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Jean Gaspard Ntoutoume Ayi: «la loi de finances rectificative 2018 n’est ni sincère, ni crédible»
Publié le dimanche 8 juillet 2018  |  Gabon Media Time
Jean
© Autre presse par DR
Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, commissaire national en charge du Budget au sein de l’Union nationale (UN)
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L’Union nationale, principal parti politique de l’opposition a, dans une déclaration de presse lue ce samedi 7 juillet 2018, à son siège sis à l’Ancienne Sobraga, dénoncé le caractère «non sincère et non crédible» de la loi de finances rectificative 2018. Nous publions in-extenso, l’intégralité de la déclaration lue par Jean Gaspard Ntoutoume-Ayi.

Déclaration de l’Union Nationale sur La loi de finances rectificative (PLFR) 2018 et le plan d’austérité.

Le jeudi 21 juin 2018, le Conseil des Ministres a adopté un projet de loi de finances rectificative. Dans le même temps, il a annoncé des mesures d’ajustement budgétaire visant principalement la réduction de la masse salariale. Ce collectif budgétaire a été voté sans amendement par le Sénat sept (7) jours plus tard, le 28 juin 2018.

Le 24 juin 2018, soit trois (3) jours à peine après le Conseil des Ministres, le Porte-parole de la Présidence de la République est venu présenter à la presse des mesures supplémentaires qui viseraient à « assurer un retour à l’équilibre de nos finances publiques dans des délais rapides.«

Le 25 du même mois, la Mission du FMI séjournant au Gabon dans le cadre du programme d’ajustement structurel a publié un communiqué de presse dans lequel il indique clairement que : « La performance du programme a été faible avec des dérapages budgétaires substantiels et des progrès lents sur les réformes structurelles. Les autorités ont convenu de prendre des mesures correctives fortes.«

Le 29 juin 2018, le Conseil des Ministres, qui a “ instruit le Gouvernement d’appliquer intégralement ces mesures indispensables qui permettront non seulement l’équilibre et l’assainissement des finances publiques« , a adopté un ensemble de décrets visant à réduire l’encadrement supérieur de l’administration, notamment le nombre d’adjoints aux Secrétaires Généraux et Directeurs Généraux d’administration centrale.

Il y a deux jours, chacun a pu observer avec étonnement la pitoyable campagne de déni conduite par le Premier ministre et plusieurs membres de son Gouvernement, notamment le Ministre en charge du Budget et celui en charge de la Communication, pour convaincre l’opinion nationale et la communauté internationale de la crédibilité, de la pertinence et de la justesse du train de mesures annoncées. C’est le lieu d’indiquer à ces compatriotes que le mensonge et la dissimulation n’ont jamais aidé à la construction d’une Nation. La prise en otage des médias publics pour tenter d’installer l’opinion dans l’ignorance a montré ses limites. Plutôt que d’offrir ce spectacle accablant à la face du monde, nous les invitons à un débat public franc et contradictoire sur la situation économique, budgétaire et financière du pays.

D’ores et déjà, l’Union Nationale condamne avec fermeté le train de mesures iniques, antiéconomiques, antisociales et sans lendemain, annoncées par un pouvoir coupable du plus grand scandale financier de l’histoire de notre pays et dont l’amateurisme et la distraction des ressources publiques ne finissent pas de surprendre.

* *

Au moment de procéder à l’analyse de la loi de finances rectificative et des mesures d’austérité annoncées, c’est le lieu de dire, ici et maintenant, que nous l’avions dit. Dès 2010, et ce jusqu’à l’année dernière, l’Union Nationale n’a eu de cesse de prévenir, d’alerter et d’attirer l’attention des Gabonais et des partenaires du Gabon sur les graves risques que faisait courir au pays ce pouvoir frauduleusement établi depuis 2009.

