Pour n’avoir mis en place aucune politique visant à limiter la prolifération des malades mentaux sur les voies publiques à Libreville, la ministre d’Etat à la Santé a récemment été blâmée par le Général d’armée Grégoire Kouna, commandant en chef de la Garde républicaine (GR), qui l’a instruite de s’y atteler.
Après plusieurs années de dénie et d’inaction, le sujet de la prolifération des malades mentaux dans les rues de Libreville et d’autres localités du pays semble enfin intéresser les autorités. Le président de la République lui-même serait préoccupé par «ce phénomène récurent à caractère agressif pour certains et causant des dommages parfois irréparables». Il souhaiterait que des solutions soient trouvées. C’est en tout cas, ce qu’il ressort de la correspondance adressée, le 16 mai dernier, par le Général d’armée Grégoire Kouna à Denise Mekam’ne, la ministre d’Etat en charge de la Santé.
L’intérêt soudain du commandant en chef de la GR quant à la présence croissante des malades mentaux dans les rues de la capitale n’est pas anodin. En réalité, un événement l’y a forcé : le passage d’un malade mental devant le cortège d’Ali Bongo sur le boulevard du bord de mer, en mai dernier. Ayant enfin mesuré l’ampleur et la dangerosité du phénomène, le patron de la GR n’a pas manqué de se plaindre auprès de la ministre de la Santé de ce qu’«aucune stratégie d’encadrement n’est visible pour les paisibles citoyens dont la quiétude est souvent perturbée».
Comme galvanisé par son entretien avec le chef de l’Etat sur le sujet, dans sa correspondance, le Général Grégoire Kouna s’est laissé aller à donner des instructions à la ministre d’Etat. Il lui a rappelé son «devoir de tout mettre en œuvre pour pallier cette situation désobligeante», non sans espérer d’elle qu’elle s’implique «sans réserve» en vue de venir à bout du phénomène.
Si au ministère de la Santé l’intervention du cochef de la GR a été moyennement appréciée, il n’en demeure pas moins que ses «instructions» à la ministre ont permis de tirer une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Celle des populations n’ayant jamais été entendue. La correspondance du Général Kouna, selon des sources internes, a été portée à l’attention du directeur adjoint du Centre psychiatrique de Melen par le secrétaire général adjoint 1 du ministère de la Santé. Le gouvernement attend des réponses de la part des patrons de cette structure en proie à des difficultés logistiques depuis plusieurs années, au point qu’elle a dû fermer des mois durant, en raison des conditions de travail et d’accueil exécrables.