Si les deux portent le titre de Ministre d’Etat et détiennent la même carte de militant du Parti démocratique gabonais (PDG) au pouvoir, leurs dogmes politiques les différencient. Le premier, Alain Claude Bilie-By-Nzé est l’un des tenants du Mouvement des amis de Bongo, le MOGABO qui s’illustre par son attitude va-t-en-guerre contre tous les opposants d’Ali Bongo Ondimba. Le second, Guy Bertrand Mapangou, chef de file d’un nouveau courant, Conscience et Actions pour le président de la République (APR), lui, insiste sur la nécessité de matérialiser les promesses du Chef de l’Etat plutôt que les discours laudatifs exagérés qui mettent à mal son image.
Si leur rivalité était jusque-là larvée, leur succession au désormais précieux ministère de la Communication semble l’avoir étalée au grand jour. Point d’orgue de la guerre froide, la Maison Georges RAWIRI qui abrite les services de l’audiovisuel public gabonais : Radio Gabon et Gabon 1ère. Arrivé à la tête de la Communication à la suite de la formation d’un nouveau gouvernement le 04 mai dernier, Guy Bertrand Mapangou qui a remplacé Alain Claude Bilie-By-Nzé, désormais en charge des Sports, de la Culture et du Tourisme, a annulé plusieurs mesures prises par son successeur.
La plus grande mesure de cette opération de déconstruction est sans conteste l’annulation de la sanction des 24 reporters de Gabon 1ère qui avaient refusé de passer un casting en décembre dernier. Ils avaient été mis, sans autre forme de procès, à la disposition du Secrétariat général du Ministère où ils se tournaient les pouces à ne rien faire à longueur de journée. Lors de sa prise de contact avec le syndicat des professionnels de la communication (SYPROCOM), Guy Bertrand Mapangou a estimé que cette mesure n’était pas conforme à la procédure normale. Pire, il a même jugé que cela entraînait des conflits inutiles.
La bombe de la Maison Georges RAWIRI
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est sans doute la visite effectuée le 23 mai dernier à Radio Gabon et Gabon 1ère par Guy-Bertrand Mapangou et sa collègue, Thérèse Chantal Akouosso. Visite à l’issue de laquelle, le nouveau patron de la Communication a déploré les « conditions monstrueuses » dans lesquelles travaillent les agents de ces établissements publics. Invité lundi dernier à la matinale de la radio périphérique, Urban FM, Bilie-By-Nzé, lui se dit « surpris par la violence du propos » de son collègue. Et cela d’autant plus qu’ils sont tous les deux membres d’un même gouvernement.
MOGABO vs APR
Au fond, cette confrontation à distance et au demeurant pacifique entre les deux hommes, trouve ses origines dans la vision politique dualiste qu’ils partagent au sein du PDG. Alain Claude Bilie-By-Nzé, avec toute sa compagnie sont du MOGABO. Leur philosophie, soutenir coûte-que-coûte le Chef de l’Etat et répondre vigoureusement aux opposants qui le dénigrent. Tout l’opposé de Guy-Bertrand Mapangou de l’APR avec ses amis qui prônent la concrétisation de l’action du Président de la République dans le quotidien des populations.
Pour ces derniers, seule la matérialisation du programme de développement d’Ali Bongo peut être porteuse d’espoirs auprès des citoyens, plutôt que les discours louangeurs et dithyrambiques qui lassent parfois les populations et finissent par ternir l’image du Chef de l’Etat. Bilie-By-Nzé vs Mapangou, au-delà d’un conflit de succession administrative, c’est avant tout une bataille de clans et de logiques politiques clairement affichée au sein du conglomérat qu’est le PDG.