En réaction à la prise d’assaut de l’ambassade du Gabon en France par des partisans de Jean Ping, ceux d’Ali Bongo ont réagi en vandalisant, le 3 juin à Libreville, le QG de Jean Ping à Libreville, non sans promettre une expédition punitive sur le Parvis des droits de l’homme (place du Trocadéro) où campent chaque samedi les partisans de l’opposition. «Ce qui arrivera, arrivera», a-t-il été promis. L’escalade.
Dimanche 3 juin 2018 à Libreville. Il fait jour, une poignée de personnes se retrouve sur le toit du Quartier général (QG) de Jean Ping, aux Charbonnages à Libreville. Comme des amateurs de l’extrême faisant filmer leur exploit, l’acte est pris en vidéo depuis une voiture garée sur la Voie Express. La vidéo fera le tour des médias sociaux gabonais, dans la même journée. Elle relaie le démontage de l’affiche géante, estampillé «Jean Ping président», qui recouvrait jusqu’ici les deux derniers étages dudit QG depuis la dernière élection présidentielle.
«Retour à l’envoyeur».
Le panneau géant, marqué «Jean Ping président» et arborant le portait de celui-ci, n’est donc plus visible sur le QG de l’opposant. Intervenant, le 3 juin, deux jours après la prise d’assaut de l’ambassade gabonaise à Paris par des manifestants se réclamant de Jean Ping, l’opération résonne comme la réplique des partisans d’Ali Bongo dont la photo officielle a été foulée aux pieds à Paris. Une voix off sur la vidéo clame d’ailleurs sa satisfaction : «Voilà ! Au Gabon, il y a un seul président, c’est Ali Bongo Ondimba !». Sur Facebook notamment, d’autres partisans du pouvoir n’ont pas manqué de parler de «retour à l’envoyeur».
Interrogé sur cette intrusion dans l’enceinte privée abritant le QG du leader de la Coalition pour la nouvelle République (CNR), Benoît Mouity Nzamba a laissé entendre : «ce n’est pas une action anodine. Il faut la prendre comme une agression, elle-même suite d’autres agressions. La première ou principale ayant consisté à massacrer les gens en août 2016. C’est la suite logique de cela et le régime, comme vous le savez, est congénitalement violent.» Le président du Parti gabonais du progrès (PGP) s’étonne de ce que le périmètre bouclant le domicile de Jean Ping et son QG, est toujours truffé de gendarmes et policiers qui n’ont pas pu mettre la main sur ces «des voyous si bien fortunés».
Ranger Rover, Porsche et expédition à Paris
En effet, comme pour un repérage, les vandales étaient passés sur les lieux, le samedi 2 juin, à bord de trois véhicules de luxe selon les témoignages du gardien de l’immeuble : «2 Ranger Rover et 1 Porsche Cayenne blanc». Le lendemain, le portail fermé a été escaladé, les vitres du rez-de-chaussée brisées avant d’accéder au balcon du 5e étage pour décrocher le support du poster. Ce qui fera dire à Mouity Nzamba que «c’est une action de type militaire. Ce n’est pas vous et moi qui pouvons le faire, plutôt des gens organisés pour ce type d’action.»
Visiblement, l’escalade n’est pas terminée, les partisans de l’Émergence à la gabonaise promettent une descente à Paris à ce sujet. Se disant «en colère», Gaël Koumba Ayouné, connu comme «Le Général des Forces Armées du Mapane», a annoncé la couleur sur sa page Facebook : «Ambassade du Gabon en France : Ceci est un appel solennel à tous les soldats de son excellence Mr le Président de la République Gabonaise Ali Bongo Ondimba, un départ imminent pour la France. Nous serons le samedi 09 juin 2018 aux parvis des droits de l’homme. Ce qui arrivera, arrivera…». Qui donc va financer l’équipée punitive annoncée ? Quelles conséquences en perspective ? On croyait venu le temps de la responsabilité, l’heure de l’apaisement.