Le jeudi 28 juin dernier, au cours de leur Assemblée générale tenue à huis clos à la Maison des Avocats, ces hommes en robes noires ont à nouveau réitéré leur soutien au bâtonnier Lubin Ntoutoume, qui avec l’ensemble du conseil de l’ordre, se livre à une bataille pour un retour à l’ordre au sein du barreau du Gabon.
Lubin Ntoutoume et l’ensemble des membres du Conseil de l’ordre des avocats avaient été déchus par une décision du premier président du Conseil d’Etat, saisi par Maîtres Jean Pierre Akumbu M’Olouna et Gilbert Erangah. N’ayant pas été assigné et donc pas entendu, le nouveau bâtonnier et son bureau ont décidé de se livrer à une bataille judiciaire pour faire entendre leurs voix.
Me Lubin Ntoutoume qui a exercé son droit de recours contre l’ordonnance du premier président du Conseil d’Etat, aurait selon plusieurs avocats introduit devant la Cour constitutionnelle une exception d’inconstitutionnalité. «Nul ne pouvant être jugé sans avoir été entendu ni appelé, le Conseil d’Etat a ordonné un sursis à statuer jusqu’à droit connu de la saisine de la Cour constitutionnelle», précise un avocat qui a requis l’anonymat.
En outre, les avocats contestent également la désignation par le premier président du Conseil d’Etat, Martin Akendengué d’un bâtonnier intérimaire en la personne de Maître Norbert Issialh en violation de la Loi n°013/2014 du 07 janvier 2015 fixant le cadre d’exercice de la profession d’avocat en République Gabonaise. «Le Barreau est une association bien réglementée, le juge ne peut pas venir imposer sa loi. Ce n’est pas possible. La logique voudrait qu’une fois l’élection annulée, les avocats se réunissent à nouveau en Assemblée générale pour désigner un nouveau bâtonnier en interne», explique un avocat visiblement agacé par ce conflit interne qui secoue sa corporation.
En attendant que la justice se prononce, l’ordre des avocats du Gabon est désormais divisé en deux clans sous le regard de l’Association internationale du barreau entre les “Lubinistes” et les “Akumbouistes”. Un conflit qui n’honore pas cette noble profession dont la respectabilité est entachée depuis de nombreuses années par des crises internes sous fond de règlement de compte. Quand il ne s’agit pas de suspension ou de radiation abusives, ce sont des dizaines de “postulants” qui sont privés de prestation de serment sous des prétextes fallacieux et parfois ignominieux.
Il est peut-être temps, que l’autorité politique se penche sur la question pour libérer le barreau du joug de ceux qui le prennent pour acquis. Car le droit à un procès équitable passe nécessairement par la capacité des citoyens à être valablement représentés devant les cours et tribunaux par des avocats dont les connaissances et la probité ne souffrent d’aucune contestation.