Jusqu’ici épargnée par les grèves dans le secteur pétrolier, la filiale gabonaise du géant pétrolier français Total, suit la cadence des troubles sociaux et s’illustre depuis peu, par une paralysie de ses activités due à la grève de ses employés membres de l’Organisation nationale des employés du pétrole (Onep). Que cachent ces troubles ?
Ca y est ! Total Gabon, comme bon nombre d’entreprises de même calibre dans le secteur pétrolier, vient à son tour d’entamer un mouvement de grève dans une situation de crise pétrolière marquée par des tensions de trésoreries. Les employés membres de l’Onep réclament de meilleures conditions de travail et de traitement. Des réclamations peu différentes de celles souvent mises sur la table par les employés grévistes des sociétés concurrentes et qui traduisent une crise de confiance entre Total Gabon et ses employés mais qui, malheureusement, se généralise au secteur pétrolier. En effet « Total, c’est soixante ans d’histoire au Gabon… Mais les faibles cours du baril ces dernières années, ont affecté sa rentabilité. », souligne un responsable de la compagnie. A cela, s’ajoute les restructurations effectuées il y a quelques années notamment avec la cession des activités dans l’onshore au franco-britannique Perenco qui a impacté sur l’avenir des salariés.
Conflit d’intérêt
Ces tensions longtemps endormies ont explosé il y a seulement quelques jours. Depuis, elles montrent une distanciation de discours entre la hiérarchie gabonaise de Total et les employés grévistes réunis au sein de l’Onep soumis à un rapport de force verbale. Au sein de Total Gabon, la création d’un groupement d’intérêt économique destiné à mutualiser les fonctions supports et administratives fait débat. Pour adhérer à ce groupe, les employés demandent une prime d’incitation pour les employés favorables à la nouvelle structure et un plan de départ négocié pour ceux qui ne s’y résoudraient pas, tout comme d’ailleurs un certain nombre de points qui tendent à améliorer leur condition de salarié.
Au sein de la hiérarchie, on s’obstine malgré tout à ne pas entendre ces revendications. Le directeur général de la compagnie, Henry Max Ndong Nzue, à qui avait été confié la gestion de la filiale gabonaise dans une situation de tourmente sectorielle mondiale, est accusé non seulement de violer les droits de travailleurs mais également les libertés syndicales. Une guerre de position en instance et dans cette guerre, chaque partie cherche à protéger ses intérêts alors que le ministre du travail et de la justice sont appelés à la rescousse. Pourtant, ce malaise qui montre un visage méconnu de Total Gabon laisse transparaître des doutes sur l’avenir de la compagnie pétrolière au Gabon.
Spéculations sur l’avenir de Total au Gabon
La filiale gabonaise pèse peu dans le chiffre d’affaires du groupe français. En 2014, du fait de cette réalité, la compagnie a été restructurée et cela a conduit à des bouleversements. Pour l’avenir le groupe veut se concentrer sur l’exploitation en eaux profondes d’après ses dirigeants et le Gabon pourrait payer le prix fort de cette stratégie de développement même si pour l’heure la question n’est pas encore d’actualité car, la compagnie « reste pleinement engagée au Gabon et va pouvoir se concentrer sur la maximisation de la valeur de ses principaux actifs stratégiques ».
Malgré ces assurances, il y a des indicateurs qui ne trompent pas. Les restructurations effectuées par Total Gabon surgissent dans un contexte économique national marqué par des restrictions budgétaires publiques. Comme bon nombre de secteurs, le secteur pétrolier paie le prix fort de la crise et Total Gabon n’est pas la première compagnie à subir une crise dans ce secteur. Pour l’opinion, c’est la preuve de l’échec du Plan de relance économique (PRE) censé donner un nouveau souffle à l’économie et protéger les emplois. Coïncidence ou non, ces troubles au sein de Total soulèvent de nombreuses questions sur l’avenir du géant francais au Gabon.