Pour une efficacité de l’audit de la masse salariale annoncée jeudi dernier dans le communiqué final du conseil des ministres, le gouvernement gabonais devrait sans complaisance, s’appuyer préalablement sur les précédents audits commandités en 1999, 2009 et 2017, dont les résultats restent inconnus à ce jour et, de rendre concret les décisions relatives à la réduction tant attendue du train de vie de l’Etat afin d’aboutir à une masse salariale conforme aux principes de Bonne gouvernance.
S’agissant des précédents audits commandités, faut-il rappeler, que l’ancien ministre des Finances sous Omar Bongo, Emile Doumba avait effectué un premier audit. Puis s’est en suivi, en 2009 et 2017 les deux autres, depuis l’arrivée de l’actuel président gabonais, Ali Bongo Ondimba à la tête du Gabon. Toutes ces opérations ont eu pour objectifs de connaître le nombre des effectifs à la Fonction publique et le montant réel de la masse salariale.
Au regard de cet état de faits, il serait donc judicieux dans la logique de la continuité de l’administration que l’actuel gouvernement gabonais, dirigé par Emmanuel Issoze Ngondet, se base sur les résultats de ces audits qui ont connu un engouement au niveau des agents publics, dans son ambition d’avoir une masse salariale juste. Lesquels résultats devraient en principe permettre de bien détecter si le problème de la masse salariale se situe soit au niveau des effectifs ou du montant de 720 milliards qui constitue l’actuelle masse salariale de la Fonction publique.
Pour ce qui est de la concrétisation des mesures relatives à la réduction du train de vie de l’Etat, plutôt que de rester dans les effets d’annonces qui n’ont jamais cessé de freiner la volonté politique de Bonne gouvernance initiée depuis 2009 par le président Ali Bongo, Ondimba, voire de ses prédécesseurs, Omar Bongo Ondimba, le gouvernement se devra de s’armer de courage et de détermination pour effectuer ces mesures, lesquelles vont certes lui valoir de l’impopularité. Ce d’autant plus que la réduction du train de vie de l’Etat, telle qu’annoncée par le conseil des ministres, ne trouve pas l’assentiment de ceux qui sont touchés.
Ainsi, le courage et la détermination de l’Etat doivent être de mise notamment dans la suppression d’achats de véhicules de fonction, la diminution des frais de mission et leur perception parfois de manière illégale par des agents de l’État, la suppression des primes de transport et de logements des directeurs généraux, des responsables et personnels qui sont détenteurs d’un véhicule de fonction et qui sont logés par l’État.
Le gouvernement devra, sans complaisance, s’attaquer à la question des rémunérations multiples, une situation où des agents publics en détachement percevaient, en violation de la loi, des primes en guise de salaire et supérieurs que la rémunération initiale de fonctionnaire. Cela est également le cas pour plusieurs personnalités politiques à l’exemple des parlementaires et des membres du gouvernement, qui continueraient à bénéficier des primes de leurs administrations d’origines en l’occurrence les régies financières (trésor, impôts, douanes, etc.).
Aussi, devra-t-il se montrer audacieux dans le gel les recrutements à la fonction publique pour, en vue exclusivement, de nettoyer le fichier des irrégularités qui ont conduit à la croissance exponentielle de la masse salariale. Y compris dans l’application d’autres mesures. Il s’agit notamment du départ de manière automatique des agents en ayant atteint l’âge de la retraite ainsi que les départs volontaires à la retraite, les diminutions de 15 % de traitement de l’ensemble des Institutionnels et autres autorités administratives , de 10 % sur les rémunérations des Cabinets , de 5 % sur les autres fonctions administratives, les réductions des effectifs des cabinets du Président de la République, du Premier ministre, des ministres et du Secrétaire général du gouvernement et, des effectifs des Cabinets des autres Institutions et des Autorités Administratives indépendantes, mise à la retraite immédiate des agents absents pour cause de maladie de longue durée , examen des situations des agents publics en service dans les établissements publics et percevant une double rémunération ; examen des situations administratives, avancement et reclassement après 2015, le gel des recrutements en qualité de contractuel hors statut des agents déjà à la retraite.