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Joël Mbiamany Tchoreret : «La SNLS livrera la totalité des logements d’ici la fin décembre 2018»
Publié le mercredi 2 mai 2018  |  Gabon Review
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© Autre presse par DR
Le directeur général de la Société nationale des logements sociaux, Joël Mbiamany Tchoreret
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Six mois après son arrivée à la Société nationale des logements sociaux (SNLS), Joël Mbiamany Tchoreret s’empresse de matérialiser la politique du président de la République en matière de logements sociaux. Après les échecs successifs de ses prédécesseurs, le directeur général de la SNLS est formel dans cette interview accordée à Gabonreview : «Le chef de l’Etat peut nous faire confiance dans la mesure où nous nous sommes engagés à livrer les logements aux principaux acquéreurs».

Gabonreview : Depuis trois ans, votre entreprise peine à livrer aux ayants droit des maisons qui ont pourtant été réservées et payées sur le site de Bikélé. Comment comptez-vous régler dans les délais raisonnables ce problème ?

Joël Mbiamany Tchoreret : Votre question laisse penser que la résolution du problème de livraison des maisons en construction à Bikélé dépend d’une solution qui consisterait à appuyer sur un bouton ou à signer un document pour que le défi soit relevé. Et c’est par ailleurs l’opinion partagée par une grande partie de l’opinion. Il n’en est rien. En réalité, la non-livraison des maisons est illustrative d’un problème complexe lié au fonctionnement de la SNLS et des relations d’affaires incestueuses entre la SNLS et ses partenaires.

En effet, en arrivant à la SNLS fin avril 2017, comme directeur adjoint intérimaire, j’ai trouvé une société en arrêt d’activités et dans une rupture de communication avec ses partenaires économiques. L’aspect le plus illustratif du dysfonctionnement de la SNLS a été de trouver le bâtiment du siège social dans le noir, la SEEG ayant interrompu la fourniture en électricité et en eau. De la même façon, le seul véhicule de la société disponible, outil de liaison, était immobilisé par manque de carburant et de révision technique. De surcroit, tous les comptes bancaires courants étaient débiteurs. La société était en situation de cessation de paiement. Pour que la SNLS reprenne ses activités, nous avons dû recourir à l’aide financière d’un privé.

Dans un tel contexte, avant même d’envisager la livraison des maisons et des terrains viabilisés, il fallait préalablement examiner la situation de la société dans son ensemble et notamment nous imprégner des raisons de son dysfonctionnement et connaitre les causes de l’arrêt de ses chantiers de construction. Cette démanche a rencontré de nombreuses embuches. Les notaires, les banques et la direction générale du budget ont refusé de nous accompagner parce que nous n’étions que des intérimaires et que nous ne disposions pas de délégation des pouvoirs pour commander, et instruire certains actes ou pour avoir accès aux informations privilégiées de la société. C’est seulement après ma nomination au Conseil des ministres comme directeur général et ma cooptation en novembre 2017 par le conseil d’administration que les banques et les notaires ont accepté, non sans une certaine réserve, de me fournir toutes les informations pour élaborer un état de lieu du fonctionnement de la SNLS et de ses relations avec ses partenaires.

Il est à noter que jusqu’à ce jour, la Direction générale du budget et l’Agence nationale de l’urbanisme, des travaux topographiques et du cadastre n’ont jamais donné suite à nos demandes d’informations et de collaboration administrative. De la même façon, les cabinets en charge de la comptabilité et des questions juridiques de la SNLS n’ont fourni aucun effort pour nous accompagner dans le redressement de la société. Indubitablement, il nous a fallu user de stratégies variées pour obtenir, en fin décembre 2017, les informations partielles sur l’état de la situation de la SNLS. Ces informations montrent que la SNLS avait reçu des subventions de l’Etat et que par ailleurs la société avait vendu plusieurs terrains qui lui avaient rapporté près de neuf milliards de francs CFA, que la SNLS avait autant contracté des emprunts auprès d’institutions financières de la place. Et qu’au total, de 2013 à mars 2016, la société a disposé d’environ 45 milliards de francs CFA.

