Presque tous les acteurs de l’opposition gabonaise, y compris l’inattendu Louis Gaston Mayila, étaient présents le 3 mai 2014 pour soutenir et accueillir dans leur camp politique qui se veut désormais radical, Pierre Amoughé Mba, ancien ministre de la Culture d’Omar Bongo et jusque-là hiérarque du Rassemblement pour le Gabon (RPG).
Eclipsé des feux de l’actualité il y a belle lurette, Pierre Amoughé Mba, l’ancien ministre de la Culture de l’ère Omar Bongo, a effectué un retour sur la place publique, le 3 mai 2014, pour annoncer, à l’instar de son ancien «compagnon de lutte», Christian Oddou Mba, ancien 2e maire adjoint de la mairie de Libreville, sa démission du Rassemblement pour le Gabon (RPG) du père Paul Mba Abessolo, parti politique membre de la majorité républicaine pour l’émergence fédérée autour du président Ali Bongo Ondimba. Sauf que Christian Oddou Mba avait, lui, rejoint le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir).
Passant de l’intention à l’acte, c’est sous un soleil ardant et au terme d’une minute de silence en mémoire d’un autre de ses anciens compagnons de lutte, Gregory Ngoua Mintsa, le Prix de l’intégrité Transparency International récemment décédé, que Pierre Amoughé Mba a mis fin à la longue rumeur concernant son nouveau positionnement politique. Il rejoint donc l’opposition qui ne lui est pas méconnue, pour avoir déjà milité, avec ses anciens camarades du Morena unioniste, du Rassemblement national Bûcheron (RNB) et du RPG, au sein de ce bord politique pour l’obtention de la démocratie et du multipartisme.
Déclarant son refus de prendre part au déclin du parti politique qu’il a servi avec bravoure et dévotion pendant sa longue carrière politique, au-delà des différentes mutations et scissions qu’a connu le RNB avant de devenir RPG, Pierre Amoughé Mba assure s’être senti obligé de tourner le dos au prêtre et homme politique, Paul Mba Abessolo et au Pacte pour la majorité républicaine pour l’émergence, qui selon lui, «ne répond pas et n’a jamais pu répondre aux aspirations des partis politiques qu’il fédère depuis cinq années : ceux du magistère d’Ali Bongo Ondimba».
«On ne peut réhabiliter notre image et redorer notre blason que par une rupture claire et sans équivoque avec le régime actuel. C’est le pas que je franchis aujourd’hui. Persuadé que tous les militants et dirigeants du RPG partagent sans exception notre analyse et sont, en harmonie de cœur et d’esprit, avec ce que je viens de dire. Je les invite à quitter, dès aujourd’hui même, la Majorité républicaine pour l’Emergence pour nous rejoindre dans l’opposition radicale».
En présence, entre autres, de Zacharie Myboto, Jean Eyéghé Ndong, Jean Ping, Jacques Adiahénot, Richard Moulomba Mombo, Louis Gaston Mayila, Benoît Mouity Nzamba, Henri Sene Ingueza, Bonaventure Nzighou Mafoumbi, Gérald Ella Nguéma, Albert Yangari, Alphonse Louma, Francis Aubame, Radegonde Djeno, Michel Ongoundou…, celui qui est souvent présenté comme le fin stratège et l’habile négociateur du RPG, a lancé : «aux Bûcherons, à mes chers Rassembleurs, je voudrais leur dire qu’au cours de ces dernières années beaucoup d’entre eux ont quitté le parti, d’autres le feront sans doute à la suite de cette déclaration. La raison, de mon point de vue, en est simple : lorsqu’on ne sait plus où l’on va on s’arrête et vous, vous êtes arrêtés». Pierre Amoughé Mba s’est ensuite adonné à un exercice de mémoire, contant un peu d’histoire des belles et vieilles gloires de la lutte pour l’instauration de la démocratie au Gabon. «Je voudrais vous rappeler que malgré les difficultés passagères, la désaffection du public, vous ne devez jamais oublier les heures chaudes de notre parti. Je voudrais vous rappeler que nous avons combattu le bon combat, nous devons rester fiers d’avoir combattu le seul combat qui vaille après la libération nationale de 1960. Ce combat c’est celui des Gabonais dans leur pays, celui de la souveraineté et du progrès économique et social», a-t-il indiqué.
«Nous ne devons pas oublier que ces victoires historiques n’ont pas été validées, non pas parce que nous ne nous sommes pas suffisamment battus, mais parce que nous nous sommes trouvé confrontés à des forces coalisées, revanchardes, dissimulées sous des masques divers du Parti unique et de la Francafrique qui, si nous ne nous prenons garde, risquent de nous être fatal en 2016», a-t-il averti en guise d’alerte ou de leçons tirées des machinations du système au pouvoir en période électorale, et de conclure que, «ce régime ayant été bâti dans une logique de monopole, il ne pourra pas tomber par de simples jeux électoraux réalisés sur la logique de la législation et des institutions actuelles. Seule l’unité et la détermination des forces de l’opposition pourront y mettre fin».