Dès janvier 2010, à l’analyse de la première loi de finances présentée par ce pouvoir, nous prévenions les Gabonais de ce qui allait se produire. L’Union Nationale disait précisément deux choses :

Le budget 2010 n’est ni sincère dans sa présentation, ni réaliste dans ses prévisions, ni rationnel dans ses choix et encore moins juste dans son orientation sociale.
Le pouvoir trompe volontairement le peuple en masquant la vérité derrière des projets dont la réalisation est plus qu’hypothétique, et des mesures populistes prises à la va vite. En réalité, ils sont en train de se partager le gâteau et ils ne prennent pas de gants!
Cette situation s’est répétée les années suivantes, y compris après 2014, année du retournement de conjoncture. La dissimulation, l’insincérité et le détournement des deniers publics ont caractérisé comme jamais la gestion budgétaire et financière du Gabon tout au long des huit (8) dernières années.

De 2010 à 2014, le cours du baril de pétrole a été porté à un niveau jamais atteint jusque-là, avec une moyenne supérieure à 100 dollars de baril de Brent. Au niveau national, les ressources propres cumulées du budget de l’État s’élevaient à un total de plus de 11.900 milliards Fcfa au cours de ces 5 années. Quel usage le Pouvoir a-t-il fait de ces ressources ?

Face au désastre que représentait alors la gestion des ressources publiques du Gabon, le FMI et la Banque mondiale, dont nul n’ignore la modération du langage et la tempérance dans les jugements, ont du sortir de leur réserve.

* *

La loi de finances rectificative et les mesures d’austérité annoncées sonnent ainsi le glas !

Au sujet de la loi de finances rectificative 2018
Comme à son habitude, malgré l’extrême gravité de la situation que lui-même ne peut plus nier, le pouvoir établi s’autorise, une fois encore, à adopter un budget qui n’est ni sincère, ni crédible. Malgré cela, la Cour Constitutionnelle le validera sans hésitation aucune.

Mais bien plus que cela, c’est la dégradation de la situation budgétaire de l’État depuis 2009 qui est frappante.

De cette comparaison, on retiendra principalement les données suivantes :

En matière de recettes :

De 2009 à 2018, les ressources propres du budget de l’État ont chuté de 21%, passant de 2411 à 1909 milliards de Fcfa. Sur la même période, la richesse du Gabon, donc son PIB, a augmenté de 58%, passant de 5.485 milliards de Fcfa en 2009 à 8.665 milliards de Fcfa en 2018. Ainsi donc, alors qu’en 2009, les ressources propres du budget de l’État représentaient 44% de la richesse nationale, elles ne représentent plus que 22% en 2018.

Si les ressources propres du budget de l’État avaient suivi la même évolution que la croissance économique du pays, elles seraient de 3.809 milliards de Fcfa en 2018 et non 1909 milliards de Fcfa. La mobilisation des ressources propre est donc, en 2018, deux fois inférieure à ce qu’elle aurait dû être.

En 2009, les ressources d’emprunts, d’un montant total de 74,6 milliards de Fcfa ne représentaient que 3% du total des ressources du budget de l’État. En 2018, les emprunts représentent désormais 690 milliards de Fcfa, soit 27% du total des ressources du budget de l’État. Et ces emprunts, qui en 2009 ne finançaient exclusivement que les investissements publics, sont en 2018 nécessaires au financement du fonctionnement de l’État, y compris pour le paiement des salaires et le remboursement de la dette. En effet, en 2018, seuls 16% des emprunts, soit 108,57 milliards de Fcfa, sont consacrés au financement des investissements.

En matière de dépenses :

On constate ainsi que le service de la dette, c’est-à-dire le montant des paiements annuels de l’État au titre de la dette publique, est passé de 400,6 milliards de Fcfa, soit 16,1% du total des charges du budget de l’État en 2009, à 951,35 milliards de Fcfa représentant 37,2% des charges en 2018.

Pour les dépenses de personnel, qui se composent du paiement des salaires et des cotisations sociales de l’État employeur, elles représentent 695,26 milliards de Fcfa dans la Loi de finances rectificative et non 640,86 milliards de Fcfa.

