Jean Ping et Jacques Adiahenot, les nouveaux portes étendards de l’opposition gabonaise, entament dans quelques jours une tournée nationale pour aller expliquer aux gabonais de l’intérieur du pays les raisons de leur démission du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir depuis 46 ans) dans lequel ils ont passé l’essentielle de longue carrière politique.
« Nous commenceront finalement dans le Woleu Ntem », a déclaré mercredi Jean Ping, dans une conférence de presse à l’issue d’une séance de consultation au domicile de Luc Bengone Nsi, président d’une tendance du MORENA.
MM. Ping et Adiahénot auraient souhaité démarrer cette tournée par le Haut-Ogooué, la province dont Ali Bongo Ondimba est originaire « mais nous sommes au courant qu’il y a des menaces », a affirmé M. Ping qui a préféré surseoir cette étape et choisir le Woleu Ntem (nord du Gabon) pour commencer ce périple.
« Les menaces ne me font pas peur. Je suis le frère D’Agondjo et de Rendjambé (deux vaillants leaders de lors position dont le second a été retrouvé mort dans un hôtel, ndlr) qui sont morts. Si j’avais peur de mourir, je ne devais pas m’engager dans l’opposition », a dit à gorge déployé Ping répondant à une question d’un journaliste qui lui demandait s’il ne craignait pas pour sa vie.
Un militant du mouvement des Souverainistes (opposition), originaire du Haut-Ogooué, présent à la conférence de mercredi à Libreville, a vivement recommandé à M. Ping de ne pas renoncer à l’étape du Haut Ogooué où il serait très attendu par les populations.
« Le Haut Ogooué est désormais libéré de la peur », a clamé ce militant qui ne cachait pas son opposition au pouvoir d’Ali Bongo Ondimba.
« A Franceville nous sommes chez nous au Gabon », a martelé Jean Ping qui a conseillé de proscrire le débat d’appartenance exclusive d’une localité à un parti ou un leader politique.
Ping a affirmé avoir débattu avec les cadres de l’ex Union nationale (UN, opposition) de la question de ce voyage dans le Haut Ogooué. La première idée porte sur un voyage qui ne concernerait que Jean Ping et Jacques Adiahénot. La seconde hypothèse porte sur un déplacement collectif qui regrouperait les cadres de l’ex Union nationale et Jean Ping.
« Nous ne nous sommes pas encore accordés », a conclu Jean Ping.
Le Haut Ogooué situé au sud est du Gabon est le fief politique de feu Omar Bongo Ondimba et de son fils Ali Bongo Ondimba, actuel chef de l’Etat gabonais. Omar Bongo Ondimba y repose en paix. Plusieurs anciens barons du long règne d’Omar Bongo, mis à la touche par Ali Bongo sont soupçonnés à tord ou à raison de vouloir tourner le dos au pouvoir pour former un front commun contre le successeur d’Omar Bongo Ondimba lors de la présidentielle de 2016.