A la faveur d’une sortie le 7 juillet à Libreville, l’Union Nationale (UN) a fortement critiqué la Loi de finances rectificative (LFR 2018) et les mesures d’austérités prises par le gouvernement. Pour le commissaire national en charge budget de l’UN, ces mesures sont «iniques, antiéconomiques, antisociales et sans lendemain».
Comme il fallait s’y attendre l’Union Nationale (UN) n’a pas manqué de reprendre le gouvernement sur les mesures d’austérité prises récemment. Elle s’est prononcée le 7 juillet sur la Loi de finances rectificative (LFR 2018) et ces mesures d’austérité. S’agissant de la LFR 2018, le commissaire national en charge budget de l’UN a soutenu que «la crise budgétaire actuelle, contrairement à ce que l’on tente de faire croire aux Gabonais, est une crise de la mobilisation des ressources budgétaires et non une crise liée à l’accroissement de la dépense publique. En 2009, les dépenses de personnel représentaient 14% des ressources propres du budget de l’Etat».
Selon Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, si en 2018 la mobilisation des ressources s’était maintenue au même niveau qu’en 2009, «les dépenses de personnel représenteraient 18% des ressources propres. Du fait de la faiblesse des ressources propres, elles en absorbent 36%». Pour lui, trois facteurs expliquent cette faible mobilisation des ressources propres : la crise dans les régies financières depuis 2014, «dont Ali Bongo porte directement l’entière responsabilité» ; les exonérations fiscales exorbitantes accordées aux entreprises «amies du pouvoir» ; et, la captation par la présidence de la République des revenus des ressources pétrolières du pays, «notamment à travers la Société nationale du pétrole (SNP), plus connue sous l’appellation GOC».
En ce qui concerne les mesures d’austérité, l’UN a qualifié celles-ci d’irréalistes. Elle réfute notamment l’argument du gouvernement selon lequel ces mesures, applicables sur les six derniers mois de l’année 2018, sous réserve de faisabilité, «permettront de réaliser une économie de 68,94 milliards de francs CFA, soit 137,88 milliards de francs CFA en année pleine». Par ailleurs, le parti de l’opposition a particulièrement condamné «la mise sous bon de caisse des agents publics dès la fin du mois de juillet, afin de s’assurer de la présence effective des agents et leur reconnaissance par leur responsable hiérarchique».
«De quels agents publics est-il question ici ? Le pouvoir voudrait-il faire croire que le 25 juillet, les 105.640 agents de l’Etat, ceux des forces de défense et de securité́ comme les civils, devront se présenter auprès de leurs services des ressources humaines puis devant les guichets du Trésor public pour percevoir leur Solde ? Comment comprendre que l’on puisse, dans la situation actuelle de crise économique, priver le système bancaire de plus de 50 milliards de trésorerie ? Qu’en sera-t-il des frais financiers qu’occasionnera cette mesure, sur le remboursement des crédits contractés par certains fonctionnaires auprès de leurs banques ? Est-ce sérieux d’oser envisager cela ?», a interrogé Jean Gaspard Ntoutoume Ayi.
Pour le responsable de l’UN «tout se passe comme si c’étaient les agents de l’Etat et leur rémunération qui étaient responsables de la situation de faillite dans laquelle notre pays a été plongé du fait d’une gestion aventureuse qui a vu se constituer des fortunes personnelles au détriment de l’intérêt général», sans que le gouvernement ne bronche. Cette injustice sociale va davantage s’aggraver avec la cure d’austérité envisagée par le gouvernement, a déploré Ntoutoume Ayi. Car, selon ce dernier, «ce sont les populations les plus vulnérables qui seront les principales victimes de ces ajustements budgétaires qui se limitent à la contraction de la dépense publique, sans jamais envisager un instant l’accroissement des ressources. Après les salaires des fonctionnaires, ce sont les dépenses de santé où d’éducation qui devront faire l’objet d’ajustements».
L’UN a promis travailler pour aller au-delà de ces «mesures cosmétiques, dangereuses et porteuses d’incertitudes». Par sa mobilisation, elle souhaite également inviter l’ensemble partenaires du Gabon à ne pas se tromper de diagnostic car, la crise actuelle n’est pas financière. «C’est une crise de gouvernance, une crise de régime», a affirmé Jean Gaspard Ntoutoume Ayi. Souhaitant redresser la barre du navire Gabon, l’UN a adressé un ultime message aux populations : «Le plan d’austérité consacre la faillite de notre pays. Votre destin et le destin du Gabon sont entre vos mains à travers votre bulletin de vote».