L’ancien ministre d’État se dit plus préoccupé par la précampagne qu’il mène actuellement dans les quartiers constituant son fief que par la présidence du Conseil d’administration de la Société nationale immobilière (SNI). Il faut dire que son inimitié avec Michel Menga a la peau dure. L’homme fait un pied de nez à la puissance publique.
Partis s’enquérir de la position de leur «doyen politique» la semaine dernière et un peu auparavant, un bon nombre de proches de Paul Biyoghé Mba en est revenu quelque peu déçu : en effet, alors qu’ils pensaient aller «investir» la SNI à la suite de la nomination de leur mentor dans cette entreprise publique, ils devront attendre autre chose ou se faire une raison. Même s’il n’a fait aucune déclaration officielle, Paul Biyoghé Mba n’accepte pas le poste auquel le Conseil des ministres l’a nommé le 17 mai dernier.
Cet ancien Premier ministre qui a si souvent estimé que «l’on doit toujours aller servir là où l’Etat vous nomme» refuse donc le poste de président du Conseil d’administration de la Société nationale immobilière (SNI), mais ne le dit pas officiellement. Plus d’un mois après sa nomination, il n’a tenté de rencontrer ni le Premier ministre ni Michel Menga, son ministre de tutelle, pour donner sa position. Ce qui aurait été une preuve de courage et d’honnêteté. Mais il préfère se calfeutrer dans un silence, un mutisme, une absence de parole publique. Ce n’est qu’avec ses proches, ses visiteurs du soir, ses soutiens que Paul Biyoghé Mba se montre plus disert. «Le poste de PCA de la SNI ne m’intéresse pas, je suis en précampagne pour les prochaines élections législatives», a-t-il confié à l’un d’entre eux.
Des observateurs de la vie politique gabonaise lient ce refus aux rapports notoirement connus comme mauvais qu’il a avec Michel Menga, le nouveau ministre d’Etat chargé de l’Habitat, de l’Urbanisme et du Cadre de vie.
Un pied de nez à la puissance publique
À 65 ans, l’ancien député du canton Ikoy-Tsini a donc décidé de n’écouter que sa conscience et non l’appel du pays. Il fait ainsi un pied de nez à la puissance publique. «Un cas grave d’insubordination et d’indiscipline notoire», juge un haut fonctionnaire en poste au ministère de la Protection sociale et de la Solidarité nationale. «C’est de sa part une attitude indigne. À quoi cela sert-il de dire non à Ali Bongo pour un poste à la SNI, et solliciter son accord pour être investi comme candidat du PDG aux législatives ?», interroge l’un de ses anciens partisans dans la commune de Ntoum. Un autre, lui étant resté fidèle, affirme par contre «comprendre la position de Paul Biyoghé Mba, parce qu’un ancien Premier ministre doit toujours aller au combat politique et non dans des fonctions instables comme celle de PCA».
Il reste à savoir si, dans les rangs de la formation politique à laquelle il appartient, le Parti démocratique gabonais (PDG), il trouvera encore assez de soutiens pour son investiture comme candidat sur le 3e siège de la commune de Ntoum. Déjà, en décembre 2017, il n’avait pas eu beaucoup de défenseurs lors de son éviction du Comité permanent du Bureau politique du parti. Au contraire…