LIBREVILLE - L’immixtion dans l’Ambassade du Gabon en France par des Gabonais de la diaspora, agissant sous l’appellation des ‘’Résistants’’ n’a pas fini de susciter des réactions rappelant des souvenirs cristallisés par la présidentielle d’août 2016.
L’intrusion d’activistes au sein de l’Ambassade du Gabon en France continue, plusieurs jours après, d’alimenter les débats au sein de l’opinion. Si beaucoup estiment à peine croyable l’acte posé, notamment le décrochage du portrait officiel du président de la République, Ali Bongo Ondimba, et l’accrochage à la place de celle de Jean Ping, d’autres, en revanche, plus nuancés, la justifie. Une situation qui dure depuis bientôt deux ans, mais qui emmène à se demander ce qui se passe, tant les clivages entre les deux camps restent bien perceptibles.
Les camps politiques antagonistes ne font aucun mystère des tensions sous-jacentes qu’ils entretiennent. Aussitôt l’acte posé, le gouvernement a condamné l’immixtion des autoproclamés ‘’résistants’’ à travers le ministre d’État gabonais des Affaires étrangères. « Le gouvernement de la République gabonaise condamne avec la plus grande fermeté ces actes ignominieux et délictueux dont l’objectif est de produire des images destinées à être diffusées sur les réseaux sociaux », a écrit Régis Immongault.
Le patron de la coopération a annexé, à cette dénonciation, les intentions d’une suite judiciaire que le gouvernement entend donner. De même qu’il a aussitôt annoncé le renforcement de la sécurité au sein de l’Ambassade, gratinant au passage l’inertie de la justice française, car, relève-t-il, « les autorités gabonaises ont déposé plainte à de nombreuses reprises devant les tribunaux français sans qu’aucune suite n’ait été donnée à ce jour ».
Pas plus pour appeler au calme, le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) s’est insurgé contre cette vague « d’intrusions intempestives » au sein des locaux représentants la République gabonaise. Dans une riposte lue par Michel Philippe Nzé, secrétaire national chargé des arguments et de la riposte du PDG, sur les antennes de la télévision nationale, les arguments ont vite pris les airs d’une litanie d’invectives et d’injures à l’endroit de ces ‘’autoproclamés’’ résistants de la diaspora et de l’opposition gabonaise.
Face à ces actes qui n’anoblissent pas plus l’image du Gabon, suffisamment écornée avec la controverse de l’élection présidentielle de 2016, on se demande bien ce qu’auraient été les réactions du pouvoir si le Chef de l’Etat venait à être enfariné comme l’a été Nicolas Sarkozy par exemple. Ou encore, qu’aurait-on réservé comme sort à la diaspora gabonaise si elle avait agi comme la diaspora de la RDC qui avait agressé physiquement un ministre de la République en séjour en France ?
Pas étonnant que le QG de Jean Ping ait été à nouveau saccagé. Le ton belliqueux employé n’a pas invité au ressaisissement. Car la banderole de l’effigie de Jean Ping et quelques vitres de l’immeuble ont été endommagés, peut-on voir dans une vidéo postée dans les réseaux sociaux.
Dans le même temps, l’opposition range l’acte des ‘’résistants’’ dans la suite logique de l’issue tumultueux de la présidentielle d’août 2016. M. Jean Eyéghé Ndong, de la Coalition pour la nouvelle république (CNR), regroupement de partis politiques et d’acteurs politiques soutenant Jean Ping, a abondé dans le même sens.