Combien gagnent en moyenne le Premier ministre et les membres du gouvernement, les présidents et les locataires des deux chambres du Parlement ? Une question à laquelle tente de répondre Mays Mouissi dans le deuxième volet de sa série d’analyses sur la masse salariale de l’administration publique.
Réputée pour la qualité et la pertinence de ses analyses sur divers pans de l’économie nationale, Mays Mouissi vient de jeter un nouveau pavé dans la marre. Le 8 juin dernier, l’analyste économique a publié le deuxième volet de sa série d’analyses sur la masse salariale de l’administration publique : «Gabon-Masse salariale de l’Etat : quels sont les salaires des députés, des sénateurs et des ministres ?».
«Cette nécessité de transparence sur la rémunération des élus nationaux et des membres du gouvernement est d’autant plus utile que les textes qui encadrent les rémunérations et avantages de ces responsables publics dans leur exhaustivité sont littéralement introuvables alors qu’un texte légal ou réglementaire a vocation à être connu de tous», a déclaré Mays Mouissi.
Il ressort de cette analyse que le traitement du Premier ministre n’est pas officiellement connu. Qu’à cela ne tienne, l’analyste économique s’est penché sur les budgets annuellement dédiés au cabinet du chef du gouvernement. Au cours de l’année 2012, prise en référence, le budget alloué au Premier ministre gabonais et à son cabinet était de 479 millions de francs CFA. «Cette enveloppe budgétaire comprend notamment 75 millions francs CFA pour le carburant des véhicules de fonction et 140 millions de frais de mission et de déplacement», a indiqué l’analyste économique.
Par ailleurs, «pour l’entretien et les réparations des véhicules du Premier ministre, le contribuable gabonais a payé 20 millions francs CFA en 2012. Tandis que pour couvrir des dépenses non identifiées regroupées sous la rubrique Autres, une enveloppe budgétaire de 20 millions francs CFA a été prévue», a noté Mays Mouissi.
En ce qui concerne les ministres d’Etat, leur traitement annuel s’élève à 78 millions de francs CFA chacun. Soit une indemnité nette mensuelle de 3,5 millions francs CFA (42 millions francs CFA à l’année). Et, une prime trimestrielle ou fonds politiques de 9 millions de francs CFA par trimestre (36 millions de francs CFA à l’année). En somme, un ministre d’Etat perçoit en moyenne 6,5 millions de francs CFA par mois. Une enveloppe à laquelle s’ajoutent des frais de mission, au Gabon et à l’étranger, dont les barèmes n’ont cependant pas été communiqués.
Les ministres, quant à eux, ont chacun un salaire annuel de 58 millions de francs CFA, hors frais de missions. Cette rémunération comprend deux éléments majeurs : un solde de base net mensuel de 2,9 millions francs CFA (34,8 millions francs CFA à l’année) ; une prime trimestrielle 6 millions francs CFA qui correspond à des fonds politiques payés en mars, juin, septembre et décembre (24 millions francs CFA à l’année).
A ces deux éléments s’ajoutent les frais de mission hors du Gabon, qui s’élèvent à 500 000 francs CFA par jour. Aucune information n’a cependant filtré sur le montant des frais de missions à l’intérieur du pays. Toutefois, Mays Mouissi fait ressortir des traitements nets mensuels de près de 5 millions chez certains ministres. «Trois anciens ministres gabonais interrogés dans le cadre de cette analyse expliquent que pour compléter leurs revenus, des ministres ont recours à certains subterfuges», a-t-il révélé. Les compléments de revenus qui en résultent peuvent faire grimper la rémunération mensuelle des ministres au-dessus de 10 millions francs CFA.
A l’instar du Premier ministre, le traitement salarial des présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat demeure un mystère. Toutefois, a souligné Mays Mouissi, «Le président de l’Assemblée nationale et son cabinet consomment environ 1,13 milliard francs CFA (par an, ndlr) directement tiré du budget de l’Etat». Comme le président de l’Assemblée nationale, le président du Sénat bénéficie d’un budget spécifique dédié. «Dans ce budget environ 76 millions francs CFA sont dédiés annuellement à aux salaires et aux per diem (6,3 millions francs CFA par mois). 159 millions FCFA ont été inscrits pour couvrir des dépenses non identifiées regroupées dans la rubrique Autres», a indiqué l’analyste économique.
Les députés et sénateurs perçoivent chacun, pour leur part, 51,48 millions de francs CFA, «hors frais de mission, mais frais de cabinet inclus». Soit 3,9 millions de francs CFA par an. Quid des anciens locataires de la vice-présidence de la République, de la Primature et des deux chambres du Parlement ? L’ancien vice-président de la République perçoit annuellement 89,5 millions francs CFA de budgets publics, dont 12 millions de francs CFA au titre de «Locations-résidences». «A ce jour, seul l’ancien vice-président Jean-Clément Didjob Divungui Di Dingue est concerné par cet avantage», a noté Mays Mouissi.
Les anciens Premiers ministres sont tout aussi bien lotis. Paulin Obame Nguema, Casimir Oye Mba, Jean-François Ntoutoume Emane et Jean-Eyéghé Ndong bénéficient ainsi d’une enveloppe budgétaire de 70 millions de francs CFA, dédiés à leur «entretien». Dans le même ordre, l’Etat dépense annuellement 55,3 millions par CFA pour chacun des deux anciens présidents du Sénat encore en vie : Eloi Rahandi Chambrier (président de 1993 à 1996) et Guy Nzouba Ndama (président de 1996 à 2016). Cette dotation comprend notamment 4,98 millions francs CFA de salaires, 12 millions de francs CFA pour la location de résidences. Et, «près de 15 millions francs CFA de produits alimentaires et 21 millions FCFA au titre de frais de mission et de déplacement», a conclu Mays Mouissi.