Par ailleurs, ni le FMI, ni les Ministres du Budget et de l’Économie ne pourront nier que ces dépenses inscrites au budget de l’État sont loin de la réalité. Elles ne prennent pas en compte les condamnations de l’État pour non paiement des indemnités de services rendus aux fonctionnaires retraités qui représentent plus de 100 milliards de francs CFA et que l’Agent Judiciaire de l’État est mis en demeure de payer. Ils ne peuvent non plus ignorer la dette de plus de 200 milliards de Fcfa que constitue le blocage des avancements des fonctionnaires et le non paiement des nombreux enseignants en poste depuis plusieurs années et dont le processus d’intégration est lui aussi bloqué depuis de nombreuses années et qui ne perçoivent qu’une part de leur rémunération

Les ratios budgétaires se sont ainsi dégradés comme jamais :

Les dépenses de personnel sont passées de 336 milliards de Fcfa en 2009 à 695,26 milliards de Fcfa en 2018. Ainsi, non seulement la masse salariale de l’État a plus que doublé, mais elle représente désormais 61% des recettes fiscales, contre 28% des recettes fiscales en 2009. La norme CEMAC en la matière étant de 35%.

Le service de la dette, qui ne représentait que 16,62% des ressources propres du budget de l’État en 2009, absorbe cette année 49,82%, donc la moitié des ressources propres du budget de l’État.

Et, alors qu’en 2009, les ressources propres du budget de l’État permettaient de couvrir 97% des charges, en 2018, elles ne permettent de couvrir que 74,64% des charges. Pourtant le montant total des charges du budget de l’État a peu varié, passant de 2.485,51 à 2558,16 milliards de Fcfa.

* *

La crise budgétaire actuelle, contrairement à ce que l’on tente de faire croire aux Gabonais, est une crise de la mobilisation des ressources budgétaires et non une crise liée à l’accroissement de la dépense publique. En 2009, les dépenses de personnel représentaient 14% des ressources propres du budget de l’État. Si en 2018 la mobilisation des ressources s’était maintenue au même niveau qu’en 2009, les dépenses de personnel représenteraient 18% des ressources propres. Du fait de la faiblesse des ressources propres, elles en absorbent 36%.

Cette faible mobilisation des ressources propres a trois (3) causes principales :

1- La crise dans les régies financières depuis 2014, dont Ali Bongo porte directement l’entière responsabilité ;

2- Les exonérations fiscales exorbitantes accordées aux entreprises « amies du pouvoir » ;

3- La captation par la Présidence de la République des revenus des ressources pétrolières du pays, notamment à travers la Société Nationale du Pétrole (SNP), plus connue sous l’appellation GOC.

Au sujet des mesures d’austérité
C’est dans ce cadre que le Conseil des Ministres du 21 juin 2018 a annoncé un ensemble de mesures d’austérité présentées comme nécessaires au redressement des finances publiques. Ces mesures concernent principalement la réduction de la masse salariale dans laquelle la Loi de finances rectificative 2018 annonce une baisse de 68,94 milliards de Fcfa. Le Conseil des Ministres du 28 juin 2018 a poursuivi dans la même lancée.

Concernant les mesures de réduction de la masse salariale. Le Gouvernement laisse ainsi entendre que ces mesures, qui ne seront applicables que pour les six(6) derniers mois de l’année, sous réserve de faisabilité, permettront de réaliser une économie de 68,94 milliards de Fcfa, soit 137,88 milliards de Fcfa en année pleine. Cela est tout simplement irréaliste. Et les Ministres du Budget et de l’Économie ne peuvent l’ignorer.

Au nombre des mesures annoncées figure « La mise sous « bon de caisse » des agents publics dès la fin du mois de juillet, afin de s’assurer de la présence effective des agents et leur reconnaissance par leur responsable hiérarchique ».

Et si le FMI commençait par demander au pouvoir de présenter aux Gabonais le rapport de l’audit des fonctionnaires réalisé en 2010 à grand renfort de communication et qui a coûté plusieurs milliards de Fcfa au contribuable ? De quels agents publics est-il question ici ? Le pouvoir voudrait-il faire croire que le 25 juillet, les 105.640 agents de l’État, ceux des forces de défense et de sécurité comme les civils, devront se présenter auprès de leurs services des ressources humaines puis devant les guichets du Trésor public pour percevoir leur Solde ? Comment comprendre que l’on puisse, dans la situation actuelle de crise économique, priver le système bancaire de plus de 50 milliards de trésorerie ? Qu’en sera-t-il des frais financiers qu’occasionnera cette mesure, sur le remboursement des crédits contractés par certains fonctionnaires auprès de leurs banques ? Est-ce sérieux d’oser envisager cela !?