Par ailleurs, on découvre également que la SNLS avait effectué des décaissements d’environ 30 milliards de franc CFA au bénéfice des entreprises adjudicataires des marchés de construction des logements à Bikélé. Pourtant, les travaux réalisés par chacune de ces sociétés ne correspondent pas aux décaissements financiers effectués. Toutes ces sociétés jurent que les sommes d’argent reçues de la SNLS étaient inférieures aux coûts de constructions réalisées et qu’elles ont même dû puiser sur des fonds propres pour en arriver au niveau de constructions réalisées et qu’elles sont dans l’incapacité de consentir un effort financier supplémentaire. Au regard des affirmations faites par ces sociétés, nous avons commis des experts indépendants pour évaluer les niveaux de constructions de logements et leurs coûts financiers. Les rapports des experts ont révélé de façon convergente des surcoûts, une mauvaise qualité d’exécution des travaux et des choix de matériaux inappropriés dans la quasi-totalité des constructions réalisées. Nous avons opposé les conclusions de ces experts aux constructeurs pour infléchir leur position et les inciter à reprendre les travaux. Les discussions avec preuve à l’appui n’ont pas favorisé le changement de la donne. Les chantiers ont continué à être en arrêt et à subir les pillages alourdissant les coûts d’achèvement des constructions entamées.

Pour sortir de l’impasse, nous n’avons pas d’autres choix que de rechercher des repreneurs qui peuvent, sur fonds propres, financer l’achèvement des chantiers. Au niveau local, nous avons dans un premier temps contacté l’Union gabonaise de banque qui a déjà un accord de financement des constructions des logements avec la SNLS. Cette banque a décliné nos demandes en nous suggérant de mettre fin à la poursuite du programme des constructions et de vendre les maisons en l’état. Il s’agit pour cette banque de récupérer les sommes d’argent versées sous la gestion de mon prédécesseur étant donné qu’UGB détient une hypothèque sur 341 logements en location-vente et des terrains de ces logements pour une valeur d’environ 20 milliards de francs CFA, alors qu’elle n’a décaissé que 2,5 milliards. Nous avons décliné cette offre parce qu’elle est inique, au regard des drames vécus par les réservataires et les acquéreurs de ces logements et notamment des ambitions du chef de l’Etat pour ses concitoyens économiquement faibles.

Notre quête de partenaires pour achever les travaux de construction des logements nous a conduits à entrer en communication avec HAM, avec qui nous avons conclu un partenariat pour achever la construction des logements sur fonds propres. Cette société a réclamé en contrepartie de son financement que nous lui fournissions une lettre de garantie bancaire d’une institution financière de la place pour couvrir le risque de commercialisation des logements une fois les constructions achevées. Nous avons sollicité et obtenu l’accompagnement financier d’Orabank. Cette institution financière nous a fait parvenir une notification pour un encours bancaire de 6 milliards de francs CFA représentant un tiers du coût total d’achèvement des constructions des maisons et des VRD, et de 500 millions pour assurer les charges du fonctionnement de la société en attendant que nous parvenions à une autonomie financière. Grâce au concours financiers d’Orabank, nous pouvons fièrement annoncer que la SNLS livrera la totalité des logements d’ici la fin décembre 2018.

Pour relancer certains travaux de la SNLS, vous aviez fait passer les entreprises adjudicataires sous le statut de sous-traitance. Cette stratégie est-elle gagnante ? Si oui, deux mois après, où en êtes-vous ?

Pour réaliser les projets de construction des logements à Bikélé, mon prédécesseur avait signé des contrats par lesquels il a confié en exclusivité les marchés de constructions à six entreprises. Vu l’incapacité de ces dernières à achever les constructions des logements à partir des fonds perçus et au regard de nos limites à continuer à financer les travaux déjà payés, nous avons dû rechercher des partenaires susceptibles d’achever sur fonds propres ces constructions. Le partenaire que nous avons retenu ne peut intervenir dans l’exécution de l’achèvement des constructions des maisons tant que les marchés de ces constructions sont détenus par d’autres sociétés. Nous avons donc demandé aux entreprises adjudicataires de renoncer aux marchés et d’accepter de continuer les constructions en sous-traitant, selon des nouvelles normes de contrôle et d’exécution des constructions.

Qu’elle est la surface financière du nouveau partenaire extérieur de la SNLS qui va récupérer les marchés des anciens adjudicataires ?

Il s’agit du Groupe HAM, groupe de droit gabonais. Le choix de ce partenaire résulte du fait qu’il s’est porté garant de préfinancer l’achèvement de 923 logements et la densification du reste du programme, soit 1026 logements pas encore sortis de terre. Il prendra par la même occasion en charge la réalisation des VRD et la construction d’équipements collectifs. HAM s’est également engagé à assurer le SAV en mettant en place un système de gestion et d’accompagnement des acquéreurs dans le vivre ensemble.
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