Le préavis déposé par le syndicat du secteur pétrolier le 25 juin dernier arrive à expiration samedi 30 juin prochain.
La crise de confiance entre salariés et dirigeants de Total Gabon conduit inéluctablement vers l’arrêt de toute activité au sein de la société. Après les assemblées générales décisives des 23, 24 et 25 juin dernier appelant au dépôt d’un préavis de grève, suite à l’échec des négociations en interne, la direction de Total n’a en effet rien entrepris pour renouer le fil du dialogue. « Malgré la demande des travailleurs, nous avons attendu près d’un mois avant de déposer notre préavis. Le silence de la direction qui est fort assimilable à un mépris est un argument supplémentaire justifiant le préavis qui vient d’être déposé », explique le secrétaire général de l’Onep, Sylvain Mayabi Binet.
Le préavis, sur la table de la société depuis le 25 juin dernier, arrive à expiration le 30 juin prochain à 23h59. « A l’expiration dudit préavis, l’Onep se réserve le droit de lancer une grève de 15 jours dans toutes les installations où opère la société Total Gabon », écrit le syndicat dans le document transmis à l’opérateur pétrolier. Le cahier de charges transmis à la direction de Total et sur lequel devraient porter les discussions compte 16 points dont 12 préalables. Ces derniers constituent selon l’Onep des « points dont le principe est indiscutable pour les travailleurs ».
Il s’agit des revendications en rapport avec la restructuration de la société entamée après la vente d’actifs l’année dernière. Les salariés rejettent le nouveau système de rémunération qui les prive de nombreux avantages sociaux obtenus après de longues années de lutte. Un bonus d’incitation est exigé en guise de motivation pour rejoindre le Groupement d’intérêt économique (GIE), nouvelle entité juridique devant remplacer Total Gabon. Ils exigent par ailleurs un bonus au cas où la société viendrait à céder d’autres actifs, outre la mise en place d’un plan de départ volontaire permanent.
A ces préalables bien connus depuis plusieurs mois s’ajoutent d’autres liés à la situation socioprofessionnelle des travailleurs. Ils concernent le versement de primes et aussi du 13e mois « comme dans d’autres filiales du groupe et d’autres entreprises sur le territoire gabonais », précise l’Onep.
Les trois points de droit inscrits dans le préavis de grève constituent une véritable dénonciation de la violation de la loi du travail au Gabon par la filiale du groupe pétrolier français. La discrimination dans le traitement, l’emploi abusif de la main d’œuvre étrangère en violation des quotas imposés par la loi, l’occupation de postes de responsabilité par des travailleurs des sociétés de mise à disposition en violation de la loi 20/2007 du 15 janvier 2008, autant de griefs qui sont faits à l’opérateur pétrolier par l’Onep. « Ce sont des points dont le principe est non négociable du fait de la loi », martèle-t-on du côté du bureau national du syndicat.
Une pierre adroitement jetée dans le jardin du ministre du Travail qui, il y a quelques jours, appelait les employeurs au respect de la loi du Travail en République Gabonaise. La balle est désormais dans le camp de la direction de Total Gabon mais aussi de l’administration du Travail, le syndicat déclarant être disposé à « un dialogue ouvert en vue de la satisfaction des attentes légitimes » des employés.