De même, il a été annoncé le gel pendant trois (3) ans, des concours professionnels, des reclassements, des avancements et recrutements, et la dénonciation des contrats liant l’état gabonais aux agents contractuels.

E Concernant les concours. Le gouvernement envisagerait-il dès l’année prochaine, la fermeture des écoles de formation et de perfectionnement des agents publics telles que de l’École Nationale d’Administration, l’École de Préparation aux Carrières Administratives, l’École Nationale des Instituteurs, l’École Normale Supérieure, l’Institut National de Formation d’Actions Sanitaires et Sociales, l’École Nationale des Eaux et Forêt, l’Institut de l’Économie et des Finances etc. ? Comment peut-on prôner l’excellence et la méritocratie, et en même temps freiner le perfectionnement des agents publics que l’on voudrait plus performants ?
Pour ce qui est des reclassements et avancements garantis par la loi portant statut général de la fonction publique. Cette mesure vient simplement officialiser le blocage officieux de ceux-ci depuis plusieurs années. Elle constitue tout simplement un endettement de l’État auprès des fonctionnaires. Agir ainsi, revient à reporter la charge financière y relative au moment de la régularisation des situations administratives des milliers de fonctionnaires victimes de cette injustice. Et pour certains, l’ouverture devant le Conseil d’État, d’un riche contentieux aux lourdes conséquences financières certaines.
Concernant le gel des recrutements et la dénonciation des contrats des contractuels de l’état et leur mise en retraite immédiate. Comment le gouvernement compte-t-il par une telle mesure, combler le déficit en personnels maint fois décrié dans les secteurs aussi importants que l’enseignement et la santé, lorsque les statistiques renseignent que le taux de croissance de la population scolaire est de l’ordre de 10 % par an dans tous les cycles ? L’on voudrait transformer les hôpitaux en véritables mouroirs, enterrer l’école déjà morte au Gabon et hypothéquer à jamais l’avenir de la jeunesse, qu’on ne s’y prendrait autrement. Tout se passe comme si l’objectif était de détruire le système éducatif et le système de santé du Gabon. En n’épargnant pas ces secteurs de ces mesures, le gouvernement se place en parfaite contradiction avec son discours populiste évoquant une prétendue volonté d’améliorer les conditions de vie des Gabonais.
Cette année, ce sont plus de 23.000 jeunes qui se présentent au Baccalauréat et plus de 15.000 sortiront des universités. Est-ce ainsi que l’on veut améliorer la formation de notre jeunesse et préparer leur insertion dans la vie active ? Ce gel des recrutements alors qu’on annonce des mises en retraite et la dénonciation systématique des contrats de certains agents, oblige l’Union Nationale à s’interroger sur le sort que le gouvernement entend réserver, trois ans durant, aux nombreux étudiants en fin de cycle dans les universités et grandes écoles au Gabon et à l’extérieur.
Pour tous ces jeunes qui sortiront des universités, c’est le chômage assuré dès lors que les entreprises, du fait d’une dette abyssale de l’État, ne peuvent plus embaucher ; qu’aucune vraie politique d’entreprenariat n’a pas été mise en place, et que les banques qui auraient pu accompagner cette politique sont frileuses à accorder des crédits sans garantie aux primo entrepreneurs.
Paradoxalement, le pouvoir ne se gêne pas dans le même temps, de conserver à la présidence de la république et à la primature, une pléthore de collaborateurs du chef de l’état et du premier ministre émargeant en solde fonctionnelle ; à savoir, 247 pour l’un et 117 pour l’autre, de même qu’un gouvernement d’une quarantaine de membres, tout en prétextant être engagé à réduire le train de vie de l’État.

Plus largement, tout se passe comme si c’étaient les agents de l’État et leur rémunération qui étaient responsables de la situation de faillite dans laquelle notre pays a été plongé du fait d’une gestion aventureuse qui a vu se constituer des fortunes personnelles au détriment de l’intérêt général.

