par la hiérarchie du parti démocratique gabonais (PDG), fait fi de cette tradition de la gouvernance électorale. On y retrouve, dans certaines circonscriptions, des candidats « imposés » aux populations. C’est-à-dire des candidats décidés par le directoire du PDG à des circonscriptions dans lesquelles, ils ne sont ni natifs ni inscrits sur la liste électorale.
Ce qui est d’ailleurs contraire à la loi électorale. Le pouvoir a-t-il décidé de marcher sur les lois établies par lui-même au nom d’une « stratégie » électorale dictatoriale ? C’est dire que si stratégie électorale il y a, elle est de mauvais goût pour ces populations qui non seulement non pas été consultées dans le choix des gens censés les représenter à l’Assemblée nationale, mais devront accepter le diktat d’un groupuscule gérant le partie telle une épicerie. Surtout que les candidats projetés à ces circonscriptions obligées n’ont pas été consultés eux-mêmes. Autant dire que le diktat est d’une fermeté voire d’une « absurdité » considérables.
Quid des candidats imposés ?
A Leconi, chef-lieu du département des Plateaux, contre toute attente, l’actuel ministre déléguée à la Communication, Thérèse Chantal Akouosso a été imposée au 1er siège qui comprend la commune de Leconi et le canton Djouya, alors qu’elle est originaire du 2e siège qui rassemble les cantons Louri et Douèlè Laboumi, et où elle vote régulièrement. Un 2e siège qui revient à son frère du village Odjouma, l’ancien préfet du département du Komo Mondah aujourd’hui à la retraite, Alphonse Debat Passanter. Il faut dire que l’imposition de Chantal Akouosso à ce 1er siège vient mettre fin à la clause non écrite, qui voudrait que le mandat soit alterné entre les ressortissants du canton Djouya et ceux de la commune de Leconi.
Désormais, ils ne comptent plus. Si le PDG ne revoit pas sa copie, et au regard de la bouderie des populations de ce sièges qui se sentent flouées, il court le risque de voir sa ministre perdre. Toujours dans le Haut-Ogooué, l’actuel ministre des Transports, Justin Ndoundangoye, originaire de Ngouoni dans le département de Lekabi-Lewolo, lui devra solliciter les suffrages du 2e arrondissement de la commune de Franceville. Comme à Leconi, les populations de cet arrondissement refusent déjà de voir débarquer chez eux, l’étranger venu tout droit d’une autre localité. Même scénario à Libreville où la communauté Omiènè du 2e siège du 1er arrondissement dit niet à Joseph Marie Boussegue, considéré comme un intrus. Les exemples sont légion. Mais ils illustrent combien le pouvoir est dans une bulle complètement déconnectée de la réalité du terrain électoral.