LIBREVILLE – En guerre contre la dépravation des mœurs et l’insécurité qui prend des proportions inquiétantes en milieux jeunes au Gabon, les Forces de police nationale (FPN) procèdent à l’interpellation des mineurs et tenanciers de débits de boissons à Libreville, Owendo et Akanda, non sans relever certaines dérives policières.
Au lendemain de son accession à la magistrature suprême en 2009, le président de la République, Ali Bongo Ondimba, fustigeait la dépravation des mœurs et l’insécurité qui prenaient des proportions inquiétantes en milieux jeunes au Gabon. A cet effet certaines mesures avaient été prises, notamment la fermeture des débits de boissons dès 22 heures. L’interdiction d’accès aux mineurs (scolarisés ou non) dans lesdits établissements. La fermeture de ceux-ci à proximité des établissements scolaires.
Des instructions qui avaient été suivies aussitôt par les agents des forces de police nationale et de gendarmerie, notamment avec l’interpellation de plusieurs jeunes et tenanciers de bars considérés comme étant des récalcitrants. Et depuis le début du mois de Mai 2018, cette opération a repris de plus belle avec l’interpellation d’une centaine de jeunes et de tenanciers des bars dans les communes respectives citées.
Si cette opération de lutte contre la dépravation des mœurs et l’insécurité parmi les jeunes est à saluer, on déplore quelques dérives policières, qui pourraient entacher, aux yeux des défenseurs des droits de l’Homme, l’action initiée par les agents et partant les autorités gabonaises en vue d’apporter assistance à la jeunesse gabonaise, considérée comme l’avenir du Gabon.
D’après le Code de procédures pénales, il n’est pas permis à un agent des forces de l’ordre ou de sécurité de violenter un prévenu au cours de l’interpellation, ou encore pendant une garde à vue. Ce qui n’est pas le cas des agents commis à cette opération. Le dimanche 27 mai dernier, au journal télévisé de 20 heures, les populations ont été scandalisées en les voyant gifler et jeter à bord de leur véhicule des prévenus. Un comportement blâmable, qui devrait être proscrit en milieu policier.
En agissant de la sorte, les agents qui ont la mission de faire respecter la loi, s’exposent aux sanctions prévues par la loi à propos. D’ailleurs, on se souvient qu’il y a quelques années, l’ancien procureur de la République, Sidonie Flore Ouwé, multipliait des séminaires de formation à l’endroit des officiers de police judiciaire (OPJ), quant au respect des procédures pénales, notamment les enquêtes, l’interpellation et la garde à vue.
Ces séminaires de formation n’étaient rien d’autres que des rappels à l’ordre, quant aux enseignements que ces policiers et gendarmes avaient reçus durant leur formation d’officier de police judiciaire. A eux d’appliquer lesdits enseignements dans l’exercice de leurs missions au quotidien, au risque de se voir sanctionner par la loi, en cas de dérives constatées et de plaintes.
Il revient donc à la hiérarchie, dont la Préfecture de police, l’inspection générale de police ou de gendarmerie, de s’assurer de ce que les agents en service appliquent le Code de procédures pénales lors des interventions.