Il n’en est rien, l’Union Nationale dénonce et condamne la légèreté et l’amateurisme qui, face à une situation aussi grave, caractérisent les réponses du Pouvoir établi assisté de la Mission du FMI. L’ajustement budgétaire par la seule réduction de la dépense, notamment la masse salariale ne peut constituer une réponse à la situation actuelle du Gabon. D’ailleurs, il n’y aucun exemple de réussite de cette politique ultralibérale en Afrique. Et les fonctionnaires ne sauraient être les boucs-émissaires de la gabegie de personnes qui se sont imposées au pouvoir de manière frauduleuse.

Fidèle à son engagement pour un Gabon pour Tous, l’Union Nationale se dressera contre ce plan de rigueur, qui menace de précariser et fragiliser l’ensemble des travailleurs gabonais, notamment les fonctionnaires. Aujourd’hui plus qu’hier, nous disons à l’Union Nationale que ces compatriotes, intéressés par tous moyens à constituer des fortunes personnelles, qui se sont convertis en dirigeants politiques ne sont pas qualifiés pour conduire les réformes annoncées. Nous disons qu’ils ne peuvent pas gérer un État ; que le Gabon est un pays à développer et non un butin à se partager.

Au sujet des mesures proposées par l’Union Nationale
En février 2015, constatant le retournement de la conjoncture consécutif à la chute des cours du baril de pétrole depuis juin 2014, l’Union Nationale, par la voix de son Vice-président Casimir Oyé Mba avait, avec gravité, attiré l’attention de la communauté nationale dans toutes ses composantes sur les conséquences de cette alarmante situation. Pour l’Union Nationale, des mesures d’urgence devaient être prises afin de limiter les effets immédiats de cette crise. Dans le même temps des réformes de structure s’avéraient nécessaires pour rétablir les grands équilibres macroéconomiques.

Au titre des mesures d’urgence, l’Union Nationale proposait :

ü La vente de tous les biens immobiliers acquis avec l’argent du contribuable à l’étranger depuis 2009, notamment en France, en Angleterre et aux États-Unis ;

ü La vente du Boeing 777 présidentiel, dont l’entretien grève lourdement les finances de l’État, ainsi que la limitation des voyages présidentiels aux obligations internationales du Gabon ;

ü La diminution drastique du train de vie de l’État, notamment à travers :

– La suppression des Agences créées depuis 2009 et qui grèvent lourdement le budget de l’État sans effet positif sur la mise en œuvre des politiques publiques ;

– La suppression du système parallèle de rémunération forfaitaire dont bénéficient les agents des cabinets ministériels et politiques ;

– La suppression de tous les contrats de contractuel hors statut et leur mutation, si besoin, en contrats statutaires ;

– La suppression des contrats de consultants nationaux ou internationaux identifiés sous la dénomination SPI ou SGP qui participent à servir des rémunérations extravagantes, lorsque ce ne sont des services spécieux très éloignés de l’intérêt public, à la Présidence de la République et à l’Agence Nationale des Infrastructures et des Fréquences (ANINF), pour un montant de plus de 9 milliards de Fcfa en 2014 ;

– La diminution des budgets des Institutions, particulièrement les budgets de la Présidence de la République, de la Cour Constitutionnelle, du Sénat, de l’Assemblée Nationale, du Conseil Économique et Social, du CNC, de la CENAP et de la Commission Nationale de Lutte contre l’enrichissement illicite ;

– La réduction des coûts de fonctionnement des Palais de Libreville et de l’intérieur du pays.

ü L’arrêt immédiat des travaux de la Marina du Port-môle ;

ü L’arrêt immédiat des travaux de construction du Golf, du Zoo et du Palais entrepris à la Cité de la démocratie ;

ü La mise à la disposition du Trésor public des ressources du Fond Souverain de la République Gabonaise qui était réputé avoir reçu 261,1 milliards de Fcfa en 2011 ; 14,3 milliards de Fcfa en 2012 ; 20 milliards de Fcfa en 2013 et 2014, soit au total 315,4 milliards de Fcfa.

