L’annulation de l’élection du bâtonnier décidée par le Conseil d’Etat suite à la requête des maîtres Jean Pierre Akumbu M’Oluna et Gilbert Eranga, laisse perplexes les avocats au barreau du Gabon. Ils soupçonnent l’un des requérants, l’ancien bâtonnier, de tenter de cacher des choses liées notamment à sa gestion des comptes financiers de l’institution.
La requête en annulation de l’élection du bâtonnier Me Lubin Ntoutoume aurait-elle été introduite pour cacher des choses et pour éviter un éventuel questionnement sur la gestion du bâtonnat ces dernières années ? Les avocats du Gabon n’ont pas caché leurs doutes, ce lundi 11 juin. L’initiative des maîtres Jean Pierre Akumbu M’Oluna et Gilbert Eranga, ont-ils estimé, est loin d’être anodine. Elle pourrait avoir un lien avec l’ambition de l’actuel Conseil de l’ordre (dont l’élection a également été annulée sans qu’il en soit notifié) d’auditer les comptes du barreau.
Lors de l’assemblée générale du 31 mars dernier, les avocats ayant décidé d’élire au bâtonnat Me Lubin Ntoutoume n’avaient pas été convaincus par la lecture de l’état financier faite par le bâtonnier sortant. Les «vérifications sommaires» effectuées depuis lors ne les ont pas davantage rassurés. Ils disent avoir «constaté des malversations troublantes».
Pour les avocats du Gabon, la requête des maîtres Jean Pierre Akumbu M’Oluna et Gilbert Eranga pourrait davantage viser à empêcher cet audit qu’autre chose. D’autant qu’ils jugent légère et fausse l’argument de la non-éligibilité de Me Ntoutoume, évoqué par les deux requérants, au prétexte qu’il n’était pas à jour de ses cotisation lors de l’élection. Or, les avocats se rappellent qu’«à la date du 31 mars 2018, c’est le même Me Akumbu M’Oluna qui a produit la liste électorale, donc des avocats à jour de leurs cotisations». A l’époque, soulignent les avocats, «aucune irrégularité ne se posait».
Réunis autour du doyen de l’ordre des avocats du Gabon, les avocats qui n’ont pas confirmé le dépôt d’un recours au Conseil d’Etat, ont toutefois promis que, face à la décision de l’annulation de l’élection du bâtonnier et celle des membres du Conseil de l’ordre, leur réaction «se posera en droit et fortement en droit». Leur objectif, ont-ils dit, est de préserver l’indépendance de l’avocat, particulièrement dans ses choix.