Le ministre des Mines, Christian Magnagna a indiqué vendredi à l’occasion de la célébration de la première édition de la journée nationale de l’or qu’environ 4 tonnes d’or sont frauduleusement exportées du Gabon.
« Quatre tonnes ce n’est pas forcément un chiffre effrayant. C’est ce qu’on nous dit. Est-ce que c’est vérifié ? Je n’en sais absolument rien », a contrasté le ministre qui veut plutôt se tourner vers l’avenir grâce à une réorganisation de la filière.
« Toute la production sur le territoire national mérite de se faire connaître. Nous avons une responsabilité de connaître cette production qui doit participer à l’économie nationale », a-t-il insisté en s’adressant aux opérateurs de la filière composée des milliers d’entrepreneurs et des milliers d’orpailleurs.
« L’objectif c’est la transparence d’une filière qui doit vivre des liens beaucoup plus serrés », a-t-il ajouté.
Christian Magnagna a espéré une montée en puissance de la production nationale de l’or devenu une « substance stratégique » depuis 2017 suite à une décision du chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba. Le ministre espère une production d’environ 2 tonnes en 2018 alors que la production a chuté à environ 500 kg en 2017 après avoir atteint 1 472 kg en 2015. La fermeture de la mine de Bakoudou en fin de potentiel justifierait cette chute. La société Managem qui a exploité Bakoudou serait sur le point de lancer l’exploitation industrielle de l’or à Etéké dans la Ngounié (sud).
Le Gabon a longtemps misé sur les revenus du pétrole qui supportaient jusqu’à 70% au budget de l’Etat. Le déclin de la production doublé d’une chute des cours du baril de pétrole sur le marché international a amené le Gabon à se tourner vers d’autres sources de revenus autrefois « négligées ». Cette option a été prise sous la houlette des institutions de Breton Woods (FMI et Banque mondiale) qui ont pressé le Gabon de diversifier son économie.
L’or est exploité au Gabon depuis le début du XXe siècle. Depuis 1937, il est estimé qu’au moins 40 tonnes d’or ont été extraites des divers sites d’orpaillage présents sur l’ensemble du territoire national. La grande partie de cette production provient du traitement de l’or alluvial.
Le Ministère des Mines, présent sur les zones d’orpaillage pour effectuer l’achat de l’or extrait, recensait en 1990 plus de 1 500 orpailleurs et l’existence d’un système de contrebande vers le nord. Suite à l’épidémie d’Ebola en 1994 et à des attaques contre ses agents, le Ministère des Mines a été contraint d’abandonner cette politique.