ü La mise à la disposition du Trésor public des 450 milliards de Fcfa distraits de l’emprunt obligataire de 2013 ;

ü L’identification exhaustive des avoirs de l’État à la BEAC, dans les Banques commerciales nationales et dans les banques à l’extérieur du Gabon ;

ü Le retour à l’unicité de caisse de l’État et la fin de l’utilisation des procédures de paiement des créances de l’État par des tiers autres que la Banque Centrale ;

Au titre des réformes de structure, l’Union Nationale préconisait :

ü La réalisation de l’audit du financement des structures sanitaires publiques, afin de prendre en compte la contribution de l’assurance maladie dans le financement public de la santé ;

ü La sécurisation de l’entretien routier, afin de préserver l’entretien de notre patrimoine routier ;

ü L’audit des gestions 2010 à 2014 par la Cour des Comptes, afin d’instruire la communauté nationale sur l’utilisation des 11.908 milliards de Fcfa de ressources propres et les 2.218 milliards de Fcfa de ressources d’emprunts dont a disposé le pouvoir au cours de la période 2010 à 2014.

À cette démarche responsable de l’Union Nationale, le pouvoir établi opposa le déni et la fuite en avant.

Il y a un an, à la lecture du projet de loi de finances rectificative pour l’exercice 2017, l’Union Nationale était parvenue à la conclusion que le Gabon se trouvait désormais en situation de faillite. Chacun a encore en mémoire la réponse du pouvoir établi, la réplique de l’Union Nationale et le silence qui a suivi.

Ainsi donc, au cours des huit dernières années, l’Union Nationale n’a eu cesse d’alerter l’opinion et les partenaires du Gabon sur le drame qui se produisait au vu et au su du parlement et des institutions financières internationales.

* *

Une chose est certaine. Ce n’est pas un hasard si en 2009, comme en 2016, le peuple gabonais a refusé de confier son destin au PDG et au candidat qu’il présentait à l’élection présidentielle. Les faits lui donnent raison.

Ce pouvoir montre qu’il n’est pas au service du Gabon et des Gabonais et qu’il n’est pas capable de répondre aux attentes du pays.

Le dessein macabre de cette équipe qui s’est imposée au pouvoir, par la force des armes et au prix du sang des Gabonais, est maintenant clair. Par ces mesures, Monsieur Ali Bongo et ses amis ont décidé d’achever le travail de destruction du Gabon entamé en 2009. A la crise politique et institutionnelle, ils avaient déjà ajouté la crise économique et financière, ainsi que ses conséquences sociales. Aujourd’hui, pour achever leur œuvre, ils nous servent une cure d’austérité qu’ils se gardent bien de s’appliquer à eux-mêmes. L’amateurisme, qui est réel, ne saurait à lui seul expliquer cela.

À l’Union Nationale, nous nous interrogeons avec gravité. Nous nous demandons s’il ne s’agit pas d’une entreprise consciente qui vise à déstructurer totalement notre pays et à l’asservir car, ni la cupidité, ni l’incompétence ne peuvent seules expliquer l’état dans lequel ils ont mis notre pays. Seuls le manque de patriotisme et la haine du Gabon peuvent expliquer cela. Le Gabon, notre pays est aujourd’hui devenu une pauvre nation qui inspire à ses voisins soit railleries, soit pitié. Cela invite les derniers compatriotes collaborant à ce système au sursaut de patriotisme.

Pendant des années, notre parti a tiré la sonnette d’alarme. Pendant ce temps, on a joué et maintenant :

E C’est au petit fonctionnaire de payer pour que ces messieurs et dames continuent à mener grand train en Angleterre ;

E C’est à l’étudiant de payer pour qu’ils continuent à considérer Londres comme une banlieue de Libreville en entretenant, aux frais du contribuable jets privés, équipages et personnels domestiques ;

E C’est à la femme du marché de payer pour qu’ils puissent continuer à sabrer le champagne à travers le monde ;

E C’est au jeune diplômé de rester à la maison, ou de s’exiler loin de son pays, pendant qu’ils installent à la tête des services publics, sans pudeur aucune, leurs amis souvent sans références.

