Il faut louer l’audace qui anime le président de la ligue de football de la Ngounié, Jean Paul Tchibinda, et ses collaborateurs, à organiser des rencontres dans le stade Mbombey de Mouila, totalement dégradé, où joueurs, encadreurs techniques et spectateurs se frottent à des risques, notamment de morsure de serpents et autres reptiles.
On se demande à qui incombe la gestion et surtout l’entretien des stades de l’intérieur du pays, dans un contexte où l’Etat a lancé la professionnalisation du football. Une question qui ne devrait pourtant pas se poser quand on sait que les pouvoirs publics, par le truchement de l’Agence nationale pour la gestion des infrastructures sportives et culturelles, ont en charge la gestion de certains stades, notamment celui de Nzeng-Ayong à Libreville, celui de l’Amitié à Angondjé ainsi que les stades d’Honneur de Libreville, de Bongoville et bien d’autres.
Ayant vu certains experts de cet organisme entretenir les stades de Franceville et de Bitam lors de la 8e édition de la coupe de la CEMAC, on est en droit de penser qu’un budget peut être décaissé pour réhabiliter un stade comme celui de Mouila qui croupit dans de hautes herbes. Une situation qui n’émeut personne.
Toute laisse à croire que le stade Mbombey n’est que très rarement l’objet d’une toilette. Ce qui sert de sièges est bourré de poussière au point que les spectateurs sont contraints d’apporter des petits bancs de leur maison pour s’installer dans les tribunes. La pelouse y est vraisemblablement coupée avec des machettes plutôt qu’avec une tondeuse comme le prévoit la réglementation sportive, l’aire de jeu est tracée, comme au bon vieux temps, avec des pinceaux alors qu’il existe des machines appropriées.
Les organisateurs sont contraints de fixer les horaires des rencontres à partir de 14h afin de terminer avant la nuit tombée, car ce stade manque cruellement d’éclairage. Les quatre lampadaires qu’on peut y voir semblent n’être là que pour le décor.
Les cabines de presse n’y existent pas, les vestiaires abandonnés du fait des actes de vandalisme, les bureaux qu’occupaient jadis le responsable du stade sont rattrapés par l’herbe et les arbustes. Inutile de souligner qu’il n’existe pas de véritables bancs de touche car les joueurs des équipes qui osent évoluer dans cet univers, se grillent sous un soleil de plomb ou sont parfois contraints d’aller s’abriter dans les tribunes avec les spectateurs en cas d’averse.
Les trois principales entrées des spectateurs sont aujourd’hui condamnées faute d’entretien. On n’est pas loin de penser que quelqu’un puisse facilement être victime d’une morsure de serpent au stade Mbombey qui, selon nos informations, relève de la direction provinciale des sports. Celle-ci se dit incapable de gérer, sans moyens adéquats, un plateau sportif qui ne demande qu’à être réhabilité comme ce fut le cas en 2003 lors des fêtes tournantes.
Les joueurs, eux, doivent absolument se munir d’un collant en dessous des shorts de peur de se blesser sur un gazon aux allures d’herbes tranchantes. Et on pourrait dorénavant conseiller le port des casques, vu que les filets des goals sont soutenus par quatre gros cailloux pour éviter que la balle ne sorte du champ.
Les organisateurs de la division intérieure semblent avoir oublié que ces pierres peuvent fracasser le crâne d’un footballeur qui aurait mal négocié sa chute. Un scandale est vite arrivée dont on ne parlera alors qu’en termes de regret. C’est dans ce contexte que la Ligue nationale de football (Linaf) fait jouer les matchs de la super D2 sans penser à apporter la petite cure de jouvence que la classe sportive locale peut attendre d’elle pour ce stade de chef-lieu.
Approché par la presse, face à ce constat amer, le nouveau maire de la ville de Mouila, M. Pierre Claver Manganga Moussavou, a lâché : « je vais plaider personnellement auprès du ministre des Sports afin que la gestion du stade Mbombey revienne à la municipalité qui entend apporter sa contribution dans la réhabilitation de certaines infrastructures sportives relevant de notre périmètre ».
Il faut en effet parer au plus pressé afin de redorer le blason d’un stade qui porte quand même le nom Mbombey, un personnage historique qui a marqué l’histoire de la province de la Ngounié, en tant que résistant à la pénétration coloniale.
Au moment où la Fifa s’engage, de plus en plus, à doter les fédérations sportives sérieuses de stades et autres programmes d’assistance, il est à souhaiter que le stade de Mbombey, facilement accessible par une voie bitumée, retrouve ses lettres de noblesse, surtout que pour aller passer un séjour dans son Tchibanga natal, Pierre Alain Mounguengui, le nouveau président de la Fegafoot, passe nécessairement par Mouila où se trouve ce stade presque abandonné. Un dossier qui pourrait donc également le préoccuper, si tant est qu’il veut apporter du renouveau dans le monde du football national.