Soutenu à tort par le FMI, cet ajustement structurel n’est pas la réponse à la situation actuelle. En aucune manière, il ne permettra d’assainir les finances publiques. Bien au contraire, il achèvera de déconstruire l’administration centrale et plongera l’ensemble du tissu social dans une crise aux conséquences incalculables. Ce plan de rigueur, qui touche les uns et épargne les autres, est une source d’injustice sociale que l’Union nationale ne saurait tolérer.

Comme souvent, ce sont les populations les plus vulnérables qui seront les principales victimes de ces ajustements budgétaires qui se limitent à la contraction de la dépense publique, sans jamais envisager un instant l’accroissement des ressources. Après les salaires des fonctionnaires, ce sont les dépenses de santé où d’éducation qui devront faire l’objet d’ajustements.

Dès à présent l’Union Nationale s’engage aux cotés des Gabonaises et des Gabonais, et de l’ensemble des forces sociales. Aux côtés de tous, l’Union Nationale travaillera pour aller au-delà de ces mesures cosmétiques, dangereuses et porteuses d’incertitudes. Par sa mobilisation, l’Union Nationale veut inviter l’ensemble des partenaires du Gabon à ne pas se tromper de diagnostic car, la crise actuelle n’est pas financière. C’est une crise de gouvernance, une crise de régime. Oui, c’est ce régime et celui qui l’incarne qui confirment à la face du monde son incompétence et son amateurisme.

Comme par hasard, ces mesures insoutenables sont portées et soutenues par :

E le Gouvernement qui s’emploie à les présenter comme salutaires ;

E l’« Assemblée Sénatoriale » dont on comprend qu’elle a été dotée de la totalité du pouvoir législatif pour le confort du régime ;

E et la Cour Constitutionnelle, qui continue d’affirmer sa fonction de régente du pouvoir établi.

Les Gabonais peuvent désormais mieux comprendre ce que visait la décision de la Cour Constitutionnelle du 30 avril 2018. La dissolution de l’Assemblée Nationale et le transfert de la totalité du pouvoir législatif au Sénat, transformée pour la circonstance en « Assemblée Sénatoriale », ont consacré comme jamais le déni de démocratie dans notre pays.

* *

Dans cette situation dont l’extrême gravité n’échappe à personne, le Gabon ne peut faire l’économie d’une véritable Assemblée Nationale acquise au principe démocratique. Une Assemblée Nationale qui disposera de la légitimité, donc de l’autorité politique nécessaire, pour ouvrir le débat sur la situation de crise dans laquelle le pays est plongé et opérer, au nom du peuple souverain, les meilleurs choix.

Il y a urgence. L’« Assemblée Sénatoriale » vient de confirmer ses limites, le Gabon a besoin de son Assemblée Nationale pour ouvrir la prochaine session parlementaire. Le peuple gabonais et les amis du Gabon doivent tout mettre en œuvre pour cela. C’est à cette condition et à elle seule que nous retisserons les fils de la confiance pour permettre aux Gabonais d’entamer l’œuvre de reconstruction nationale. La protection des intérêts du peuple gabonais et la préservation du vivre ensemble passent par des élections législatives libres et transparentes et non par des mesures approximatives mises en œuvre par un pouvoir usurpateur et illégitime.

Le destin de notre pays doit être confié à des femmes et des hommes que les Gabonais choisiront dans le cadre d’élections libres, justes, crédibles et transparentes. Cette exigence démocratique est la seule issue pour notre pays.

Pour l’Union Nationale, toutes les forces patriotiques de notre pays doivent se mobiliser et tout mettre en œuvre pour offrir au Gabon l’alternance démocratique dont il a grand besoin. Le redressement du Gabon ne peut et ne pourra être que l’œuvre de dirigeants librement choisis par le peuple gabonais et ayant toute sa confiance.

Au peuple gabonais, l’Union Nationale adresse solennellement le message suivant :

Le plan d’austérité consacre la faillite de notre pays. Votre destin et le destin du Gabon sont entre vos mains à travers votre bulletin de vote.

Je vous remercie.

Par Jean Gaspard Ntoutoume Ayi – Commissaire National en charge du Budget
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